C’est un rejet de Wade, de son système et de son projet par le peuple sénégalais », a déclaré Serigne Mbaye Thiam de la coalition « Benno Siggil Senegaal » (s’unir pour un Sénégal debout), un regroupement de 35 partis et organisations de la société civile.

Des informations pour le moment partielles et souvent partiales qui, si elles se vérifiaient, pourraient constituer les prémices d’une recomposition du paysage politique sénégalais. En tout cas, du côté de la coalition Sopi 2009, Makhtar Gaye, membre du comité électoral, a reconnu que « les tendances pour l’instant ne sont effectivement pas favorables au parti au pouvoir.

Les populations ont saisi cette opportunité en période de crise pour manifester leur mécontentement. Si ces tendances se confirmaient, a-t-il ajouté, que notre coalition et son chef, Abdoulaye Wade, en tirent les enseignements, notamment en relançant le dialogue politique ».

Bien que le scrutin ne soit que local, il avait valeur de test national, aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition, à l’approche de la présidentielle de 2012. Surtout que le président lui- même était descendu dans l’arène politique, parcourant le pays pour porter à bout de bras le message maintes fois rabâché du sopi, le changement, que, depuis son accession au pouvoir en 2000, les Sénégalais attendent.

Ainsi, pour certains, en s’impliquant comme il l’a fait, dans une élection qui ne le concernait pas, le chef de l’Etat sénégalais a transformé ce scrutin, a priori mineur, en véritable référendum sur sa politique et en plébiscite pour son fils. Fraîchement entré en politique, Karim Wade postulait pour la fonction de conseiller municipal à Dakar.

Tous deux auraient perdu dans les centres de vote où ils ont accompli leur devoir civique. Un véritable « désaveu » pour le père et une « claque magistrale » pour le fils, auquel on prêtait déjà des ambitions présidentielles. Mais rien n’est encore joué dans la capitale où, selon les libéraux, les résultats demeurent incertains.

Cela n’empêche pas les conjectures d’aller bon train, surtout dans le camp de l’opposition, où l’on exhorte déjà les tenants du pouvoir à faire correspondre la majorité électorale et les structures de gouvernement. On oublie sans doute que, malgré ses enjeux devenus nationaux, le scrutin de dimanche n’en reste pas moins local.

Et même si ses résultats officiels provisoires, attendus d’ici la fin de la semaine, confirment les tendances actuelles, on est encore loin des enjeux d’une présidentielle. Alors, en attendant la grande confrontation de 2012, cette victoire, si elle se confirme, permettra à l’opposition sénégalaise de se remettre en selle après sa déconvenue des dernières législatives.

Pour le pouvoir, il faudra peut-être y voir un avertissement sans trop de frais, un appel pressant à revoir le sopi.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga