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TERTIUS ZONGO FACE AUX DEPUTES : Les temps sont durs, mais...

Publié le vendredi 27 mars 2009 à 11h03min

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Et de deux pour le Premier ministre Tertius Zongo. Il vient de se prêter une fois de plus devant l’Assemblée nationale au rituel républicain du discours sur l’Etat du Faso. Tertius Zongo, ce 26 mars a battu un record. Il a tenu l’hémicycle en haleine pendant trois heures peignant un tableau du Burkina qui avance malgré la crise. Pour le chef du gouvernement, en période de crise, il faut savoir saisir les opportunités qu’elle renferme.

Il est 19h 05 quand le tonnerre d’applaudissements annonce la fin du discours sur l’Etat de la Nation du Premier ministre Tertius Zongo. Pendant trois heures, il a présenté l’action de son gouvernement et les perspectives pour 2009. Mais de tout son discours qui tient sur 100 pages reliées par ses services et mis à la disposition des médias, les toutes dernières pages résument bien la posture du Premier ministre par rapport à la mission à lui confiée en juin 2007." L’ampleur des efforts à consentir pour un Burkina Faso encore plus prospère sont immenses. Ils exigent de nous de l’audace et de la persévérance, de la cohésion et de la solidarité agissante. Nous devons le faire avec conviction et confiance, mais sans arrogance". L’état du Faso en 2008 qu’il a présenté est "le reflet de tous nos efforts conjugués, exception faite des paramètres inhibiteurs que vous et moi ne maîtrisons pas".

En d’autres termes, le Burkina d’aujourd’hui est, selon lui le résultat d’une oeuvre commune qui n’a cependant pas échappé aux conséquences des trois crises, énergétique, financière et alimentaire. Une croissance économique de 4,8%, insuffisante face à un taux d’inflation qui bat les records (autour de 10,7%). La mauvaise campagne cotonnière n’a pas arrangé les choses. Résultat, l’incidence de la pauvreté s’est accentuée en 2008 passant de 42,6% en 2007 contre 43,5% en 2008. Ces constats faits, le Premier ministre a énuméré les actions de son gouvernement pour y faire face. La maîtrise de la crise de la vie chère à travers la subvention de 19,46 milliards de FCFA, la suspension des droits de douanes et de la TVA pour certains produits de base ont été rappelées. Cette dernière mesure aura coûté 5 milliards au budget de l’Etat, mais la crise alimentaire aura eu le mérite de remettre la question de la souveraineté alimentaire dans les stratégie du gouvernement. Le Premier ministre l’a rappelée en ces termes :

"Un tel choix (souveraineté alimentaire) implique une revue en profondeur de notre schéma de production agro-sylvo-pastorale et notre politique des filières pour les rendre plus achevées." 2008 a été une année d’actions dans tous les secteurs de développement, même si leur ampleur sont à discuter selon un parlementaire. Le secteur minier est un des secteurs promoteurs. Selon le Premier ministre Tertius Zongo, le Burkina est désormais un pays minier. 132 milliards de F CFA y ont été investis avec 5500 kg d’or. Les retombées pour le Trésor sont importantes. Mais, le chef du gouvernement n’a pas donné d’indication chiffrée sur ces rétombées. L’appui au développement du secteur privé a fait l’objet d’un long développement par le chef du gouvernement. L’amélioration du climat des affaires au Burkina reconnue par "Doing Business Better" a permis la création de plusieurs milliers d’entreprises facilitée par la mise en place de procédures simplifiées.

La fiscalité et le code de l’investissement ont été allégés. Aussi, au titre des agréments au code des investissements, 73 entreprises ont été agréées pour des investissements prévisionnels de l’ordre de 75 milliards de F CFA Du côté de la lutte contre le banditisme, le Premier ministre s’est félicité du succès du numéro d’appel du centre national de veille et d’alerte qui a reçu près de 38 417 appels qui ont permis d’appréhender des malfrats. Dans ce cadre, les forces de sécurité et de défense ont effectué plus de 22 mille sorties et patrouilles qui ont permis d’appréhender 3845 présumés délinquants dont 849 ont été déférés devant les tribunaux. Il a annoncé que d’autres actions énergiques seront mises en oeuvre en 2009.

Le petit pompier de Tertius

En plein discours sur l’état de la nation, le Premier ministre rend un hommage appuyé à un jeune garçon qui, au risque de sa vie et avec l’aide des sapeurs-pompiers, a sauvé un enfant de 2 ans, tombé dans un puits de près de 30 mètres de profondeur. Ce jeune, Moïse Tassembedo qui a été décoré le 1er novembre 2007 de la médaille d’honneur des sapeurs-pompiers avec étoile de bronze, a été présenté à l’hémicycle. Une première de mémoire de journaliste.


Ils ont dit

Gisèle Guigma, député (CDP)

Après une année de service au service de la nation, il était de bon ton que le Premier ministre se livre à un tel exercice. Je trouve qu’il s’est bonifié une année après. Il a abordé tous les domaines de la vie publique. Il y a eu des actions audacieuses, mais il a réussi le pari si on considère sa déclaration sur l’état de la nation. Pour la longueur, je pense que ça va. C’ est un passage en revue et il faut être exhaustif.

Saran Sérémé, député (CDP)

Je retiens que beaucoup d’actions ont pu être menées dans un contexte qui n’était pas facile. Tout le mérite est au gouvernement. Il reste beaucoup à faire cependant. Mais je reste convaincue que si nous travaillons ensemble dans la cohésion comme il l’a demandé, on peut faire beaucoup de choses. Il ne faut pas qu’on laisse tout dans les mains du gouvernement, et c’est l’exemple que le Premier ministre voulait donner à travers le jeune pompier. Certains doivent critiquer, les autres doivent accompagner , c’est le jeu de la démocratie.

Boureima Ouédraogo, député ( ADF/RDA)

Le discours du Premier ministre nous a vraiment situés sur l’état de la nation. Je pense qu’on a fait beaucoup de réalisations et bien d’autres restent à faire. Pour moi, ce qui reste à faire doit être fait et surtout bien fait. Je pense qu’il a été long par rapport à la dernière fois. Mais l’intérêt , c’est qu’on a été bien imprégné sur la situation du pays. Personnellement, je m’attendais à ce qu’il aborde la question de la route Kongoussi-Djibo-frontière du Mali, mais hélas !

Par Abdoulaye TAO

Le Pays


Dans les coulisses de l’hémicycle

Des ovations à un pompier de circonstance

Le Premier ministre, Tertius Zongo lors de son discours sur la situation de la Nation a salué solennellement le courage du jeune Moïse Tassembédo. Celui-ci, dans la commune de Komki-Ipala, a bravé la mort pour sauver la vie d’un enfant de deux ans et demi, tombé dans un puits de plus de trente mètres de profondeur avec seulement un diamètre de trente centimètres environ. C’était le vendredi 8 juin 2007. Les dimensions ne permettaient pas aux soldats du feu d’accéder à la victime pour accomplir leur mission de secours. C’est ainsi que le jeune Tassembédo, âgé seulement de 17 ans a été introduit dans le puits, en vue de sauver l’enfant en danger. Il arrive à sauver l’enfant, mais eux tous perdent connaissance pendant la remontée. Ils ont été réanimés par les sapeurs-pompiers, puis conduit d’urgence dans une formation sanitaire de la ville de Ouagadougou où ils en sortent tous vivant. Le jeune Tassembédo a été décoré de la médaille d’honneur des sapeurs-pompiers avec l’étoile de bronze le 1er novembre 2007. Présenté à la représentation nationale par le Premier ministre, le jeune Tassembédo a été ovationné par les députés.


Tertius Zongo donne le score

Le discours du Premier ministre a commencé au moment où le match opposant les cadets burkinabè à leurs homologues nigériens prenait fin. Ainsi donc, compte tenu des exigences protocolaires, les députés, les membres du gouvernement et certaines personnalités, qui ont devancé le Premier ministre à l’hémicycle n’ont pas eu le temps de suivre le match, ou l’on suivi partiellement.
Avant donc de prononcer son discours, le Premier ministre a informé l’assistance de la victoire des Etalons du Burkina sur le Mena du Niger (1-0). Cette information a permis de mettre "tout le monde au même niveau d’information".
La nouvelle fut accueillie par des applaudissements.


Alain Yoda se rattrape

Le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Alain Yoda a été le dernier membre du gouvernement à venir à l’Assemblée nationale. Selon des confidences, le ministre d’Etat, Alain Yoda bien qu’occupé, aurait tenu à assister à cet événement important de la vie de la Nation.

Boureima SANGA, Alban KINI, Bachirou NANA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 27 mars 2009 à 15:46 En réponse à : TERTIUS ZONGO FACE AUX DEPUTES : Les temps sont durs, mais...

    Dans le fond cet exercice doit être revu à mon avis. En effet, au lieu de venir présenter à l’A.N. ce que le gouvernement a pu faire au cours de l’année écoulée (car c’est bien de cela qu’il s’agit), il aurait fallu que ce soit sur la base d’activités et de réalisations prévues dans tous les départements ministériels. Cela aurait permis de savoir qu’est-ce qui était prévu, qu’est-ce qui a été réalisé, qu’est-ce qui n’a pas été et pourquoi ? On me dira que le bilan est fait sur la base du programme du chef de l’Etat mais ce n’est pas exactement la même chose. Par exemple sur la securité le PM dit que "des brigades
    de gendarmerie, des commissariats de police et de postes de
    police frontaliers au nombre de 23 ont été construits". Que représentent 23 postes de sécurité sur l’échelle du pays ? Pourquoi pas 27, 30...? Et comme perspectives il dit vaguement "que ces constructions se poursuivront dans les années à venir" !!! La culture du résultat, ce n’est pas pour frimer, il faut l’appliquer dans tout son sens. Je salue néanmoins la franchise du PM au contraire de Paramanga qui était capable même de minimiser l’existence de la méningite ou l’incidence de la pauvreté.

    • Le 27 mars 2009 à 16:54 En réponse à : TERTIUS ZONGO FACE AUX DEPUTES : Les temps sont durs, mais...

      En cette situation de crise,en France et aux Etats Unis,l’Etat est en train de mettre de l’ordre et même interdire la distibution des bonus dans les entreprises et aux patrons.Mais au Burkina Faso,le ministere de l’économie et des finances continu de distribuer des bonus appelés Fonds Communs à ses agents.Depuis belle lurette les autres ministères ont toujours été ecartés de cette distribution de la manne de l’Etat.Pourquoi ne pas partager équitablement à tous les ministères ?Ou pourqoui ne pas donner un 13 ème mois à tous les agents de l’Etat burkinabe et supprimer l’inéquité des fonds communs ?
      Je demande à tous les journaux du Burkina faso de mener des enquêtes dans ce contexte de crise et de produire un article pour avoir la version de tous les foctionnaires burkinabé sur le partage des fonds communs.Je suis tout simplement pour une équité administrative et sociale.Que DIEU bénisse le Burkina Faso.
      Ecrit par un économiste.

    • Le 28 mars 2009 à 16:31 En réponse à : TERTIUS ZONGO FACE AUX DEPUTES : Les temps sont durs, mais...

      Je dis d’abord merci à mon prédécesseur qui a fait une bonne analyse sur le discours du premier ministre sur l’etat de la nation. En effet, l’action du gouvernement n’est pas mesurable par le peuple. Qu’elles sont les actions prévues dans chaque département ministériel ? Il y a tout un flou autour de ça. De plus, le gouvernement peut bien s’apprécier, mais, seul le peuple peut juger l’action du gouvernement. Ce que nous demandons, ce sont d’abord, les cahiers de charge de chaque ministère. Nous voudrions bien apprécier l’action du gouvernement mais ces éléments essentiels nous manquent. Donc, il faut que TZ nous apporte ces éléments.

  • Le 27 mars 2009 à 20:37, par Juristeprudent En réponse à : TERTIUS ZONGO FACE AUX DEPUTES : Les temps sont durs, mais...

    Le PM est à féliciter pour son action à la tête du gouvernement les réformes entreprises, le combat contre la corruption et la pauvreté, le rayonnement international du burkina etc. Mais quand il propose que le concours de la magistrature soit ouvert au économistes, je dirai tout simplement que ça n’aura aucun impact sur l’appréciation des infractions en matière économique, encore moins sur la qualité des décisions de justice. En effet, la tendance générale est à la spécialisation des magistats. Au lieu d’ouvrir le concours aux économistes, c’est mieux de spécialiser nos magistrats(comme on le voit ailleurs : juge des enfants ; juge des contrats ; magistrat spécialisé en matière économique etc.) parce que sans une bonne base en droit, les économistes ne seront que de mauvais magistrats, car pour toute décision de justice qu’elle soit en matière économique, sociale ou administrative, il faut une base juridique minimun sans laquelle elle s’apparentera à un simple communiqué. Le langage juridique est spécifique et aucun économiste aussi brillant soit-il, ne peut en deux années de formation, devenir un bon juriste, à moins d’avoir préalablement fait un bac+4 en droit en plus de son diplôme d’économiste. Des exemples comme A. WADE, Juriste et économiste existent, mais il est bon de savoir qu’ils ont fréquenté une seule faculté de droit et de Sciences économiques et ont obtenu au moins un diplôme dans chaque branche. Alors, la solution est ailleurs.

  • Le 27 mars 2009 à 22:27, par BOOBAK En réponse à : TERTIUS ZONGO FACE AUX DEPUTES : Les temps sont durs, mais...

    On aurait bien voulu avoir les impressions des députés des autres partis représentés a l’A.N car le CDP et l’ADF/RDA ne font qu’un en quelque sorte à en témoigner la stratégie politique de Gilbert président de l’ADF/RDA.
    J’aimerais bien savoir si cette autre corde sensible a été traitée dans le discours du P.M ? le rapport de la cour des comptes 2007 fait ressortir que des ministres et hauts placés de l’administration se sont faits octroyés illégalement 1,8 milliards de nos francs par la CNSS, ce qui est contraire à son éthique. Qu’en est-il ? Nul n’est sensé ignorer la loi
    Courage a Tertius ! Bien à vous !

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