De l’amour pour le cinéma et pas un sou vaillant, c’est la recette de ce qui sera sans doute un véritable succès. Satyre sociale avec en toile de fonds un monde de débrouillardise et de petites arnaques ; corruption, jalousie, fracture sociale, tout y passe. Des sujets sérieux traités avec un humour déconcertant. “Le garage du peuple“, on le suit avec un sourire collé à la bouche. Son casting est parfait ; le jeu des acteurs est d’une grande justesse et plein de spontanéité. Si la plupart d’entre eux ont la trentaine, ils sont côtoyés par des anciens comme Hyppolite Ouangrawa, qui apportent leurs savoir-faire

Le coté technique est aussi impressionnant. Les plans en profondeur et les perspectives, donnent l’impression aux téléspectateurs de partager la scène avec les comédiens. Et pourtant, aucun d’entre eux n’a touché le moindre franc pour le tournage de cette série.

“Nous sommes une bande d’amoureux du cinéma et ensemble nous avons décidé de réaliser cette œuvre. Nous n’avons eu aucun financement et le tournage s’est fait sans aucun fonds de production“ ; c’est ainsi que l’un des scénaristes et comédien de cette fiction, Adama Pamtaba résume cette initiative. Adama Pamtaba, désormais célèbre pour ses rôles de policier dans bon nombre de séries télé, a coécrit les 104 épisodes de cette série avec Hermann Ouélgo et Zongo Kouka Aimé. Ce dernier qui a longtemps appris aux cotés de grands réalisateurs comme Abdoulaye Dao, et Idrissa Ouédraogo, est le réalisateur de ce bonheur filmique. 26 épisodes sont déjà en boite, 26 autres déjà scénarisés et tout le reste est à l’état de synopsis.

Ces jeunes qui viennent de différents métiers du cinéma, comédienne pour Irène Zoungrana ou encore Irissa Nikièma qui passe le temps à sortir de gros mots inintelligibles tout au long du film, ou encore, réalisateur pour Zongo Kouka Aimé, régisseur, cadreur et autres, ont réussi aujourd’hui à avoir un siège.

Ils sont regroupés sous le label “Ethnik Production“ à la cité an III de Ouagadougou. Ils espèrent, notamment à la faveur du FESPACO, avoir des producteurs pour la suite du tournage, des télévisions qui achèteront les droits de diffusion ou des annonceurs qui achèteront ces droits pour les chaînes de télévision. Ils nourrissent également l’espoir de décrocher l’Etalon d’or dans leur catégorie. Si ce choix revenait au public, c’est sur qu’à défaut de l’Etalon d’or, ils auraient au moins celui d’argent.

En ces temps où le financement de l’industrie cinématographique africain est en débat, ces jeunes montrent la voix à suivre ; ce n’est pas l’argent qui fait tout, mais c’est la volonté qui compte, nous expliquera Adama Pamtaba. Bravo à vous et même trois fois bravo, pour avoir eu d’abord cette belle initiative, ensuite pour la promotion de l’auto-emploi et enfin pour le régal qu’est cette belle œuvre de fiction.

Hermann Nazé

Lefaso.net