LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Faure au Burkina : “Blaise, que faire de l’affaire Kpatcha ?”

Publié le mercredi 27 mai 2009 à 03h42min

PARTAGER :                          

« Kpatcha, il faut sortir, sinon c’est la mort ! » Ce sont les menaces proférées le 12 avril 2009 à l’encontre du demi-frère du chef de l’Etat (barricadé ce jour-là dans sa maison blindée au quartier Kégué), par le colonel Félix Kadhanga des Forces d’intervention rapides(FIR), parties le cueillir. Trois jours après, le « putschiste de Pâques » sera arrêté à l’ambassade des USA. Dossier Kpatcha, présidentielle de 2010, réformes politiques et institutionnelles, de tout cela il a été sans doute question lors de ce bref séjour (hier 26 mai 2009) de Faure Gnassingbé au Burkina. Même si ce dernier a snobé par 2 fois la presse.

Pas besoin d’arpenter les couloirs du palais de Kosyam ou la présidence de Lomé pour être tuyauté sur l’objet de cette énième visite du président togolais dans la capitale burkinabè. Les sujets nécessitant l’avis du facilitateur burkinabè, Blaise Compaoré, ne manquent pas en ces temps-ci :
- conjoncture nationale togolaise oblige, il y a d’abord l’affaire Kpatcha, qui aura été au centre du tête -à -tête Blaise/Faure. Que l’actuel maître du Togo le veuille ou non, cette histoire de coup d’Etat étouffé dans l’œuf empoisonne la vie politique togolaise d’autant qu’elle émane de la fratrie.

En attendant que la justice togolaise tranche, notamment que le procureur Bakai fasse poursuivre la procédure judiciaire, l’enquête de la gendarmerie implique le cerveau Kpatcha et une trentaine de complices dont une dizaine de militaires. Gardé dans une villa même si l’on fait croire, officiellement, qu’il est à la prison civile de Lomé, l’ex-ministre de la Défense assume mais avoue qu’il s’agissait “d’éviter au Togo une présidentielle grosse de tous les dangers”.

Lesquels ? Il ne le dit pas encore. Il confesse aussi que l’un des mobiles de son acte est qu’il digère mal d’avoir été écarté des affaires alors qu’il a été un grand artisan de l’accession de Faure au pouvoir. Faut-il juger l’ancien patron de la SAZOF avant la présidentielle ou après ? “Que faire de l’affaire Kpatcha ?”. Voilà une question qu’on peut mettre dans la bouche de Faure et qui le turlupine sans doute.

Car on sait aussi que Kpatcha a eu la vie sauve grâce à l’intervention d’un autre frère, Roch Gnassingbé, commandant du Régiment blindé de reconnaissance (RBR), mais surtout, après son appréhension, grâce à Blaise et à Bongo.
- Le découpage électoral, les réformes politiques et institutionnelles, notamment celles relatives à la Constitution du 14 octobre 1992 et la révision du code électoral sont autant de sujets qui préoccupent la classe politique togolaise, Faure au premier chef.

Sur ces réformes d’ailleurs, Gilchrist Olympio a l’impression que, depuis l’accord politique du 20 août 2006, le RPT se presse lentement pour en appliquer certaines clauses qui doivent « être effectives avant la présidentielle ». Alors que, pour Faure, « si les gens font des blocages, il faut bien avancer », nous confiait-il lors d’un de ses précédents séjours ouagalais.
- Enfin cette visite chez le métronome de l’accord politique a trait aussi à la présidentielle proprement dite : une fourchette a été donnée pour sa tenue (18 février-5mars 2010).

Dans moins d’un an, Faure devra véritablement montrer qu’il n’est pas seulement le fils de Gnassingbé Eyadéma. Comment faire pour biffer la mention utile et se faire un prénom ? Que faire face à un Gilchrist dont la popularité dans le sud du Pays et même dans d’autres régions n’est plus à démontrer ? Un Gilchrist qui sait que c’est pratiquement son unique chance d’être aussi le second fils d’un chef d’Etat du Togo à étrenner la présidence et qui ne ménagera pas Faure et son camp.

On le constate, ce sont autant de sujets qui fâchent et sur lesquels, soit on remue 7 fois la langue avant de parler soit on ne dit rien du tout. C’est cette dernière attitude qui a été choisie par Faure, puisque, à l’aéroport, les journalistes ont été prévenus par Yawiyo, son directeur de la Communication, que son patron resterait muet comme une carpe. Même scénario au palais de Kosyam d’où, après plus d’une heure d’audience avec le maître des lieux, il est sorti par une porte dérobée pour éviter encore la presse.

Et lorsque nous avons dit sur un terme mi-sérieux mi-badin à Pascal Bodjona, le tout-puissant ministre d’Etat en charge de l’Administration que « nous irions à Lomé chercher l’info. pour camper le décor politique et social », il nous a répondu : « Attends que les choses se calment ». A l’évidence, ça bouge au Togo, mais pas forcément dans le sens voulu par les uns et les autres. Et on attend encore la bouche de Blaise pour trancher !

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 mai 2009 à 13:31, par ZOUNGRANA ERIC En réponse à : Faure au Burkina : “Blaise, que faire de l’affaire Kpatcha ?”

    bjr j’ai apprécié l’article de Mr ZOUNGRANA. l’analyse est rigoureuse et nous permet d’avoir les clés de compréhension de la conjoncture politique au Togo nonobstant la relative retention de l’information par les autorités. Mais je crois que cela est compréhensible dans la mesure où ce pays a besoin de beacoup d’attention de la part des autres Etats de la sous-région. Il revient de loin. Donc messieurs les journalistes ne vous offusquez pas outre mesure si l’on ne vous donne pas l’information maintenant. C’est les tractations qui l’exigent. L’heure n’est pas aux scoop. Vous pourrez avoir l’information quand les choses seront beaucoup plus calmes et politiquement apaisées. Merci encore de nous servir ces informations même si elles sont difficiles à obtenir.

  • Le 27 mai 2009 à 20:11 En réponse à : Faure au Burkina : “Blaise, que faire de l’affaire Kpatcha ?”

    décidedement ce journaliste nous fera voir de toutes les couleurs.Cela ne sert à rien de faire l’éloge de Blaise à tout bout de champ. Il n’en a pas besoin. Au contraire cela donne l’impression que nous sommes devenus des fanfarons ici au faso. Quand on aide quelqu’un, on ne le crie pas sur tous les toits. La semaine dernière c’etait le cas quand les ivoiriens sont passés. Evitons de mettre les autres mal à l’aise. C’est une question de bon sens.

    • Le 27 mai 2009 à 21:52 En réponse à : Faure au Burkina : “Blaise, que faire de l’affaire Kpatcha ?”

      Mon cher si tu fais allusion à la dernière phrase du journaliste, alors sache que c’est de l’ironie, pas des éloges. Et j’ai pas de problème que le blaiso participe à l’équilibre de la sous région par ses multiples facilitations, cependant, il faut qu’il revienne à la maison, nous burkinabé, sommes aussi en crise (pécunier, alimentaire,...) alors Mr le facilitateur tu dois y penser.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique