Ce n’est pas tout ça, mais le Fespaco, c’est vraiment quelque chose, quoi ! Et cette 21e édition de la biennale du cinéma africain mérite bien un scénario du tonnerre, pour revisiter les scènes et séquences d’une belle histoire, qui aurait pu être plus belle encore. Ce ne sont pas les festivaliers, venus du bout du monde, qui attendaient toujours d’avoir leur sésame de badges trois jours après le début de la manifestation qui diront le contraire. Ni même certaines personnalités qui riaient joyeusement de cette « belle pagaille », tout en bouillant de déception dans leur for intérieur. Ni encore les journalistes qui, à force de courir après les « pass », se sont finalement contentés de gribouillis sur une feuille blanche en guise de « laissez-passer ».

Bon, il faut comprendre. Le Fespaco a 40 harmattans et, c’est normal, la neige de poussière qui a jeté son dévolu sur le Faso depuis plusieurs semaines a complètement séché les réserves d’encre ! Conséquence, plus de quoi imprimer les badges. Oh, c’est un moindre mal. D’autant que le décompte des « cas » et des « trucidés » de la méningite, comme un ressac qui vient conforter, chaque année, nos certitudes, n’empêchent pas de bloquer une rue de Simonville, de dresser un tapis rouge pour laisser passer les stars. Seulement, si on a compté les marches sur les doigts d’une seule main, on a encore moins compté de stars dessus, et davantage moins de flashes qui crépitent gaiement pour immortaliser l’instant. Tant pis, on se rattrapera la prochaine fois...

Euh... la prochaine fois, il faut toutefois espérer que l’accès à la Maison du peuple soit plus populaire. Avec deux « togos » pour parquer son char, et trois pour obtenir le droit d’entrer dans cet espace afin de parcourir les rues marchandes, c’est caillou pour bon nombre d’Hommes intègres qui ne savent plus finalement quoi faire du reliquat de leur journée continue, par ces temps de « vie chère ». Ou plutôt si. Puisque la vie s’entête à rester chère, et que le cinéma suit fidèlement ses traces, pour mériter d’être Burkinabè, c’est-à-dire intègres, l’Homme du peuple est obligé de faire son cinéma au « Boulougou bar », avec les petites « Alima », entre cuissots de poulets et bibine de choix. Là, au moins, l’entrée est gratuite et le parking n’a subi aucune inflation. Et puis, chacun peut redessiner le monde à sa manière.

Après, on aura tout le temps pour refaire le cadrage de la vie chère et un zoom sur la méningite. Et si Faure reste fort pour distribuer des CFA à qui il veut, « La Citadelle » sera bientôt peuplée de femmes capables, pour le bonheur inclusif des jouisseurs de nuit.

Les salles noires, elles, peuvent toujours chialer de solitude et regretter les temps immémoriaux, où les amours coupables se concrétisaient sur leurs bancs d’époque. Ceux qui n’ont pas encore compris qu’on a changé d’époque doivent se rendre à l’évidence : être Etalon de Yennenga, ça se mérite !

Le Journal du Jeudi