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Discours sur la situation de la Nation : Un an après, l’état des lieux

Publié le jeudi 26 mars 2009 à 09h47min

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Tertius Zongo à l’AN le 27 mars 2008

Le 27 mars 2008, le Premier ministre, Tertius Zongo, prononçait son premier discours sur la situation de la Nation à l’Assemblée nationale. Son deuxième exercice de cette nature est prévu pour ce 26 mars 2009. Il intervient dans un contexte différent marqué par une accalmie sur le front social, l’ouverture de nombreux chantiers de développement, la crise financière, l’insécurité routière...

“Le Burkina Faso continuera d’avancer sereinement vers son destin de lumière”. C’est sur cette note d’optimisme que le Premier ministre, chef du gouvernement burkinabè, a terminé son discours sur la situation de la Nation prononcé à l’Assemblée nationale, le jeudi 27 mars 2008. Ce premier discours de Tertius Zongo sur la situation de la Nation est intervenu dans un contexte difficile. En effet, des manifestations violentes à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso... sous le prétexte de la vie chère avaient fini par installer le doute dans l’esprit de bon nombre de Burkinabè. Outre la crise alimentaire, des centaines de familles ont été endeuillées par la méningite. Cent onze districts sanitaires avaient franchi le seuil d’épidémie.

Les cours mondiaux des produits pétroliers volaient de record en record à la hausse. Et cela devenait de plus en plus intenable pour un pays comme le Burkina Faso. Le panier de la ménagère se dégarnissait de jour en jour, le chômage des jeunes persistant, les coupeurs de routes sévissaient etc.
Et les prévisions, les spéculations faites ici et là à travers le monde, laissaient croire que pour des pays comme le Burkina Faso, l’apocalypse n’était pas loin. L’intervention du Premier ministre était donc fort attendue. Qu’allait-il dire ? Au lieu de s’attendre à de bonnes paroles, à des propos revigorants et porteurs d’espoirs, les plus pessimistes, ceux pour qui le pays n’avait plus d’avenir, s’attendaient à ce que le Premier ministre dise l’absoute !

Tertius Zongo devait donc proposer des solutions à tous les maux du moment. Il lui fallait dire, prêcher la “bonne parole”. Ce genre de paroles qui donne encore plus d’espoir aux optimistes et qui invitent les pessimistes à se départir du fatalisme et à lutter pour des succès éclatants. Face aux députés, le chef du gouvernement avait donc reconnu que les temps sont durs certes, mais il avait surtout réaffirmé la volonté et l’engagement de son gouvernement à accompagner le peuple burkinabè dans sa quête de bien-être. Mais un an après, que peut-on retenir ?

Le deuxième discours du Premier ministre sur la situation de la Nation intervient dans un contexte plus clément (...) même si certains problèmes persistent. Il s’agit notamment du pouvoir d’achat des travailleurs en nette baisse par rapport au coût de la vie.

Même les 4% d’augmentation de salaires ne permettent pas à la majorité de joindre facilement les deux bouts. Les pays les plus puissants éternuant sous le poids de la crise économique, on ne peut que s’enrhumer ici au Faso. La crise est telle, qu’avec la dépréciation des principales devises internationales, l’investissement direct étranger dans des pays comme le Burkina Faso va prendre un coup. Les appuis budgétaires venus de l’Occident s’amenuisent comme une peau de chagrin. Au même moment, l’enseignement supérieur est marqué par la grève des étudiants puis des enseignants. Ceux-ci réclament de meilleures conditions de travail et un meilleur traitement salarial.

Un excédent céréalier sur fond de spéculation

L’énergie constitue toujours une préoccupation. Annoncée en grande pompe pour 2009, l’interconnexion Bobo-Ouaga tarde à se réaliser. La fin de ce projet est maintenant annoncée pour 2010. En attendant, bonjour les délestages avec leur lot de désagréments.

Même si les coupeurs de routes ont perdu du terrain, force est de reconnaître que la pratique est toujours d’actualité. Sur nos routes, les surcharges, le transport mixte, la vétusté des infrastructures et du parc automobile... continuent de faire des victimes... Mais, il existe de nombreux bonds positifs... Face à la crise alimentaire, le gouvernement avait appelé à un sursaut national. Les agriculteurs ont reçu du gouvernement de l’engrais et des semences améliorées, l’accent a été également mis sur la production du riz local. Le plan d’urgence a permis d’allouer plus de 51,4 milliards FCFA au secteur agro-sylvo-pastoral. C’est cela qui sous-tend l’excédent céréalier de plus de 700 000 tonnes.
La production du maïs a cru de 51%, le mil de 24%, le riz de 42%. Les cultures de contre-saison ont été encouragées et soutenues.

Aujourd’hui, même si les spéculations ont entraîné une flambée des prix des céréales, la disponibilité des productions est une réalité. Le Burkina Faso a dans le cadre de sa coopération avec les Etats-Unis d’Amérique, bénéficié d’un appui de taille avec le Millenium challenge corporation. De nombreux projets seront ainsi réalisés à travers le pays. Le pays a lancé de grands chantiers de construction d’infrastructures : les logements sociaux (même si pour certains le projet doit être amélioré), les échangeurs, les routes etc. Pays de culture, pays de services, le Burkina Faso, entre les deux discours de Tertius Zongo, a organisé de grandes manifestations : la Semaine nationale de la culture, le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Le pays a également organisé et réussi d’autres rencontres sous-régionales ou internationales.

Le front social

Sur le front social, il n’y a pas de nuages. Certes, les rencontres gouvernement/syndicats n’ont pas résolu toutes les préoccupations des travailleurs. Mais, le dialogue a permis d’éviter les débordements. Selon le classement de “Transparency international”, le Burkina Faso a perdu du terrain dans le hit parade des pays les plus corrompus au monde. Au même moment, la Banque mondiale reconnaît le pays comme l’un des 10 meilleurs réformateurs au monde en matière d’amélioration du climat des affaires.

Attendue depuis belle lurette, la convention collective de la presse (privée) a été signée. Il reste maintenant à veiller à ce qu’elle soit appliquée. Cela permettra à la presse qualifiée de “mal nécessaire” par certains, de se développer et d’accompagner le processus démocratique. Tertius Zongo devra poursuivre les actions de diminution du train de vie de l’Etat, notamment le contrôle des véhicules pendant les jours non ouvrables, la gestion du carburant, des factures d’eau, de téléphone et d’électricité. La bataille pour le bien-être des Burkinabè doit être renforcée.

La lutte contre la corruption doit être poursuivie et renforcée également. Les différents rapports produits à cet effet, ne doivent pas dormir dans les tiroirs.
Il s’agit d’une lutte de longue haleine et de tous les instants car le changement des mentalités ne s’opère pas en un tour de bras. En attendant, les Etalons (de football) ont renoué avec la victoire et cela, au bonheur de tous. Pourvu que cela dure. Pourvu également que ce nouveau discours du Premier ministre augure des jours heureux pour l’ensemble des Burkinabè. Enfin, cette adresse sur l’état de la Nation sonne au moment où le grand marché s’apprête à rouvrir ses portes.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhi@yahoo.fr

Sidwaya

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