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Mini-sommet de la CEDEAO : Gbagbo s’engage à collaborer

Publié le vendredi 14 novembre 2003 à 10h34min

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Le président du Faso, Blaise Compaoré, a participé, le 11
novembre 2003 à Accra (Ghana), au mini-sommet de la
Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) convoqué par le Ghanéen John Kufuor, président en
exercice de cette institution d’intégration sous-régionale. Ce sommet a tenté de trouver une solution à la crise ivoirienne.

Une crise qui s’est aggravée avec le départ du gouvernement de réconciliation nationale, des "Forces nouvelles", au motif que le président ivoirien, Laurent Gbagbo, n’a pas respecté ses engagements en ce qui concerne les accords de Marcoussis signés le 24 janvier 2003 en France. A la fin des travaux, les chefs d’Etat ouest-africains ont invité les ministres des "Forces nouvelles" à réintégrer immédiatement le gouvernement de réconciliation nationale. Le président Gbagbo s’est engagé seulement à collaborer avec le Premier ministre pour appliquer le programme de gouvernement de réconciliation nationale.

Après un huis clos qui a duré trois heures d’horloge (de15 h à 18h), aucun des sept chefs d’Etat , que ce soit le Ghanéen John Kufuor, le Burkinabè Blaise Compaoré, le Nigérian Olusegun Obasanjo, le Togolais Gnassingbé Eyadema, le Nigérien Mamadou Tandja, l’Ivoirien Laurent Gbagbo ou le Béninois Mathieu Kérékou qui prenaient part au mini-sommet de la CEDEAO consacré officiellement à "une revue de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest", mais dont la plupart des débats ont porté sur la situation en Côte d’ivoire, n’a fait de déclaration à la presse à sa sortie.

Quelques dix minutes environ avant la fin de la réunion, le Nigérian Olusegun
Obasanjo a quitté la salle, l’air grave et pressé. Il a été suivi de son homologue béninois Mathieu Kérékou. Que se passait-il dans la salle de réunion ? "Les chefs d’Etat Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo vont se dire les quatre vérités", titrait, ce jour-là, un journal ivoirien, dans sa livraison du jour. Tout laissait penser que "les travaux se déroulaient dans une ambiance très difficile ".

Atmosphère tendue

Ce sommet a été qualifié d’Accra III, étant donné que c’est la troisième fois qu’une rencontre de ce genre est convoquée
dans la capitale ghanéenne, pour tenter d’instaurer une paix
définitive à la Côte d’ivoire. Le processus de paix en Côte
d’ivoire est, comme on le sait, dans l’impasse depuis que les ex-rebelles ont suspendu la participation de leurs ministres le 24 septembre dernier au gouvernement de réconciliation nationale pour protester contre les différents blocages dans l’application des accords de Marcoussis orchestrés selon eux par le camp présidentiel. D’autres ont vu en cette rencontre celle "de la dernière chance".

Des absences remarquées à ce sommet : celles des "Forces
nouvelles" et des partis ivoiriens signataires des accords de Linas-Marcoussis. Si ceux-ci ont été présents à Accra, Seydou Elimane Diarra, le Premier ministre du gouvernement de réconciliation nationale de Côte d’ivoire, pour sa part , a effectué le déplacement.

Mais comme il a lui-même confié à la presse burkinabè, à l’issue d’un bref entretien avec le président burkinabè avant la réunion ( il n’y a pas assisté) : "Je ne connais pas l’ordre du jour du sommet. Il nous faut sortir de cette situation ( de crise) qui n’a que trop duré. Toutes les pistes sont à explorer. Et c’est pourquoi il ne faut éviter personne, aucune des parties. J’espère qu’avec la présence de Blaise Compaoré, nous saurons saisir le bon bout".

"On veut la paix, rien que la paix"

Etait également présent au mini-sommet, Albert Tevoedjre,
président de la Commission internationale de suivi des
accords de Marcoussis, qui, dans la matinée, allait d’un pavillon à un autre de La-Palm Royal Beach Hôtel qui accueillait les chefs d’Etat. C’est dans une salle de ce même hôtel que le huis clos s’est déroulé. Après avoir rencontré le président Blaise Compaoré, M. Tevoedjre n’a eu d’autres mots à dire à la presse burkinabè que : "On veut la paix, rien que la paix". Les participants sont-ils parvenus à des avancées significatives pour permettre au gouvernement de réconciliation nationale de se remettre au travail ?

Selon le communiqué final, ils se sont séparés, après avoir
obtenu du président ivoirien, Laurent Gbagbo, seulement son
engagement à collaborer avec le Premier ministre pour
appliquer le programme de gouvernement de réconciliation
nationale.
Les chefs d’Etat ont invité le président ivoirien à prendre des
mesures concrètes et immédiates de sorte que Seydou
Elimane Diarra dispose de toutes les prérogatives de l’exécutif,
dans le cadre délimité par la constitution ivoirienne , pour mettre
en oeuvre les accords de Marcoussis.

Seydou Diarra disposera-t-il de toutes les prérogatives ?

Ils ont invité les ministres des "Forces nouvelles" à réintégrer
immédiatement le gouvernement de réconciliation nationale et à
contribuer à la restauration de la paix et de la réconciliation
nationale.

Pour assurer la sécurité des membres du gouvernement,
notamment ceux issus de l’ex-rébellion, 80 gendarmes
supplémentaires vont être déployés par le Togo et le Niger
dans le cadre de la force de paix en Afrique de l’Ouest.
Les dirigeants ouest-africains ont par ailleurs rappelé à la
classe politique ivoirienne sa responsabilité dans les excès
des médias et demandé aux partis contrôlant lesdits médias à
prendre des mesures nécessaires pour qu’ils respectent le
code de déontologie de leur profession.

Ils ont invité les différentes milices et autres bandes armées à
engager immédiatement un processus de regroupement, de
démobilisation et de désarmement sous le contrôle de la
CEDEAO et des forces françaises.
Pour l’intérêt supérieur de la Nation, les partis politiques
ivoiriens devront prendre acte des nominations aux postes des
ministères de la Défense et de la Sécurité.

Ils ont invité le Conseil de sécurité des Nations unis à revoir la
possibilité d’augmenter la puissance des forces internationales
en Côte d’ivoire en les transformant en force de maintien de la
paix.

Vers 18h15mn, tout juste avant que chaque président ne
s’engouffre dans une voiture pour regagner l’aéroport
international Kotoka, Laurent Gbagbo, tout sourire, a lancé à
Blaise Compaoré : "Tu travailles demain , OK ! Je t’appelle". Et
Blaise lui a rendu le sourire, qui semblait signifier qu’il a pris
bonne note.

Par Cheick Beldh’or SIGUE (envoyé spécial à Accra)
Le Pays

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