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Démocratie africaine : L’équation malgache

Publié le jeudi 12 mars 2009 à 00h20min

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Sous la menace de l’armée de prendre ses responsabilités pour faire fonctionner les affaires nationales, le président Marc Ravalomanana accepte un dialogue national pour sortir de la crise.

Cette assise qu’il propose n’est pas du goût de son principal adversaire, le maire déchu de la capitale Andry Rajoelina et des autres acteurs de l’opposition politique.
Acculé par l’armée et face au refus de la main tendue de son opposition, le président malgache ne semble pas avoir la recette magique pour mettre fin à la crise qui secoue son pays depuis décembre 2008.

Si la reconnaissance par lui-même de ses erreurs constitue une avancée, le refus de communication entre les deux protagonistes a contribué à pourrir la situation, au point de la rendre intenable aujourd’hui.
L’ultimatum de l’armée semble produire les effets escomptés en ramenant les protagonistes à la raison. Mais le refus de la main tendue du président par l’opposition n’est pas de nature à faciliter le processus de retour à la normale. Le risque de voir une rupture du processus démocratique avec l’avènement d’un régime militaire, même provisoire, n’est pas exclu. Madagascar semble à un point de transition politique dont la nature dépend du comportement des décideurs politiques des deux bords.

Il est peut-être temps d’oser une transition consensuelle avec un gouvernement d’union en opérant une distribution et redistribution du pouvoir et des ressources entre le parti au pouvoir et les partis d’opposition. Une telle approche a l’avantage de préserver l’essentiel et de sauver la face des protagonistes en instaurant une dynamique gagnant–gagnant (…politique !).

Même si les recettes kenyane et zimbabwéenne ne sont pas du goût de tous les observateurs et analystes politiques, les Malgaches devront s’en inspirer pour éviter à leur navire de chavirer.
Toute intervention de l’armée n’est pas de nature à donner la démocratie malgache pour exemple (…). Elle incarnera une rupture au goût très amer à cause de la recherche effrénée de l’intérêt personnel par les protagonistes de tout bord. Une telle intervention n’est pas sans incidence sur l’image de la démocratie africaine déjà écornée par les errements de nombreux pays.

La prise du pouvoir par l’armée n’est d’aucun avantage ni pour le parti au pouvoir, ni pour les partis d’opposition, encore moins pour le processus démocratique en expérimentation difficile sur la Grande Ile. Il revient aux acteurs politiques d’assumer leurs responsabilités en saisissant cette opportunité critique pour se parler, dialoguer et s’entendre sur le minimum : donner une chance à la démocratie.

Loin d’être une démission, il s’agit là d’un acte qui contribuera à les grandir et à montrer leur amour pour leur pays, pour son peuple et pour ses hommes qui souffrent dans leur chair.
L’Afrique a besoin de dirigeants capables de s’oublier pour servir et non se servir. L’exemple viendra-t-il de Madagascar ? L’école malgache saura-t-elle être digne et inspirer toute l’Afrique ? Le futur proche nous donnera la suite.

Ibrahiman SAKANDE (Email : sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 mars 2009 à 03:32 En réponse à : Démocratie africaine : L’équation malgache

    La democratie est en panne dans plusieurs pays africains au point que parfois les coups d’etat peuvent être liberateurs ; quand dans un pays des pans entiers de l’economie sont detenus par les tenants du pouvoir, quand on refuse d’ecouter les cris de detresse de son peuple il n’y a pas meilleure solution que l’intervention de l’armée pour redonner au peuple sa dignité. Dans certains pays encore l’armée nationale existe mais pour d’autres c’est une armée de famille ou de clan. Vivement que les armées nationales libèrent les peuples asservis et bagnonnés.
    La patrie ou la mort nous vaincrons

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