LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

APPEL A LA DEMISSION DE GUILLAUME SORO : Une grave écorchure sur l’Accord de Ouaga

Publié le mercredi 15 avril 2009 à 01h56min

PARTAGER :                          

Les Forces nouvelles (FN) ne finissent pas de faire parler d’elles ces temps-ci en Côte d’Ivoire. Le dernier fait de l’ex-rebellion qui ne manquera pas de faire jaser encore plus, est l’appel lancé à Guillaume Soro hier 14 avril à démissionner de son poste de Premier ministre. En effet, à l’issue d’une rencontre à Bouaké, des délégués généraux ont donc invité le chef de gouvernement à quitter la primature. Motif avancé : il ne faut pas que le secrétaire général des FN soit "comptable" des "manoeuvres" du camp présidentiel tendant à empêcher l’organisation des élections.

Quelle mouche a bien pu piquer ces délégués généraux pour qu’ils fassent une telle demande ? Ont-ils oublié que tout le processus de sortie de crise est soumis à des cadres créés par l’Accord politique de Ouagadougou ? Que représentent pour eux le Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA), le Cadre permanent de concertation (CPC) et, pour tout dire, le facilitateur du dialogue direct interivoirien ? Ou bien estiment-ils que ce dernier a échoué ? Si c’est le cas, qu’ils le disent ouvertement. Après cet appel, les regards sont désormais tournés dans un premier temps vers Guillaume Soro pour savoir quelle sera sa réaction. Va-t-il suivre les délégués ou resté sourd à leur appel ? Attendons de voir.

Mais déjà, le malaise est évident au sein des Forces nouvelles. Avant ce coup de tonnerre, les FN ont fait parler d’elles à Pâques, fête de la résurrection de Jésus Christ célébrée le 12 avril dernier, mais qui a été perturbée à Ferkessédougou (ou encore Ferké), dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Des éléments des Forces nouvelles ont choisi ce jour-là pour régler à coups de feu un conflit de leadership entre le commandant de secteur ou com’secteur, le capitaine Fofana Inza alias Gruman, et son adjoint le lieutenant Tuo Souleymane. Certes, il n’y a eu ni blessé, ni mort mais une grosse frayeur au sein de la population. Il reste maintenant les interrogations et les inquiétudes suscitées par ces événements qui surviennent après ceux de Bouaké, Man, Séguela, etc. On a envie de dire que si certains éléments des Forces nouvelles traînent les pieds pour désarmer, ce n’est pas seulement à cause de la peur et de l’incertitude du lendemain.

C’est aussi pour conserver un moyen de pression et de dissuasion utilisable en cas de besoin. Les différentes manifestations de mauvaise humeur au sein des Forces nouvelles n’inquiéteraient pas outre mesure si elles n’étaient accompagnées de coups de feu qui sèment la panique au sein de la population. Ces troubles semblent ne pas être près de finir rapidement car ce ne sont pas les difficultés qui manquent dans un processus de retour à la paix. La troupe estime toujours être oubliée par le commandement dont certains membres ont été appelés au gouvernement. Pour se faire souvent entendre et voir ses revendications prises en compte, il ne lui reste plus que les armes dont on veut qu’elle s’en débarrasse. C’est pourquoi, ni la Flamme de la paix marquée par la destruction symbolique d’armes à Bouaké, ni l’ Accord politique de Ouagadougou et son complément, n’ont permis de déposer véritablement les armes.

Pourtant, beaucoup de choses ont été réglées par ces textes. Sans oublier les gages et les assurances donnés sans pouvoir dissiper la méfiance entre les protagonistes. Ceux qui ont pris les armes un certain 19 septembre 2002 pour demander plus d’égards à leur endroit, ne veulent pas s’en débarrasser malgré les garanties données. C’est le processus de sortie de crise qui pâtit de cette situation de paix armée. Il n’est pas aisé de négocier, le doigt sur la gâchette. Le camp présidentiel n’est plus le seul à remettre souvent en cause ce processus ; certains de ses partisans étant passés maîtres dans l’art des déclarations fracassantes.

Mais les Forces nouvelles ne parlent pas ; elles tirent des coups de feu. Sa soldatesque n’hésite pas à faire le coup de feu pour régler les divergences et dissensions internes. Leur persistance est un facteur handicapant non seulement pour l’entité Forces nouvelles mais aussi pour l’Accord politique de Ouagadougou. Au sein d’un camp divisé, on ne saurait garantir l’application sereine des engagements pris. Il s’en trouverait toujours des éléments pour tout remettre en cause. Or, il faudrait bien que l’on sorte de la crise un jour et permettre au pays de repartir sur de nouvelles bases.

Par Séni DABO

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique