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MANDAT D’ARRET INTERNATIONAL CONTRE LE PRESIDENT SOUDANAIS : Que peut vraiment redouter El-Bechir ?

Publié le jeudi 5 mars 2009 à 01h23min

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Ça y est ! La Cour pénale internationale (CPI) a rendu sa décision. Elle vient de lancer un mandat d’arrêt international contre le président soudanais Omar el-Béchir, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au Darfour. L’accusation de génocide n’a pas été retenue. Pour la CPI, force devait donc rester à la loi. Elle estime avoir fait son devoir. Autant dire que les "lourdes preuves" dont le procureur Luis Moreno-Ocampo disait disposer contre le président Omar El- Bechir, ont valu leur pesant d’inculpation.

Luis Moreno-Ocampo peut donc crier, en partie, victoire, et espérer que le dirigeant soudanais paye, un jour, pour tous les crimes dont il l’accuse. Les mises en garde des autorités soudanaises, les manifestations d’appui à El-Bechir d’avant verdict, les soutiens affichés ou les peurs justifiées de la Ligue arabe, de pays africains, de la Chine et de la Russie, n’y auront finalement rien fait. La CPI a fait ce qu’elle jugeait nécessaire de faire. A présent que la décision a été rendue, quelle sera la suite des événements ?

Au Soudan, en tout cas, cette décision n’annonce pas des lendemains certains. Tout peut arriver, y compris les dangers sur les efforts de paix en cours au Darfour. Plus exactement, il faut craindre que les soldats de la Minuad (Mission des Nations unies au Darfour) payent les pots cassés de cette décision. Pour la Mission des Nations unies, il paraît trop facile de clamer tout haut qu’elle ne cessera pas ses activités au Soudan, quelle que soit la décision de la CPI. Sur le terrain, la réalité peut se révéler bien plus compliquée.

C’était un avertissement du président El- Bechir : la décision de la CPI n’aurait "aucune valeur. Elle ne vaudra pas l’encre avec laquelle elle aura été écrite". Certes, ce mandat d’arrêt lancé contre lui va être certainement ressenti comme un déshonneur. Il aura été le premier à inaugurer, malgré lui, l’ère des mandats d’arrêts lancés contre des dirigeants toujours en exercice. Mais, en dehors de cela, que peu redouter vraiment El-Bechir qui sait que la CPI ne dispose d’aucune force de police propre et dépend de la volonté des Etats pour l’exécution des mandats d’arrêt.

Commettrait-il l’imprudence de se rendre dans un Etat qui le livrerait pieds et poings liés à la justice internationale ? Et combien de pays africains seraient prêts à le faire ? A moins donc d’aller prendre El-Bechir chez lui comme un rat, ce qui serait digne d’un film à la trame semblable au triste destin du Panaméen Manuel Noreiga, on voit mal comment Béchir se laissera si facilement prendre dans les filets de la CPI. Les cas Jean Pierre Bemba et autres sont suffisamment récents pour qu’ils en tirent de précieux enseignements. Le Soudan s’est pourtant efforcé de convaincre le Conseil de sécurité de suspendre pour une période d’un an renouvelable, toute procédure contre le président Béchir. Ce sera finalement peine perdue.

Quels seront les gagnants et les perdants de la décision rendue par la CPI ? Les familles des victimes de cette guerre atroce se réjouiront, sans doute, qu’un pas ait été franchi en direction de la satisfaction de leur soif de justice. Idem pour le Procureur de la CPI qui voit ses efforts récompensés. Mais est-ce vraiment cela, la solution ? Un accord de paix, qui panse définitivement les plaies de populations darfouri longtemps marquées par la guerre, c’est, en vérité, de cela qu’elles ont le plus besoin aujourd’hui. Elles voudraient, enfin, vivre en paix. Et sans une paix définitive, elles resteront les plus grands perdants de cette décision de justice qui, hélas, ne ramènera pas à la vie tous ces milliers de morts au Darfour.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 mars 2009 à 11:14, par n-l t En réponse à : MANDAT D’ARRET INTERNATIONAL CONTRE LE PRESIDENT SOUDANAIS : Que peut vraiment redouter El-Bechir ?

    Bonne resolution du CPI. Reste à l’appliquer aussi au tout jeune retraité du texas. Lui qui après avoir avoué les motivations fallacieuses de la guerre en irak, à merité le lancé de chaussure à la gueule de président. L’olympisme pour s’en inspirer pour une nouvelle épreuve.

    • Le 5 mars 2009 à 12:34, par desioo En réponse à : MANDAT D’ARRET INTERNATIONAL CONTRE LE PRESIDENT SOUDANAIS : Que peut vraiment redouter El-Bechir ?

      C’est en tout cas une décision salutaire que vient de prendre la CPI. Il est clair que la question de son application reste encore très ouverte mais le pas est franchi. C’est une première pour un chef d’Etat en exercice, comme la CPI elle même est une première dans le domaine de la justice pénale internationale. Un pas après l’autre la justice pénale internationale se rendra efficace, il faut que le processus se poursuive.
      Il est aussi important,comme l’a soulevée une réaction à l’article, que les juges internationaux regardent ailleurs qu’en Afrique pour rechercher des criminels. Il y en sous d’autres cieux, qui ne sont pas très cachés et qui méritent bien aussi d’être punis pour leurs crimes qui sont bien plus graves et avec plus d’envergure.

  • Le 6 mars 2009 à 03:36, par wend waoga En réponse à : MANDAT D’ARRET INTERNATIONAL CONTRE LE PRESIDENT SOUDANAIS : Que peut vraiment redouter El-Bechir ?

    À la place du titre interrogatif de l’article,je dirais "que doit ceder Oumar El-Bechir et qu’il n’a pas cédé ?".C’est vrai !les évènement qui se suivent interpellent unmoment de pause de notre part afin de réfléchir.Qu’est-ce que ces grands du monde n’ont pas raconté sur Khadafi:il est dictateur(ce qui est vrai,car son pouvoir n’a pas moins de 30ans !),qu’il soutient le terrorisme et qu’il est à la base de pas mal d’attentats.Tous ces réproches qui faisaient les choux-gras des médias n’ont duré que le temps où Khadafi réfusait l’accès à son pétrol par les américains.Depuis qu’il a cédé,non seulement il n’est plus vu comme ce"diable qu’il faut abattre",mieux !il est l’ami des américains.Au Tchad,des francais ont été arretés et incarcerés pour avoir tenté de faire entrer illégalement des enfants en France ;Sarkozy avec sa politique de l’immigration choisie a magistralement ignoré le crime vis-à-vis de sa politique que ses compatriotes ont tenté de commettre et a exigé leur libération et meme qu’il était pret à se rendre personellement au Tchad pour les ramener en France !Devant le réfus d’Idriss Deby,curieusement les rebelles ont frappé jusqu’aux portes de la présidence mais ne sont pas allés plus loin !Et curieusement encore !les jours qui suivaient,les prisonniers francais au Tchad ont été libérés.Le Burkina Faso avait été désigné comme pays faisant partie de l’axe du mal au moment où les états unis cherchaient désespérément un pays qui allait accueillir une base militaire dans la sous-région pour "sa lutte contre le terrorisme".L’annonce des OGM en ce temps aussi ne laissait pas non plus entrevoir ses succès ! Curieusement,les "relations bilaterales"entre les USA et le Burkina Faso sont au beau fixe depuis avant l’avènement du gouvernement Obama ! Qu’est-ce qui s’est donc passé au point que les américains font des dons de matériels de guerre au Faso ? L’acceptation d’une base américaine et l’entrée des OGM seraient-elles à l’origine de l’oubli de cet "axe du mal" ? À mon sens,un crime est un crime.Là où il est déclaré,sanction doit s’en suivre.Mais quand on voit des gens traqués pendant que d’autre qui ne sont pas plus propres se pavannent aux yeux et à la barbe de tous,ca fait penser à l’Amérique du temps des Al Capone et autres où "il faut payer pour obtenir protection",sinon,c’est ceux qui sont sencés te protéger qui vont te nuire !Ceux qui ont payé peuvent dormir sur leur lorrier meme s’ils ont tué,brulé et violé la constitution,le CPI n’existe pas pour eux.Alors,que doit payer El-Bechir pour que le CPI l’ignore ?

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