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SHTAR M’HABA : Un garçon équivaut à deux filles ?

Publié le jeudi 5 mars 2009 à 09h45min

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Le lundi 03 Mars, quatrième jour du FESPACO, la question de la femme était à l’honneur au ciné Burkina et ce à quelques jours de la célébration de la journée internationale de la femme. A travers un film ancré dans les traditions mais actuel, la réalisatrice tunisienne Kalthoum BORNAZ fustige les lois fondamentalistes plaçant les femmes au rez-de-chaussée de la société. Ce film est en compétition pour l’étalon d’or de Yennenga.

« L’autre moitié du ciel » est un film traitant de la discrimination à l’égard des femmes qui constituent plus de la moitié de la population mondiale. Et pourtant, elles n’ont pas voix au chapitre le plus souvent, d’où le titre de ce long métrage « SHTAR M’HABA » l’autre moitié du ciel en arabe.

Sélima et Sélim sont jumeaux et orphelins de mère dès leur naissance. Ils viennent d’avoir 20 ans. Les premières images du film sont justement braquées sur cette fête d’anniversaire où tout le monde semble gai. Et pourtant, la vie des ces jeunes est un enfer et le pire est à venir.

L’amour parental, voilà un mot qu’ils n’ont jamais connu. La mère morte en leur donnant naissance, ils sont envoyés dans un orphelinat où ils recevront ces noms Sélima et Sélim qui signifient sain et sauf. De retour en famille chez Ali leur père, ils chercheront vainement à savoir qui était leur mère. Ils ne réussiront qu’à arracher le nom, Kerima et cela quand ils ont 12 ans. Rien de plus.

Leur père, brillant avocat au barreau de Tunis préférant brûler les photographies que de les montrer aux enfants. Car Ali est lui-même un bâtard et ne devait pas épouser Kerima. Il pense néanmoins que les enfants y sont pour quelque chose dans la mort de sa femme, leur mère.
KALTHOUM BORNAZ, la réalisatrice tunisienne nous envoie au cœur de la culture arabe tunisienne avec ses lois discriminatoires avilissant la femme. D’autres stéréotypes de la société arabe y sont également abordés. Mais le comble dans cette vie arrive au moment où Sélima apprend que, parce qu’étant fille, elle doit hériter de la moitié de la part de son frère jumeaux Sélim. Elle va directement voir son père et pose le problème en ces termes : « Papa, est-ce parce que les pères n’aiment les filles qu’à moitié ? ». La réponse de Ali est sans état d’âme : un garçon équivaut à deux filles. Il prétend même détenir cette réponse du Saint Coran qu’il brandit pour dissuader sa fille de vouloir la remettre en cause.

A sa mort, Sélim applique cette loi à la lettre et va vivre à l’étranger. Son oncle maternel ne manque pas de lui souligner que cette loi est à violer. Qu’adviendra-t-il de Sélima ?

A travers ce long métrage, madame BORNAZ transporte les cinéphiles dans l’univers tunisien. Dans cette partie de l’Afrique, la question d’égalité entre homme et femme semble être la chose la moins partagée, plutôt la moins acceptée. Pendant 93 minutes, dans une harmonie musicale arabe, le public du ciné Neerwaya a pu apprécier les qualités de cette réalisatrice, l’une des rares à compétir pour l’étalon de Yennenga. Cette question de l’égalité ne trouvera sûrement pas solution demain. En tout cas pas en Tunisie à en croire ce film.

Mais l’espoir est permis. L’Etalon de Yennenga sera décerné la veille de la fête des femmes. Bornaz montera t-elle sur la plus haute marche du podium ? Une femme lauréate permettra peut-être de changer les mentalités. Si tel était le cas, le 08 Mars 2009 sera inoubliable et le 07 Mars fera date pour le FESPACO. Mais le jury est encore muet ; attendons qu’il retrouve la parole car il a 19 films sous la main ; plutôt sur les écrans.

Moussa Diallo
Lefaso.net

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