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Politique : La communalisation intégrale s’éloigne du progrès à la base

Publié le lundi 20 avril 2009 à 01h41min

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L’Etat burkinabè doit impérativement imaginer un scénario idéal pour éviter aux nombreuses communes en construction, toute dérive préjudiciable au développement local et aux finances publiques. Les blocages observés çà et là au sein des conseils municipaux, commencent à porter de sérieux coups au processus de communalisation intégrale entamée en 2006. Hier, c’était les communes urbaines et rurales de Pô, Gounghin, Bané, Tikaré…qui ont vu leurs élections municipales refaites à coup de millions de francs CFA. Aujourd’hui, c’est au tour du conseil municipal de Béguédo d’être dissous.

Demain peut être celui de Zambo ou de bien d’autres. Quelle que soit la pertinence juridique des arguments avancés pour dissoudre les gouvernements locaux et reprendre les élections, il n’en demeure pas moins que la reprise des élections est souvent dépourvue de toute la logique de développement recherchée à travers la décentralisation. Ce choix vise à amener les populations à la base à prendre elles-mêmes leurs préoccupations en main mais sa bonne compréhension et son appréhension sont loin d’être bien cernées.

Pour des sautes d’humeur, des conseillers municipaux s’écartent de leur mission première pour se livrer à des guéguerres parfois savamment entretenues par leurs partis politiques respectifs. Si l’on n’y prend garde, le processus de communalisation intégrale risque d’entraver plus la cohésion sociale que de susciter un engagement communautaire dans le processus de développement à la base. Rares sont les communes rurales dont le budget atteint vingt millions de F CFA. Elles restent aussi nombreuses à se forger un chemin unanime pour un véritable développement local.

Face à ce balbutiement de la gouvernance à la base, la pauvreté continue de plus belle son œuvre destructrice du bien-être social. Pendant ce temps, ce sont des centaines de millions F CFA qui sont injectées dans la reprise d’élections qui n’en valent pas souvent la peine. Il faut donc trouver le juste milieu, une autre formule pour améliorer les dispositions du code général des collectivités locales afin que les ressources financières disponibles servent à propulser le développement des communes plutôt qu’à réparer les errances des conseils municipaux.

A défaut d’associer des conseils juridiques aux sessions de ces instances, il faut avoir le courage d’identifier et de sanctionner les fossoyeurs de la gouvernance locale, ceux-là qui sont manipulés et qui œuvrent à la division. Les reprises des élections municipales après trois années seulement de conduite du processus de communalisation intégrale posent deux problématique : soit l’on s’est hâté d’instaurer la décentralisation sur tout le territoire national, soit les populations n’ont encore rien compris de sa portée et de son importance.

Le taux d’absentéisme constaté lors des sessions s’explique en partie par la désillusion de nombreux conseillers municipaux en découvrant leur prise en charge de deux mille F CFA. Aussi banal que cet exemple puisse paraître, cette somme dérisoire a freiné les ardeurs de certains élus locaux qui se voyaient déjà en "petits députés". Les uns ont préféré l’aventure pour retrouver leurs champs ou du boulot en Côte d’Ivoire, d’autres ont pris la décision de ne pas répondre à une quelconque réunion.

Tous en veulent au maire qu’ils accusent à tort ou à raison, de bénéficier de tous les privilèges. La communalisation intégrale laisse ainsi entrevoir des failles savamment exploitées. Or, si l’on veut avancer dans ce processus, des garde-fous s’imposent pour amener tout conseiller municipal s’y étant librement engagé à tenir parole et à servir ses concitoyens avec dévouement et loyauté.

Jolivet Emmaüs (joli_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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