LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Coopération : Monory le Ouagalais s’en est allé

Publié le lundi 13 avril 2009 à 23h48min

PARTAGER :                          

Réné Monory

La grande faucheuse est passée très tôt ce samedi 11 avril 2009 emporter René Monory (85 ans), l’ancien président de la haute chambre française. Pour ses compatriotes, qui dit René Monory dit Futuroscope, car c’est à cette œuvre gigantesque de Poitiers, érigée pour la jeunesse, qu’il a consacré une partie de sa vie, laquelle fut combien remplie : « c’est une idée, c’est un message pour l’avenir, surtout un message pour dire aux jeunes que la société peut être belle si vous la comprenez , et dire aux parents de former leurs enfants s’ils veulent qu’ils comprennent la vie », disait-il en 2003 lorsqu’on l’a questionné sur le sens de ce Futuroscope.

Mais pour les Burkinabè et surtout pour les Ouagalais, le nom de René Monory accole à la capitale burkinabè, puisqu’il est le maître d’œuvre du jumelage entre sa ville, Loudun, et Ouagadougou, un jumelage vieux de plusieurs décennies. Certes, sa silhouette n’était plus fréquente au Burkina, mais elle reste prégnante pour les Ougavillois : avenue Loudun, stade omnisports René-Monory, jardin de l’amitié Ouaga-Loudun, situé à quelques jets de pierres du rond-point des Nations unies au cœur de la ville. Et que dire des retombées du premier jumelage burkinabè, Ouaga-Loudun, qui date de 1967 et qui aura permis la réalisation de nombreuses infrastructures et d’autres ouvrages utiles à Ouagadougou ?

Ce natif de Vienne, « simple garagiste de province » qui deviendra par la suite le second personnage de l’Etat, est donc le plus ouagalais des Français. Ayant été un homme proche des populations et ayant gravi les marches des pouvoirs par la seule force de son travail, l’homme avait la magie des rapports humains. Tour à tour maire, conseiller général de Vienne, sénateur, trois fois ministres, il avait presque un amour filial pour Ouagadougou.

Si en affaires on parle de self made man, René Monory en est un en politique, et tous ceux qui l’ont connu le désignent comme un autodidacte politique, puisqu’il ne possède qu’un simple certificat ,alors que l’arène politique hexagonale n’est ouverte qu’aux énarques ou en tout cas à une certaine élite ayant arpenté les couloirs des grandes écoles.

Ce n’est pas sans raison que Jean-Pierre Raffarin, l’ex-patron de la Région Poitou-Charente, parle à propos de son pygmalion politique de « compétence mystérieuse pour les élites parisiennes et d’un formidable exemple » tant le défunt était à l’aise dans les échanges avec les « grands » sans avoir le langage requis, palliant cet handicap avec sa connaissance pratique. Valery Giscard D’Estaing en avait fait son ministre du Commerce en 1977 dans le gouvernement de Raymond Barre .

Inoubliable, il le sera pour sa Vienne natale, inoubliable, il le restera pour les populations de la capitale, tant ses atomes étaient crochus avec cette ville. Car, depuis plus de 40 ans, c’est-à-dire de « Joseph Conombo » à Simon Compaoré, les différents bourgmestres qui se sont succédé à la tête de l’hôtel de Ville ont découvert un humaniste plein de qualités qui est tombé sous le charme de ....Ouagadougou.

Sans doute, l’actuel maire, qui l’ a côtoyé quelques années, sait que sans Loudun et Lyon, Ouagadougou ne « sera pas totalement ce que les Ouagalais voudront qu’elle soit » , pour reprendre une des formules choc de Simon Compaoré. Rien que pour cela, les populations de la capitale ne peuvent que lui rendre hommage.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique