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AFRIQUE DU SUD : Des élections qui font rêver

Publié le vendredi 24 avril 2009 à 02h50min

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Ainsi l’élection présidentielle, la quatrième du genre depuis 1994, a bel et bien eu lieu au pays de Nelson Mandela. Et elle se sera bien déroulée. Les heures et jours à venir situeront davantage sur les chiffres, le taux de participation, les différents scores obtenus par les candidats, ainsi que l’ampleur de la victoire de celui qui les remportera. Mais dès à présent, il convient de saluer à sa juste valeur le climat de paix, de sérénité et de tranquillité qui aura accompagné tout le processus du scrutin, et dont l’Afrique du Sud peut, à juste titre et sans fausse modestie aucune, tirer une légitime fierté.

Car ces élections sud-africaines, assurément, font rêver. Le pays arc-en-ciel aura administré une immense leçon de grande démocratie à toutes ces nations, sur le continent africain et partout ailleurs, qui peinent à en trouver le chemin. Et pourtant, ce ne sont pas les écueils divers qui faisaient défaut et qui auraient pu expliquer, justifier même des dérapages certains, à l’instar de ceux que les Africains sont malheureusement coutumiers lorsqu’ont lieu des élections dans leurs pays : la multiplicité des races, les blessures profondes résultant des dures années de l’apartheid, le fossé actuel séparant riches et pauvres, la scission intervenue au sein de l’ANC.

Autant de difficultés qui auraient pu servir de prétexte pour mettre le feu aux poudres, voire embraser le pays tout entier. Il n’en a rien été de tel, et on ne peut manquer de tomber sous le charme lorsqu’un scutin populaire d’une telle importance se déroule en l’absence des habituelles campagnes de violence, des diatribes incendiaires désormais rendues presque normales sur le continent, et qui souvent, mènent à l’affrontement verbal et même physique des partis politiques rivaux avec le solde qui en résulte en matériels endommagés et en pertes en vies humaines. Assurément l’Afrique du Sud aura fait preuve d’une indéniable maturité politique. Et cela jusque dans les moindres détails du processus. Alors que sous d’autres cieux, on s’échine à acquérir à prix d’or, des urnes réputées transparentes dans le but de conjurer les plus que possibles tentatives de fraudes, les Sud-Africains se seront contentés de boîtes en carton pour recueillir le suffrage des votants.

Il fallait le faire. Et on y voit ce dont est capable une nation lorsqu’elle se convainc de la préciosité des valeurs qu’elle se modèle. Car le paradoxe veut que ce pays soit, de réputation, "peu sûr". Pour preuve, nombreuses de ses cités et bourgs sont des antres où règnent en maîtres, la violence et le crime. Et c’est bien là, la preuve que c’est la nation entière qui voulait de ces élections et qui souhaitait qu’elles fûssent démocratiques. Le long chemin qu’il a emprunté pour se retrouver à la destination démocratique qu’il connaît aujourd’hui, n’aura pas été ardu pour rien.

Les Sud-Africains en auront sans doute retenu qu’ils ont le devoir de conserver avec le plus grand soin et dans le plus grand respect, cette valeur inestimable qu’ils auront obtenue en suant sang et eau. Et cela peut expliquer qu’ils aient tout fait pour surmonter et sublimer ce qui, sous d’autres cieux, aurait pu conduire à des dissenssions et à des affrontements fatals , lorsqu’ils opposent des partisans déchaînés de leaders politiques mal éclairés ou simplement égoïstes et obstinés. On peut toutefois se demander si ce scrutin ne porte pas de coloration raciale. Est-il permis à un candidat blanc, de nos jours, de se faire élire en Afrique du Sud, avec le même engouement, et dans la même discipline ? Une chose est certaine. Nul ne saurait à présent le dire avec précision.

Mais, on constate, pour le plus grand bonheur de l’expression démocratique, que naissent dans ce pays des formations politiques qui se créent leur place au soleil, et avec lesquels il faudra certainement compter dans un futur proche ou lointain. L’aile dissident de l’ANC a créé le COPE, nouveau-né du landerneau politique, qui engrange 8% de la présidentielle. L’Alliance démocratique d’Helen Zille, avec ses 17% réalise une véritable percée. Mais la question du vote racial mérite-t-elle d’être posée ? Les blancs d’Afrique du Sud disposant du pouvoir économique et financier, cherchent-ils vraiment celui politique ?

En tout état de cause, si la nation arc-en-ciel réussit son ère post-électorale de la même manière qu’elle a su le faire avant et pendant le scrutin, aucune candidature, de quelque couleur qu’elle soit, ne saurait ressusciter les clivages et les inimitiés que ce pays a connus dans un passé relativement récent, et qu’il semble désormais résolu à surmonter pour un pardon qui rend la vie possible. Et il fait bien. Car, il redore son blason, se prépare un avenir plein d’espoir, et occupe une place de choix dans le gotha du petit nombre de pays africains qui, par leur bonne conduite électorale, donnent l’exemple et indiquent aux autres, la saine voie de la véritable démocratie. La nation arc-en-ciel a prêché dans le bons sens. Il reste à souhaiter que le message fort qu’elle lance, soit entendu et plus, suscite des émules.

"Le Pays"

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