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Le Visa Francophone : L’Alliance Francophone milite pour cette opportunité historique

Publié le mercredi 22 avril 2009 à 10h17min

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La francophonie est ressentie, en France, comme « les ombres de la caverne de Platon », c’est à dire le reflet inconnu de jeux diplomatiques à haut niveau, auxquels l’opinion publique, même éclairée, ne se sent ni l’intérêt ni le droit de participer. Ce qui fragilise une politique entrant en concurrence avec la politique européenne de la France en particulier.

La circulation facile des personnes est la marque la plus forte d’une réelle interdépendance et d’une unité vécue. En ce sens, l’Alliance milite depuis 18 ans déjà pour l’établissement d’un document administratif qui devrait permettre une meilleure circulation des francophones dans leur espace et dans des conditions de dignité conformes à nos valeurs. Ce document serait assorti d’un certain nombre d’obligations de résultats et de restitutions des connaissances au pays d’origine.

Les personnes susceptibles d’obtenir ce document pourraient appartenir aux catégories suivantes :

Chercheurs d’institutions publiques et privées ; étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur (en supprimant le cercle vicieux qui consiste à devoir être en France pour pouvoir s’inscrire !) ; sportifs pour des compétitions et entraînements ; artistes et créateurs ayant des raisons professionnelles (travail, enseignement...) ; hommes politiques ; syndicalistes ; chefs d’entreprise ; journalistes ; cas exceptionnels comme décès d’un membre de la proche famille.

Le « visa francophone » devrait être accordé plus facilement :

1 soit par une présomption de visa pour des personnes inscrites sur une liste en fonction des critères énumérés plus haut, qui donnerait aux services consulaires la possibilité de s’opposer formellement dans un certain délai...
2 soit par un visa de longue durée (comme le faisaient les américains) ou tacitement reconduit.
3 soit par une procédure accélérée et prioritaire qui aurait « l’inconvénient » d’être visible de tous les autres !
4 enfin cette pratique devrait être complétée par un dispositif équivalent à la carte verte américaine par tirage au sort, réservée aux citoyens de la francophonie.

Ce dispositif, qui devrait exister dans tous les autres pays de l’Espace Francophone, donnerait corps à une vraie solidarité visible et hautement significative au sein de la francophonie.

Plus d’une fois nous avons été qualifiés d’utopistes par ceux qui n’avaient pas lu Edouard Herriot qui, lui, considérait à juste titre, que l’utopie n’est qu’une réalité en puissance…

Il y a quelques jours le ministre français de la Coopération et de la Francophonie, M. Alain Joyandet, probablement plus conscient que d’autres de l’abîme qui se creuse en particulier entre l’Afrique et la Francophonie, a demandé à ses collègues du Gouvernement de bien vouloir réfléchir à un projet qui s’inspire du nôtre et nous a demandé de lui transmettre nos propositions !

Ainsi pouvait-on ainsi lire, le 28 février dernier, sur le blog personnel du Ministre Joyandet :

« C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité proposer à Eric Besson, que nous travaillions ensemble à la mise en place d’un "visa francophone", dont les contours techniques sont actuellement à l’étude dans le respect de la politique migratoire française et des accords européens de l’espace Schengen. »

Pour l’heure, il s’agirait de mettre sur pied un visa plus aisé à obtenir pour les francophones subsahariens pouvant justifier d’un projet professionnel précis (participation à un colloque, une formation, voire un festival artistique, ou encore proposition de stage dans une entreprise).

Parce que la validation institutionnelle de cet espoir passera nécessairement par une prise de conscience médiatique, l’évolution récente du dossier a notamment pu être évoquée, le jeudi 16 avril, par le Président international de l’Alliance Francophone, M. Jean R. Guion, lors d’un long entretien sur l’antenne de Télésud (réseaux Câble, Canalsat et TPS).

On reproche et reprochera probablement à cette initiative d’être « trop » française… Et alors ? Ce ne sera pas la première fois que la France donne le « la » de l’humanisme au concert des Nations, francophones ou non !

En dehors de toutes considérations politiciennes, si ce projet se concrétise, même partiellement dans un premier temps, Alain Joyandet s’inscrira alors dans l’Histoire de notre langue comme un de ceux qui l’auront sauvée de la sclérose et du mépris.

Un groupe de travail interministériel est donc désormais chargé de rédiger une proposition de directive. Nous engageons par conséquent l’ensemble des interlocuteurs gouvernementaux à entendre les doléances de populations africaines incontestablement compétentes et créatives, qui ont énormément à apporter à la communauté de langue française.

Souhaitons que les détracteurs de cette idée généreuse et salvatrice, conservateurs frileux d’idées toutes faites, ne détournent pas celle-ci en alibi ou en élément de communication visant à cacher de sombres intentions.

Plus qu’une escroquerie morale, ce serait un crime de civilisation.

L’Alliance Francophone vient donc de démontrer, comme l’écrivait Dom Elder Camara, que lorsqu’on rêve tout seul ce n’est qu’un rêve alors que lorsqu’on rêve à plusieurs c’est déjà une réalité. L’utopie partagée, est donc bien le ressort de l’Histoire.

Nicolas Lambret
Secrétaire Général de l’Alliance Francophone
alliancefranco@aol.com

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