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Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

Publié le jeudi 19 mars 2009 à 00h38min

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Et l’histoire se répète à Madagascar : sous la pression de la rue, le palais présidentiel a changé de locataire. Ainsi, en l’espace de deux mois, à la vitesse d’un train à grande vitesse (TGV), Andry Rajoelina, le maire déchu d’Antananarivo, a rondement mené son combat contre Marc Ravalomanana qu’il a supplanté aux commandes de l’Etat le mardi 17 mars 2009.

Pour y parvenir, il a bénéficié de l’appui de ses partisans mais surtout du soutien, déterminant, de l’armée. Ce bouleversement au sommet de l’Etat a été constaté et très rapidement avalisé par la Haute cour constitutionnelle du pays.

Refusant de démissionner en bonne et due forme, Ravalomanana avait transféré tous ses pouvoirs à un directoire militaire. Lequel directoire s’en est aussitôt dessaisi en les léguant intégralement à l’opposant Rajoelina. Un vrai coup d’Etat en fait qui ne dit pas son nom, car la grande muette a beaucoup contribué à précipiter la chute du chef de l’Etat, en occupant le palais présidentiel et en refusant de lui obéir. Bien que les faits soient têtus, les nouvelles autorités de la grande île ne les voient pas sous cet angle.

Pour elles, il ne s’agit pas d’un coup de force, puisque le pouvoir n’est pas géré par des hommes en treillis. Certes ! Mais celui qui est à présent aux affaires est loin d’être le dauphin constitutionnel du président Ravalomanana ! En effet, si les dispositions constitutionnelles avaient été appliquées, les rênes du pouvoir seraient entre les mains du président de l’Assemblée nationale (celui-là même qui a fait allégeance à Rajoelina bien avant la chute de Marc). Dans d’autres pays, la vacance définitive du pouvoir pour quelle que raisons que ce soit, est comblée par le vice-président ou le président du Sénat.

Qu’à cela ne tienne, c’est un jeune de 34 ans qui est à la tête d’un comité transitoire pour au plus 24 mois. Et il est condamné à n’être qu’un président de transition ou alors de procéder à un tripatouillage de la Constitution pour s’installer durablement dans le fauteuil suprême.

Que ceux à qui son âge pose problème se souviennent de cet adage qui dit qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Certes ! Mais on a beau être bien né, il y a des charges qui sont si lourdes à porter et des fonctions pas si simples à exercer. Depuis mardi dernier, c’est un fait tangible que le pouvoir a changé de main à Tana. Les condamnations de principe de l’Union africaine n’y pourront rien. La communauté dite internationale, elle, s’accommodera de la situation.

Maintenant qu’André Rajoelina tient sa chose, reste à savoir ce qu’il en fera. On imagine qu’il a beaucoup d’idées derrière la tête et qu’il n’est pas venu au pouvoir avec pour seul programme de gouvernement sa haine viscérale à l’égard de son prédécesseur. Toute la jeunesse de son pays compte à présent sur lui, chacun espérant qu’il remettra la nation sur les rails du développement, en menant une lutte implacable contre la pauvreté, l’analphabétisme et tous les autres maux qui empêchent les Malgaches d’avoir foi en l’avenir.

Comme le maçon, le jeune président est au pied du mur. Seulement, il ne pourra répondre aux attentes légitimes du peuple que s’il s’entoure de personnes compétentes, dévouées et patriotes.

Quant à Marc Ravalomanana, il a lamentablement loupé le coche, lui qui, sept ans plus tôt, avait été conduit à la présidence grâce à l’intrépidité d’une foule en liesse. Si ce même peuple l’abandonne aujourd’hui, c’est que le président a déçu. On reproche surtout à ce Berlusconi tropical de n’avoir pas fait la part des choses entre la gestion de l’Etat et celle de ses entreprises.

Marc peut donc raisonnablement s’en mordre les doigts. Et des regrets, il en aura toute sa vie pour n’avoir pas su prendre courageusement certaines mesures ou revenir sur des décisions quand il le fallait surtout lorsque le différend est né entre lui et son opposant qui commençait à lui donner des insomnies. Dès le départ, le président a manqué de poigne mais surtout de tact et cette erreur ou absence de stratégie et de clairvoyance lui a coûté son fauteuil.

En l’espace d’à peine un an, on a l’impression d’assister à un printemps des changements ou d’alternances non constitutionnels au sommet de quelques Etats du continent africain. Le ton a été donné aux Comores puis a fait tache d’huile en Mauritanie. La Guinée-Conakry, la Guinée-Bissau et Madagascar se sont engouffrées dans la brèche.

Entre-temps, on a enregistré des velléités de changement de ce genre en Guinée-Equatoriale. Et Dieu seul sait ce que nous réserve l’avenir surtout qu’en ce temps de crise financière et alimentaire, les menaces de troubles sociaux et politiques sont bien réelles, et nul ne peut prévoir à quoi elles vont aboutir. 20 ans après le fameux sommet de la Baule, la mayonnaise de la démocratie semble n’avoir pas véritablement pris en Afrique.

Bis repetita à Madagascar donc. Le destin de Ravalomanana doit donner à réfléchir non seulement à Rajoelina mais aussi à tous les autres dirigeants africains. D’importantes leçons sont à tirer de la gloire et de la chute de ce président. Mais il n’est pas sûr qu’ils en tirent quelque chose.

D’ailleurs, comme le dit le philosophe, l’histoire nous a toujours appris que les gouvernants n’ont jamais rien appris de l’histoire. Mais, inexorablement, la roue de l’histoire tourne et c’est tant pis pour celui qui met le doigt dans l’engrenage infernal.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 19 mars 2009 à 01:15 En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    La jeunesse du president ne semble pas poser problème à mon sens, rappelons nous quand au Burkina de jeunes capitaines prenaient le pouvoir ils avaient eux aussi la trentaine. On nous dira peut être que la revolution a échoué du fait de la jeunesse de ses dirigeants ; cette reponse est fausse car on sait que les forces qui gravitaient autour de la revolution au Burkina ne pouvaient rien favoriser.
    A Madagascar c’est à quelque chose près la même chose tant les gourous de l’ancien système vont rester autour on peut être sûr de l’échec. Or intérêt oblige il faut s’attendre à des retournements de vestes et c’est à ce niveau que le danger guette le jeune president.

  • Le 19 mars 2009 à 06:16, par henry clay En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    le desordre est total en afrique. la rue prend le dessus sur la constitution. des militaires s’erigent en juges et connaisseurs de la loi, refusent toutes formes de referendum et investissent le pouvoir d’Etat en un individu qui n’est meme pas qualifie de par la loi a etre president. je suis decu par la maneuvre des militaires.

  • Le 19 mars 2009 à 09:38, par beogo En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    Pourquoi refaire une constitution et des élections si par la rue on peut accéder au pouvoir ?
    Il faut commencer par respecter la loi fondamentale existante avant de refaire une autre sinon ne demandez pas aux autres de respecter celle que vous mettrez en place.
    Pourquoi en Afrique on est toujours entrain de recommencer les choses ? il n’y a pas de continuité. Il y a des pays où il n’y a jamais eu de passation de services au sommet de l’état. c’est alarmant

    • Le 19 mars 2009 à 15:59, par OUEDBOU En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

      Mon ami tu sais bien pourquoi les coup de force, peut être que tu fais semblant.Je te rappelle donc que c’est parce que ceux qui sont au pouvoir violent directement ou indirectement la constitution. Le resultat est donc la prise de pouvoir par la rue.A bon entendeur salut !

  • Le 19 mars 2009 à 12:51, par salfo En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    Courage au president montant sa jeunnesse n’influencera pas sa façon de diriger le pays car ne dit on pas la valeur n’attend pas le nombre d’année ? et de toute facon quand ça ne va pas dans un pays et que les ainés ne savent plus que preserver leurs propres interets il faut bien des jeunes vaillants qui sont proches du peuples pour rectifier le tir.c’est domage que la democratie reste toujours ambriyonnaire parce que les chefs d’Etats ne savent pas tous simplement se mettre au diapason du systeme occidentale qui se veut evolutif et innovateur.C’est la raison profonde de certaines reactions de la part des jeunes qui sont mieux impregnés de la mauvaise gouvernance dont ils en soufrent.
    le nouveau locataire de la presidence poura diriger la grande Iles.

  • Le 19 mars 2009 à 14:28 En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    Et maintenant on fait quoi ?
    Il vient de nous le faire savoir : annulation du parlement (assemblée et Sénat).... Trop fort !
    Comme cela il n’a personne devant lui, deux ans pour faire ce qu’il veut. Cela ressemble à tout ce que l’on veut mais pas à de la démocratie.... ou alors on n’a rien compris au film.
    Et il ose dire que le peuple prend et reprend ; on verra à l’avenir si ceci s’applique aussi pour lui. Encore une bien triste image donnée de l’Afrique.
    Qu’on nous le dise clairement en haut lieu : la démocratie n’est pas faîte pour vous, Peuples, mais pour nous, chefs d’ETAT !!
    Je serai curieux de connaître la fortune de ce nouveau "président" maintenant et au moment où il quittera le pouvoir !......

    le frère

  • Le 19 mars 2009 à 16:57, par le fou En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    on fait quoi, mais il faut s’attendre à un désordre, comme dans une fiction andy va nous faire toutes les couleurs, pauvre Afrique, n’importe quel quidam peut aller voir l’armée et on prend le pouvoir pour lui. ce qu’il s’attendre c’est aussi les règlement de compte, les partisan de l’autre camp.

  • Le 19 mars 2009 à 19:21, par NIK En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    Bon vent au nouveau président. Si un soulèvement populaire t’a conduit au fauteuil, c’est que le peuple te soutient. Surtout ne confond pas la gestion du pouvoir et ta propre entreprise. Si non tu tomberas dans le meme colimateur que ton prédécesseur et c’est pas des jeunes dynamiques qui mankent à la grande ille.

  • Le 19 mars 2009 à 20:28, par Karim En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

    Beogo, trouves-tu négatif l’accès au pouvoir par Rajoelina ? Il est vrai que les lois et constitutions doivent être respectées. Cependant pour une fois le peuple est celui qui a vraiment fait son choix. N’est-ce pas pour le peuple que ces dites lois sont érigées ? Comble du bonheur, transition ordinaire ou pas, la prise du pouvoir s’est faite sans effusion de sang. Si un leader manque à son devoir, il revient au peuple ou à tout individu de l’état en cause d’oeuvrer à ce que la voix du peuple retentisse pour que les intérêts de ce peuple soit préservés. Ce qui se passe aujourd’hui en Madagascar est un nouveau point de la leçon sur la politique africaine. Un point qui pourrait devenir un chapitre important, vis-à-vis du comportment futur de Raojoelina. Comme il l’est dit plus haut, de lourdes charges attendent ce jeune "president". Par le peuple il est venu et par le peuple il restera à condition qu’il se montre digne de ce choix. N’attendons cependant pas trop de changements radicaux de la part de Rajoelina, mais espérons néanmoins un pas vers la libération et l’épanouissement du peuple malgache en voix vers un developpement durable. Obama est arrivé comme le "sauveur et l’unificateur" d’une Amérique qui ne se reconnaissait plus. Aujourd’hui certaine langues commencent déjà a douter de ces compétences ou à mettre en questions ces décisions. Ils ont déjà oublié qu’il est celui qui a pu rallier plusieurs factions divergentes autour d’une seule idée : le renouveau et la prospérité des USA et du peuple amériains. Ils ont en outre déjà oublié qu’il a hérité d’une situation catastrophique et qu’il lui est demandé presque l’insurmontable : palier à 8 ans de décadence politique et économique . Bref, nous devrons être indulgent à l’égard de Rajoelina dans ses débuts et souhaitons lui bon vent pour qu’enfin un air réel de démocratie et d’épanouissement plane sur une partie de notre chère continent. J’ai grand espoir que Madasgacar montrera la route au reste du continent. Espérons que cette espoir n’aille pas finir comme tous ceux que nous avons déjà eu pour notre chère Afrique, c’est-à-dire brisé. Toutes mes excuses pour le long post.

    "Honte à celui qui ne fait pas mieux que son père" ! (Tom Sank)

    • Le 20 mars 2009 à 06:33 En réponse à : Andry Rajoelina président : Maintenant on fait quoi ?

      Le probleme c’est que l’occident fera tout pour qu’il echout et apres ils diront "on le savait"...c’est dommage que nos leaders Africains n’aient pas encore compris que la majorite des pays de l’occident n’ont que des interets en Afrique. Souvenez vous du genoccide rwandais...abandones a lui seul pour regler ses problemes d’ethnies...what a shame !

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