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Noël Kaboré, ministre des Postes et Technologies de l’information et de la communication : “Nous couvrons 92% du territoire national en mobile…”

Publié le vendredi 22 mai 2009 à 09h53min

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Noël Kaboré, ministre des Postes et Technologies de l’information et de la communication

A la faveur de la Semaine nationale de l’Internet, prévue pour se tenir du 22 au 29 mai 2009, le ministre des Postes et Technologies de l’information et de la communication, Noël Kaboré s’appesantit dans cet entretien, sur la politique du département ministériel en matière de promotion des TIC au Burkina Faso.

Sidwaya (S.) : Comment se décline la politique de votre département dans le domaine de la promotion des TIC au Burkina ?

Noël Kaboré (N. K.) : Il faut d’abord, saluer la clairvoyance des hautes autorités de notre pays de créer un département spécifique à la promotion des TIC. Cela permet de concentrer des énergies à la promotion de ce secteur dont l’importance n’est plus à démontrer.
Au-delà de l’importante décision de créer un département spécifique , notre politique est de promouvoir l’accès des populations à cette technologie. C’est permettre aux populations de communiquer avec les nouvelles technologies, notamment le mobile, le fixe et l’Internet. Ce sont les trois produits que nous sommes en train de promouvoir pour permettre à notre peuple d’être dans la société de l’information. A ce sujet, il s’est tenu deux sommets au niveau mondial consacrés à la société de l’information. Ces sommets sont partis du fait qu’aujourd’hui, toute activité humaine est profondément affectée par les TIC. Il faut préparer la société à vivre avec ces outils.

Il y a eu un sommet mondial à Genève en 2003, un autre en 2005 et un sommet spécifique à l’Afrique à Kigali en 2007. Tous ces sommets recommandent aux Etats de se préparer à la société de l’information. Et notre politique s’insère dans les recommandations internationales.
Ainsi donc, notre politique vise à améliorer le taux de pénétration des lignes fixes, des lignes mobiles et l’Internet.
Pour parvenir à cet objectif, il y a trois axes d’intervention que nous privilégions. Le premier axe, c’est la mise en place d’un cadre législatif adapté. Pour ce faire, nous travaillons activement depuis un an à faire adopter par les autorités compétentes (gouvernement, Assemblée nationale), des lois pour permettre que l’utilisation de ces TIC se fasse dans un cadre réglementaire, clair, empreint de confiance.

C’est dans cette dynamique que nous avons fait adopter en novembre 2008, la loi sur les communications électroniques.
Nous sommes en train de préparer, courant 2009, deux nouvelles lois : une qui concerne la transaction électronique qui prend de l’ampleur et une autre loi, sur les noms de domaine. (c’est-à-dire que lorsque vous avez une adresse e-mail, vous avez toujours à la fin, point bf).

Le deuxième axe concerne les infrastructures, c’est-à-dire que les communications passent par des circuits, qui ont plusieurs caractéristiques. Vous avez les circuits aériens et ceux enterrés.
Et quel que soit le type de circuit, nous essayons de les promouvoir. Autant nous accompagnons les opérateurs actuels à couvrir le territoire national, autant nous avons le projet gouvernemental appelé, le projet "Back bone national" qui consiste à relier les quarante cinq provinces par un réseau de fibres optiques. La fibre optique est le support par excellence, pour transporter les données (le son et les images).

C’est un projet ambitieux, mais très important, parce qu’il facilite les autres communications notamment le téléphone, les données électroniques et qui va permettre de baisser les prix. Parce que c’est une "autoroute" qui permet de mutualiser. Tout le monde passera par là. Au lieu que chaque opérateur ait sa ligne de Ouagadougou, à Dori, c’est désormais vers "l’autoroute" que tout le monde doit converger et à partir de là, chacun prendra une "dérivation" pour atteindre son client. La réalisation de ce projet pourrait se faire dans trois ou quatre ans. Mais en attendant, nous faisons la promotion des circuits habituels. Avec les opérateurs que nous avons, nous couvrons 92% du territoire national en mobile. C’est-à-dire que presque partout au Burkina Faso, il y a un signal qui existe. La population est couverte à 85%. Par contre, le taux de pénétration est de 22%. Cela veut dire que 85% veulent avoir une liaison mobile, mais seulement 22% l’ont, parce que les populations n’ont pas les moyens.

Voilà pourquoi, nous travaillons sur l’axe 3, qui est l’accès et qui consiste à développer une série de politiques pour faciliter la "connexion" des populations.
Nous ne pouvons pas faire comme en Europe ou en Amérique où il y a pratiquement le fixe pour chaque foyer. Au regard de cette donne, nous avons opté pour la liaison ADSL. Comme nous sommes réalistes, parce que nous ne pourrons pas augmenter le taux du fixe à domicile et pour que les gens utilisent Internet, il faut absolument que ce soit à travers des sites communautaires.

Notre projet "Back bone", c’est pour justement faciliter l’émergence de ces sites. Nous entendons par site communautaire, un site associatif. Il y a beaucoup d’associations qui ont des sites Internet, à Ouagadougou ou ailleurs. Et nous pensons qu’il faut les aider, sous différentes formes : formation, subvention…
L’expérience des centres municipaux multimédia est une bonne démarche qu’il faut développer à grande échelle.
Il faut aussi développer les cybers privés et la poste qui s’est lancée dans la création de cyber. Là où il y a des initiatives pour démultiplier les centres Internet ou autres cybers, nous sommes prêts à aider.

L’un de nos projets importants aussi, c’est le Resina, qui consiste à relier tous les services de l’Etat (en Intranet) de telle sorte que le téléphone et la communication électronique (emails) soient gratuits. Tout cela rentre dans le cadre de la modernisation de l’Etat. Le gouvernement va investir beaucoup dans ce projet, pour que les services de l’Etat soient disponibles et surtout, accessibles à la population.

S. : Vous avez tantôt parlé de l’accès des populations à Internet, notamment à travers les sites communautaires. Mais ne pensez-vous pas que le fort taux d’analphabétisme ou d’illettrés soit un frein à vos efforts ?

N.K. : Il y a effectivement un facteur de blocage dû à l’analphabétisme. Mais, il faut voir le problème d’abord sous l’angle de développer l’accès au niveau de ceux qui ne sont pas analphabètes. Parce qu’il y en a qui ne sont pas analphabètes mais qui n’accèdent pas à Internet. Et ils sont nombreux. Deuxièmement, il n’est pas exclu que des analphabètes s’appuient sur des alphabétisés pour exporter Internet. Un commerçant analphabète au village peut passer par son fils, un frère ou un ami pour effectuer des opérations sur Internet. Il n’y a donc pas des raisons de dire que comme il y a des analphabètes en grand nombre, ce n’est pas la peine de promouvoir Internet.
Et puis l’alphabétisation est un processus. Le ministère en charge de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation travaille à améliorer la donne. Nous n’allons pas attendre que le taux d’alphabétisme augmente pour travailler.

S. : Vous venez de parler du ministère de l’Enseignement de base. Est-ce qu’il est par exemple, prévu, en collaboration avec ce département ministériel, d’introduire l’enseignement des TIC, dans les programmes scolaires ?

N.K. : Cela n’est pas prévu. Notre stratégie est plutôt de créer des centres de sites informatisés dans les établissements secondaires. A titre d’exemples, nous avons inauguré au lycée Zinda, une salle de 50 ordinateurs, il y a quelques mois de cela, où les élèves peuvent suivre un programme de formation, d’initiation à l’informatique. J’ai tantôt parlé des sites communautaires, des cybers privés et des centres multimédia. Compte tenu de l’engouement des jeunes pour l’informatique et l’Internet, cela ne suffit pas. S’il y a la possibilité de créer des centres dans les écoles, c’est tant mieux.
Il y a donc cette expérience du lycée Zinda, que nous voulons étendre aux autres établissements secondaires du pays. C’est ambitieux, mais il s’agit d’avoir une salle informatique, à l’intérieur de chaque établissement. Nous sommes en train de négocier avec les partenaires de financement.

Sinon nous n’avons pas discuté formellement avec le ministère de l’Enseignement de base, pour inclure des cours d’informatique dans les programmes scolaires. C’est plutôt sous l’angle de travaux pratiques, que les élèves peuvent s’exercer.

S. : En dehors de la Semaine nationale de l’informatique, y a-t-il d’autres initiatives similaires pour promouvoir les TIC ?

N.K. : Nous ne faisons pas de tapage toute l’année. C’est pour cela, que nous avons choisi justement une semaine pour faire du tapage. Et le reste du temps, nous travaillons à promouvoir l’accès aux TIC. Tout ce dont j’ai parlé, plus haut est une série de petits et gros programmes, mis en œuvre quotidiennement.
Nous sommes par exemple, en collaboration avec l’ambassade de France pour permettre à 16 villages enclavés d’avoir accès à l’Internet par satellite. C’est un projet qui existe depuis deux ans. Voilà un exemple de petit programme dont nous ne parlons pas.

S. : Où en est-on avec le projet du Malien Cheick Modibo Diarra de vulgariser les TIC au Burkina ?

N.K. : Cheick Modibo Diarra est un partenaire, qui appuie le ministère dans beaucoup de domaines. C’est lui qui a amené les ordinateurs pour le centre du lycée Zinda dont je vous ai parlé. C’était lors du dernier FESPACO, dont il était l’invité d’honneur et nous avons inauguré ensemble le centre du lycée. Mais lors de cet événement, il nous a indiqué que sa "boîte" Microsoft ne pouvait pas nous fournir des ordinateurs, si ce n’est des logiciels. Nous apprécions positivement cette démarche et il nous faut trouver les ordinateurs avec d’autres partenaires, puisque l’exemple du lycée Zinda est à dupliquer dans les autres lycées du pays.
La deuxième contribution importante du Dr Diarra, c’est l’organisation à Ouagadougou, tous les deux ans, du forum africain sur les bonnes pratiques en matière des TIC. Nous sommes en train de préparer le 3e forum prévu l’année prochaine. Cheick M. Diarra s’implique fortement dans l’organisation de cette rencontre et son patron Bill Gates, a personnellement promis au chef de l’Etat d’effectuer le déplacement de Ouagadougou à l’occasion de ce forum en 2010.

Gabriel SAMA et Alban KINI

Sidwaya

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