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Madagascar : Les militaires vont-ils terminer la manœuvre ?

Publié le jeudi 12 mars 2009 à 23h52min

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Depuis le 26 janvier dernier, la Grande Ile est plongée dans une crise sociopolitique, qui ressemble à s’y méprendre aux funestes jours de 2002 lorsque s’affrontaient le président Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana, alors maire de la capitale. Ironie de l’histoire, c’est en tant que président de la République aujourd’hui que Ravalomanana a maille à partir avec un de ses successeurs à la mairie de Tana, le jeune Andy Rajoelina.

Avec déjà une centaine de vies abrégées, c’est une lapalissade que d’affirmer que Madagascar est entrée dans le courant impétueux des eaux de la violence avec ce combat de gladiateurs pour le pouvoir d’Etat que se livrent ces deux personnalités. Véritablement, à y voir de près, les protagonistes de la crise malgache semblent avoir opté pour une voie sans issue, privilégiant un éventuel pourrissement de la situation au grand dam d’une armée qui veille au grain et qui se veut républicaine.

Dans cette situation où la confusion est reine, les ministres sont ballottés au gré des humeurs du président de la République. Son opposant, Rajoelina, condamné qu’il est par la constitution, qui le rend inéligible à la présidence parce qu’à 34 ans, il n’a pas encore l’âge requis pour postuler à la magistrature suprême, continue de réclamer avec entêtement son départ. De l’autre côté de l’Atlantique, il y a l’amiral Ratsiraka qui, de son exil français, semble n’avoir pas encore dit son dernier mot.

Cela, d’autant plus que même si le pouvoir ne semble plus à sa portée, il entend régler l’affront subi en 2002, en soldant ses comptes avec Ravalomanana. C’est dans ce contexte de tension extrême que la présidence sénégalaise a indiqué dans un communiqué qu’une fois de plus le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a été sollicité pour une médiation entre les deux parties.

On se souvient en effet que, le 18 mars 2002, avait été signé à Dakar un accord par les protagonistes de la crise malgache de l’époque, à savoir le président Didier Ratsiraka et son opposant d’alors, Marc Ravalomanana pour un retour de la paix. C’était de grandes retrouvailles pleines d’émotions au cours desquelles il nous avait été donné de voir Ratsiraka et Ravalomanana, les deux ennemis d’hier, se donner une chaude accolade en « toute fraternité ».

Le coup d’essai de Wade avait permis à la Grande Ile de renouer avec la paix, puisque le 29 avril 2002, la Haute cour constitutionnelle de Madagascar, dans sa nouvelle composition, proclamait Marc Ravalomanana élu au premier tour avec 51,46% des voix contre 35,94% à Didier Ratsiraka. Et le 6 mai, Ravalomanana était officiellement investi président de la République.

Alors peut-on s’attendre à voir le successeur d’Abdou Diouf réussir un nouveau coup de maître ? Véritablement, le doute est permis, car, si en 2002, les deux protagonistes de la crise malgache semblaient animés d’une réelle volonté de dialogue, de nos jours, le président Marc Ravalomanana et le jeune Andy semblent plus préoccupés à en découdre qu’à parvenir à une paix des braves.

Ce n’est certainement pas du tout fortuit si la publication, par la presse sénégalaise, de la disponibilité du président Wade à entamer un nouveau round de négociations entre les deux parties a, dit-on, provoqué de vives réactions de la part des deux camps en lutte pour le contrôle du pouvoir d’Etat sur la Grande Ile au point que le quotidien national d’informations générales de Madagascar La Vérité s’est vu obligé de publier un démenti cinglant disant qu’aucune des deux parties engagées dans la crise sur la Grande Ile n’a sollicité la médiation de Me Abdoulaye Wade. Wade n’a donc pas été sollicité, et apparemment du côté de Madagascar, on ne veut pas de sa médiation.

Alors, même animé de la plus grande témérité, le président sénégalais aura-t-il la force morale nécessaire pour entreprendre des négociations alors qu’il apparaît clairement désavoué par les deux parties belligérantes ? Assurément non. Ainsi, à Madagascar on ne veut pas d’une solution négociée, préférant peut-être laisser les militaires terminer la manœuvre.

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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