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« Le Fauteuil » de Missa Hébié : Réalité plus que fiction

Publié le vendredi 6 mars 2009 à 01h30min

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« Le Fauteuil », c’est le film du réalisateur burkinabè Missa Hébié, en compétition officielle dans la section Long métrage à cette édition du FESPACO. D’une durée de 95 mn, l’œuvre, qui est passée hier jeudi en projection de presse, est révélatrice d’un certain nombre de mauvaises pratiques dans une administration parfois sous l’emprise de la politique. Au-delà d’être une fiction, elle puise toute sa force dans la réalité, dans le vécu quotidien.

S’il y a un film qui fait honneur à la femme africaine, c’est bien « Le Fauteuil », qui déroule son tapis rouge à Norah Kafando, Mme Ouédraogo dans la fiction. En effet, celle-ci accède à un poste de responsabilité ! L’enfer se déchaîne : entre un mari jaloux, des enfants délaissés et exposés, un DG (directeur général) déchu et amer, un personnel réfractaire à tous changements, la nouvelle responsable d’une société publique dans le domaine des mines doit également supporter les préjugés sociaux et concilier ses obligations de patronne et d’épouse.

Sont ainsi abordés dans ce film, les problèmes de favoritisme et de promotion, de style de management, de harcèlement sexuel en entreprise, de rumeurs et de délation, de trafic d’influence, d’impunité. « Le Fauteuil », selon son réalisateur, est un siège éjectable où chacun vient s’asseoir et apporte sa touche personnelle. Il peut être un lit, un brûlot, un cercueil ou un tremplin. C’est, dit-on, à chacun d’en faire ce qu’il veut.

L’auteur de la série policière « Commissariat de Tampy » aborde donc plusieurs thèmes d’actualité en mettant à nu les problèmes de la bonne gouvernance. Et « Le Fauteuil » est un miroir qui pourrait aider certains de nos gouvernants à soigner notamment leurs plaies hideuses qui grippent le développement de nos pays. Il est donc une critique des dérives, même au petit niveau de l’administration ainsi qu’au niveau des rapports purement entre les hommes de nos jours, ponctués malheureusement d’hypocrisie, de manque de responsabilité, d’arrogance et de mensonges. Pour tout dire, les valeurs d’intégrité chères à notre Afrique se sont effritées au fil du temps. Et c’est ce que le film de Missa Hébié tente de nous démontrer, même s’il ne se passe pas un jour ou la presse ne relaye les frasques de rejetons de hautes autorités si ce n’est pas elles-mêmes.

Dans « Le Fauteuil », l’enfant de la directrice générale, Mme Ouédraogo, qui a failli passer de vie à trépas suite à un accident, après avoir subtilisé le véhicule de service de sa pauvre mère pour « prendre le maquis » avec ses autres camarades « fils à papa », est une des nombreuses scènes déjà évoquées par des médias dans plusieurs contrées. Même si, certains reprocheront au réalisateur de n’avoir pas « tué » ses enfants irresponsables rendant la fin du film assez jovial, le film est quand même moralisateur. Et comme généralement dans les épisodes de la série « Commissariat de Tampy », Missa Hébié achève ses films sous un ton assez jovial où la morale s’invite toujours.

Aujourd’hui, son message s’adresse à toutes les couches socioprofessionnelles pour une nouvelle société débarrassée de ses maux déjà cités et pour une réelle promotion de la femme qui mérite un meilleur regard, un traitement digne, un meilleur rôle dans la société.

Aux féministes de travestir les idées du réalisateur en récupérant l’œuvre pour une quelconque propagande. Si « Le Fauteuil » est un film intéressant grâce à un bon dosage de comédiens professionnels et d’amateurs, il reste que des problèmes techniques y figurent à l’image du mauvais maquillage illustrant les traces de la bastonnade de Mme Ouédraogo par son mari jaloux et infidèle. « Le Fauteuil » est un beau film qui dénonce, instruit, interpelle et sensibilise.

C.P.O.

L’Observateur paalga

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