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Génocide rwandais : 15 ans après, le venin a-t-il été néantisé ?

Publié le mardi 7 avril 2009 à 01h26min

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Le président Juvénal Habyarimana

Kigali : 6 avril 1994, au-dessus de l’aéroport, il est 20H30,le Falcon 50 qui ramène d’Arusha (Tanzanie) le chef de l’Etat rwandais, Juvénal Habyarimana, et son homologue du Burundi, Cyprien Ntaryamina, amorce sa descente sur la piste d’atterrissage.

Soudain on entend trois détonations coup sur coup et l’on voit les débris en flammes de la carlingue tomber dans le jardin du chef de l’Etat, dont la résidence est à moins d’un kilomètre du terrain de l’aéroport.

Des recherches durant toute la nuit permettront de retrouver et surtout d’identifier les corps des occupants de l’avion abattu : ceux du médecin personnel du chef de l’Etat rwandais, le docteur Emmanuel Akingeneye,qui a traversé le toit du garage pour tomber sur la Mercedes du président ; de son conseiller politique Kenzao ; du chef de l’Etat burundais et, bien sûr, celui d’Habyarimana, trouvé à côté d’un massif de fleurs.

Ce jour-là, comme par hasard, certains enfants du chef l’Etat, notamment Jean-Luc et sa sœur Marie-Merci, étaient dans la piscine, et leur mère, Agathe, à l’intérieur de la maison... Ils auraient tout suivi, surtout les enfants, de l’assassinat en live de leur père et mari de président.

Selon des témoins, quelques heures après la destruction de l’avion présidentiel, ont commencé les massacres des Tutsis, mais c’est surtout le lendemain 7 avril qui marque le début de ce génocide rwandais.

Cette année-là, c’est-à-dire en 1994, tout le monde semblait surpris de cette fureur noire, estimant que c’était du jamais vu. Ce qui n’est pas totalement faux, étant donné l’ampleur des tueries, sauf que ceux qui voient les choses sous ce prisme font montre d’une amnésie relative : en effet, dans cette région des Grands-Lacs et notamment au Rwanda, il y avait régulièrement des massacres à petite échelle qui sonnaient comme une sorte de répétition générale du grand rendez-vous d’avril 94.

Par intervalles réguliers, ce genre de pogroms était quasiment renouvelé en Tanzanie, en Ouganda ...et les ethnies qui en étaient victimes les subissaient en tapinois, n’ayant d’autre choix que l’exil.

Dans tous les cas, cette donne ethnique est fréquemment une référence, et il s’en trouve toujours des hommes politiques et des seigneurs de guerre pour exacerber et exploiter ces antagonismes ethnorégionalistes. L’accalmie observée à l’arrivée du général Habyarimana n’était donc que de façade, et lui-même, militaire parvenu à la tête du Rwanda par un coup d’Etat, pour renforcer son pouvoir, soufflait souvent sur ce brasier, aidé en cela par le soutien tacite des Occidentaux, en particulier la métropole, la Belgique.

De nos jours, le mystère reste épais quant aux mobiles de ce génocide : Comment comprendre qu’il ait suffi que l’avion présidentiel soit abattu, par un missile air-sol, pour que soit déroulé le fil de ce génocide ?

Est-ce le Front patriotique rwandais (FPR) qui a abattu l’avion et qui aurait tout planifié comme le croient dur comme fer certains, notamment un Pierre Péan dans son livre à polémique Noires fureurs, Blancs menteurs ?

Ou est-ce des Hutus enragés qui ont commis cette forfaiture en sachant les conséquences que ce geste entraînerait ? On nage en pleines supputations.

Seule certitude, 15 ans après la survenue de l’innommable, le pays des milles collines (26 000 km2), avec ses 10 millions d’âmes, tente un exorcisme pour se réconcilier avec lui-même.

Ainsi, le Tribunal pénal international pour le Rwanda, passé les premières années où on assista à un bras de fer entre sa présidente d’alors, Carla Del ponte, et Paul Kagamé, est aujourd’hui une institution acceptée par Kigali.

Mieux, il y a les fameux gacaca, un mot qui désigne le gazon sur lequel s’asseyaient les vieux sages pour trancher les questions du village. Aujourd’hui, ils servent à juger les « petites mains », expression désignant tous ceux qui, à l’aide de haches ou de coupe-coupe, ont tué leurs compatriotes.

Ces gacaca sont des tribunaux populaires qui ont permis à près de 200 000 génocidaires de solder leurs comptes avec la société à travers le réapprentissage de la vie en communauté et la familiarisation aux fusils au moyen du port des Imbunda ou fusil en bois.

De nos jours, de nombreux pensionnaires du camp de Nkumba, situé au nord-ouest du pays, un des hauts lieux de ces « condamnés » des gacaca, ont retrouvé la liberté et surtout la paix avec eux-mêmes.

Mieux encore, plus de 15 ans après le « plus jamais ça », le Rwanda, sous l’impulsion de son maître, Paul Kagamé, avance avec un taux de croissance à deux chiffres (11%), une bonne gouvernance à toute épreuve. Normal, puisque son président gère le pays comme une entreprise asiatique, notamment comme le fait son modèle, Lee Kuan Yew, le père de la réussite économique singapourienne.

Seule ombre noire à ce tableau : la chape de plomb que constitue l’homme de 51 ans, haut de forme, au visage anguleux et froid, qui, depuis 13 ans, est de fait le patron du Rwanda qu’il a érigé en « Etat-garnison », et ne semble pas faire de la démocratie son dada.

Car, si sous le régime de Paul Kagamé, les progrès socioéconomiques du pays sont indéniables, on ne peut, par contre, parler d’avancées démocratiques ; il faut même craindre que, du fait du génocide, le Rwanda ne devienne, comme Israël à cause de la Shoa, un Etat intouchable.

Que ce soit avec la France avec qui, fait rarissime en Afrique, il a rompu les relations diplomatiques, ou avec tout autre pays occidental, l’homme sec de Kigali reste droit comme une lance tutsie et assène ses vérités.

Ce n’est sans doute pas exagéré, même si l’intéressé s’en défend, qu’on le surnomme le « Bismark » des Grands-Lacs, et il est vrai que les derniers événements du Kivu, avec l’arrestation du général Laurent Nkunda, donnent un petit aperçu de sa force de frappe.

Il faut seulement espérer que 15 ans après ce qui a semblé être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, la catharsis opérée pour calmer les cœurs a porté ses fruits et que, du haut des mille collines de rêve, on n’entendra plus jamais des gens qu’on massacre au cri de « inhinzé ! » (cafards).

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 7 avril 2009 à 19:45, par Burkin Bila En réponse à : Génocide rwandais : 15 ans après, le venin a-t-il été néantisé ?

    Paul Kagame est un modele pour les dirigeants africains ; il est un veritable exemple a suivre avec tout ce qu’il a realise dans son pays et les initiatives entreprises en disant non a la mandicite.Il recompense la competance ds son pays en eradiquant la corruption contrairement a notre cher "pays des hommes integres".
    Il n’ya pas de democratie sans developement reel et le travail gigantesque abbatu par le president Kagame est reconnu dans le monde entier et attire des celebres investisseurs americains et internationaux comme Quincy Jones...En 15 ans le progres realise par le rwanda qui est aussi demuni de ressources que le Faso et malgre un genocide rescent n’a rien a voir avec la deplorable instabilite economique et sociale du Faso en 22 ans.
    Cet homme sec comme vous le dites me fait penser a un certain Sankara qui pensait plus aux interets de sa chere patrie qu’a ses propres interets.

    • Le 7 avril 2009 à 21:17, par qu En réponse à : Génocide rwandais : 15 ans après, le venin a-t-il été néantisé ?

      Bien dit Burkin Bila...Jabonde ds le mm sens que toi pr dire que nous sommes fatigues des democraties de facade qui plaisent au papa colonisateurs, nous preferons que tout le peuple ait a mange et puisse avoir acces au soin parce que comme le disait quelqu’un celui qui a fait nest pas un homme libre. Quand je parle de faim je ne parle pas seulement de nourriture pr le ventre mais egalement pr lintellect.L president rwandais comme vous le dite a fait pour son peuple ce quil a de mieux, il leur apporte la croissance et lespoir de lendemain encore meilleur. Nous preferons ce genre de regome que nos pays soi disant democrate qui detruise tout a travers la corruption, des crises socials avc des greves des enseignants, des etudiants, des commercants, des infirmiers, est cela une democratie ? cest un beau article mais le rwanda malgre le genocide rest un exemple en matiere de croissance economique de part le monde. DONC exemple a suivre....

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