LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

EMILE KIMA (Président du Comité de soutien à l’Accord politique de Ouagadougou) : "Le problème en Côte d’Ivoire, c’est la carte de résidence"

Publié le jeudi 19 mars 2009 à 23h32min

PARTAGER :                          

Le processus d’identification et d’enrôlement en Côte d’Ivoire ne concerne que les Ivoiriens et les étrangers légalement naturalisés Ivoiriens. C’est en substance les propos du président du Comité de soutien de l’Accord politique de Ouagadougou (APO), Emile Kima, à l’endroit de ses frères Burkinabè et des pays de la CEDEAO vivant en Côte d’Ivoire. Il le dit à travers des meetings d’information et de sensibilisation sur le territoire ivoirien. Nous l’avons rencontré à Abidjan à l’issue d’une de ses tournées.

"Le Pays" : Qu’est-ce qui explique ces tournées que vous entreprenez depuis quelque temps sur le territoire ivoirien ?

Emile Kima : En tant que président du Comité de soutien de l’APO et leader d’opinion, il est de mon devoir d’apporter la bonne information à mes compatriotes et à mes frères ressortissants de la CEDEAO. La raison est que beaucoup d’entre nous sont mal informés. Il faut leur dire ce qu’ils ont le droit ou pas de faire. Ces tournées se situent dans le cadre de la paix. Il faut relever que dans tout ce qui compliquait la situation des Burkinabè il y avait la carte de séjour qui a été supprimée. Je suis en train de me battre pour le certificat de résidence qui est un faux problème. Je profite également pour parler de l’enrôlement qui est un sujet sensible en Côte d’Ivoire.

Il ne concerne que les Ivoiriens et ceux qui sont naturalisés de manière légale. Cela veut dire que chaque pays a ses lois, et si vous les respectez vous n’avez aucun problème. En parlant de paix et de réconciliation, je dis à mes frères de l’Afrique de l’Ouest de ne plus avoir de haine mais de l’amour dans leur coeur pour vivre en parfaite harmonie avec nos frères Ivoiriens. Au cours de nos rencontres, nous abordons aussi les problèmes fonciers qui existent depuis longtemps. Ce n’est pas dans la violence qu’on pourra les régler, mais dans le dialogue.

Pensez-vous que les ressortissants de la CEDEAO ne savent pas qu’ils ne sont pas concernés par les opérations d’enrôlement et qu’il faut les sensibiliser sur le sujet ?

Nous devons les sensibiliser, parce qu’il y des Burkinabè, des Maliens, et bien d’autres qui ne le savent pas et vont se faire enrôler et sont appréhendés. Ils se laissent manipuler par certaines personnes et établissent de faux papiers. Je suis contre cette pratique parce que chacun doit être fier de ses origines. Mais la personne qui est naturalisée de manière légale bénéficie du même droit que l’Ivoirien et doit se faire enrôler.

Il est dit que vous menez ces actions au bénéfice du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire et de son président de la République afin de préparer sa victoire aux prochaines élections

Je ne travaille ni pour le président Laurent Gbagbo, ni pour le président Blaise Compaoré. Je suis un leader d’opinion qui dit ce qu’il voit et ce qui arrange sa communauté. Mais j’ai le droit de dire merci à Laurent Gbagbo, parce qu’il a supprimé la carte de séjour. Dès l’instant où le président Laurent Gbagbo pose un acte dans le cadre de la paix, nous devons le soutenir. Il est le président de tous les Ivoiriens et de tous les étrangers vivant sur le territoire national. Si c’est le parti au pouvoir qui peut régler nos problèmes, pourquoi nous n’allons pas le soutenir ? Mais j’affirme que nous ne soutenons aucun parti politique. J’ai toujours dit à notre communauté que tous ceux qui sont naturalisés de manière légale sont libres de voter pour le candidat de leur choix. Il faut relever tout simplement que la Présidence de la république ivoirienne m’encourage pour le plus que j’apporte à la paix. J’ai aussi les encouragements du président du Faso, Blaise Compaoré, facilitateur de l’Accord politique de Ouagadougou et j’ai les félicitations de son représentant en Côte d’Ivoire et de notre ambassadeur.

Malgré tout, des Burkinabè sont toujours victimes de tracasseries

Il faut que nos compatriotes disent aussi la vérité parce qu’il y a moins de tracasseries que par le passé. Le véritable problème aujourd’hui, c’est le certificat de résidence et nous nous battons pour le supprimer. Pour ce qui concerne les tracasseries, il faut reconnaître que dans la société, il y a toujours des brebis galeuses, mais nous avons confiance aux autorités ivoiriennes qui sont en train de se battre pour écarter ces brebis galeuses qui ne font que salir l’image de la Côte d’Ivoire. Dans le cadre de l’Accord politique de Ouagadougou qui marche sans avoir atteint la vitesse de croisière, il faut qu’il y ait une confiance entre les forces de défense et de sécurité et les Forces nouvelles. Au cas où cette confiance n’est pas à cent pour cent, je propose que le facilitateur envoie un contingent burkinabè, parce qu’en Afrique on dit souvent que beaucoup de viande dans la sauce ne la gâte pas. Ce n’est pas mauvais, puisque nous roulons tous pour la paix.

Dès que la date des élections sera connue, quel sera votre rôle dans le processus ?

Au moment opportun, je vais me prononcer en tant que leader d’opinion et j’ai le droit. Je suis un citoyen de ce pays et j’ai mon mot à dire pour le plus que j’apporte à la paix.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 mars 2009 à 18:53, par la conscience En réponse à : EMILE KIMA (Président du Comité de soutien à l’Accord politique de Ouagadougou) : "Le problème en Côte d’Ivoire, c’est la carte de résidence"

    monsieur Kima, un leader d’opinion est à l’écoute de son opinion. Si vous estimez que nos compatriotes ne disent pas la vérité alors je ne suis pas d’accord avec vous.
    La politique de l’autruche ne nous avancera pas à grand chose. Aujourd’hui encore comme hier, nos compatriotes subissent des brimades de la part des forces de l’ordre avec estorcation d’argent et de biens divers.
    Alors si vous tenez un tel langage, je serai tenté de vous ranger du côté des politiciens (ce que vous niez apparemment). Votre combat est noble, mais restez vous même, restez avec la base constituée à majorité de personnes non instruites qui ne peuvent se défendre face à ces brébis galeuses qui existent au sein des forces de l’ordre.
    Je soutiens qu’ils ne mentent pas, ces compatriotes.
    Je soutiens aussi que la persistance des rackets ne remet pas en cause votre action.

    • Le 23 mars 2009 à 01:30, par wend waoga En réponse à : EMILE KIMA (Président du Comité de soutien à l’Accord politique de Ouagadougou) : "Le problème en Côte d’Ivoire, c’est la carte de résidence"

      Quand mr Kima dit que les tracasseries ont diminué,je le crois pas,parceque quand on est habitué au gain facile,il est difficile d’arreter de soi-meme,tant qu’on n’y est pas obligé.C’est comme de la drogue.Et je vois mal des gens qui depuis des années arrondissent leur fin de mois grace aux racketages arreter comme ca,comme par coup de baguette magique.Et le problème,ce sont les victimes elles-meme !Elles ne font aucun effort pour sortir de leur situation.Il est quasiment impossible de leur faire comprendre que rien que la CIB suffit largement pour qu’elles entrent en Cote d’Ivoire sans etre emmerdé.Personnellement,à Ferkessedougou,j’ai assisté à une scène qui se déroulait entre un groupe de personnes,probablement des commercants,et un monsieur que je vois souvent dans certains films burkinabè et qui était du voyage aussi.Je n’ai pas tout entendu de ce que l’acteur en question a dit,mais voilà ce que j’ai entendu :"il y a combien de wagons voyageurs ?Admettons que chaque wagon contienne 50 passagers,faites la somme de tout et voyez votre nombre par rapport à celui des policiers,gendarmes et douaniers confondus,ils n’atteignent meme pas la moitié !Si vous vous mettiez d’accord pour dire non,qu’est-ce qu’ils peuvent vous faire ?"Comme réponse,l’un des gars en question lui avait dit ceci :"On comprend ce que tu dis-là,mais vois-tu ?tels que tu les vois-là,ils ne sont pas payés !",et l’acteur de leur retorquer"ah !bon,et c’est vous qui avez assez d’argent pour jouer le role de la nation ivoirienne à sa place ?"Sur ces entrefaits,l’acteur s’en alla,visiblement agacé.Quand il fut loin,les commercants on commencé"une fois que ca a fait un brin d’école,ca se prend pour le plus grand connaisseur du monde !",et un autre de renchérir,"qui va accepter mettre ses affaires en retard à cause de 2 ou 3malheureux mille francs ?".Les propos de l’acteur ont suscité en moi une curiosité et je me suis mis à compter les wagons,et ils étaient au nombre de 13 !Et tous pleins,en tout cas,je n’avais pas de place assise dans celui où j’étais.Ceci,pour dire que tant que les intéressés eux-meme ne sont pas sensibilisés à la hauteur de leur ignorance,l’état aura beau se démeler,les rackets ne s’arreterons pas !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique