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La rue marchande, l’autre visage du FESPACO

Publié le mardi 3 mars 2009 à 10h54min

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Le FESPACO est avant tout une fête. Et loin des salles de cinéma et des ambiances feutrées des panels et réflexions, se dresse la rue marchande. Pour la présente édition, c’est la si bien nommée “Maison du peuple“ qui accueille exposants et chalands. Ambiance à la fête, même si le public n’est visiblement pas celui des éditions passées.

Difficile de dire que les policiers, devant l’entrée de la Maison du Peuple, sont débordés. Ils ont établi deux postes de contrôle d’accès à la rue marchande. Il faut passer l’un, faire couper son ticket d’entrée avant d’arriver à l’autre pour le présenter et enfin mettre pied dans la cour de la maison du peuple. Là, c’est la musique qui nous accueille ; des podiums promotionnels sont dressés de part et d’autre de l’allée principale. Droit devant, il y a une forte affluence, visiblement de jeunes scolaires. Nous lisons sur la banderole placé en haut de cet attroupement :“AAS lutte contre le SIDA“.Une des animatrices prend un peu de son temps pour nous expliquer : “Nous profitons du FESPACO, pour faire de la sensibilisation sur le port du préservatif ; nous demandons aux gens de porter les préservatifs accrochés à leurs habits comme des badges, en signe de leur engagement“. Les jeunes ne se font pas prier ; les condoms masculins et féminins exposés sur une table massive, partent un à un sur les chemises des uns et sur les robes des autres.

Mais l’attroupement est bien localisé dans cette grande cour ; du coté des commerçants, le sourire est quelque peu crispé. Karim Baguian est commerçant de vêtements ; il occupe dans une allée un petit stand qu’il loue à 60.000 F CFA. “Ca ne va pas“, nous dit-il d’emblée. Selon lui, les 300 FCFA, que coûte le ticket d’entrée, ne sont pas pour faciliter les choses en ces temps de vie chère. Une cliente confirme : “L’essence est chère, et si en plus il faut venir payer le parking à 200 FCFA et le ticket d’entrée à 300 FCFA, ce n’est pas facile“. Même les étrangers y vont de leur plainte. Ali O Dawé est nigérien. Il vend des articles artisanaux en cuir. Des sacs, des chaussures, des poufs sont disséminés autour de lui. Le souci majeur de cet exposant qui en est à son 5ème FESPACO, est la sécurité : “ Quand nous fermons les soirs et que nous sortons, les policiers laissent encore rentrer des gens ; il pouurait donc y avoir des vols“. Pour Ali O Dawé, il devrait même y avoir des policiers qui tournent un peu partout pour dissuader les voleurs. Il est aussi en colère contre les marchands ambulants qui ne payent pas les droits de location de stand, mais qui viennent vendre jusque devant lui.

C’est vrai pourtant que les marchands ambulants sont interdits à la rue marchande. Daouda Ouédraogo, avoue d’ailleurs s’être vu confisquer ses marchandises parce qu’il accostait les clients. “Les clients ne viennent pas ; c’est pour cela que j’ai dû prendre quelques articles pour approcher les quelques rares chalands qui passent par là et on a confisqué mes marchandises“. Mais fort heureusement tout est rentré dans l’ordre et Daouda a pu récupérer ses biens.

“Faire bon cœur contre mauvaise fortune“, c’est la philosophie de certains exposants. Nicole Belem est de ceux là. Elle affiche un large sourire malgré le manque de clients. “C’est vrai que par rapport aux éditions passées l’affluence est moindre, mais c’est sur que les derniers jours, il y’aura beaucoup plus de monde et nous pourrons vendre un peu“, nous fait-elle comprendre. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à afficher cette bonhomie ; au fond de la cour de la Maison du peuple, en allant vers la droite, se trouvent les bars, maquis et autres grillades de viande. Là, ce sont des rires que l’on perçoit d’ailleurs à peine, tant la musique est forte. La traditionnelle barbe à papa, dont raffolent les enfants attend ses clients ; elle côtoie les récipients de poterie en terre cuite venues des régions Dagara et Lobi. L’intégration africaine ici est une réalité ; les bazins maliens côtoient la dentelle mauritanienne tandis que la maroquinerie nigérienne côtoie les produits de la pharmacopée togolaise et béninoise. Là, une vendeuse s’égosille : “Ce savon là, soigne 100 maladies, en 10 mn ; celui qui veut n’a qu’à venir l’essayer ; je suis prête à signer devant un notaire et si ça ne marche pas, je rembourse… “ . C’est ça aussi la rue marchande du FESPACO.

Le soir venu, un grand podium est dressé au fond de la cour juste en face de l’entrée principale. Alors que nous nous en allons autour de 18h, une troupe de danse “dodo“, s’exécute sur la scène. Portant des masques qui représentent divers animaux, ces jeunes gens exécutent une danse acrobatique et synchronisée qui attire de plus en plus les regards. Ceux-là, c’est sur que ce n’est pas aujourd’hui qu’on les verra dans les salles de projection cinématographique.

Hermann Nazé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 mars 2009 à 14:57, par godowasa En réponse à : La rue marchande, l’autre visage du FESPACO

    Et oui comment voulez vous que ca marche ????, on a jamai pris le soins de faire des études comparatives des éditions précédantes sur le nombre d’entrée. Depuis que la rue marchande est devenue un village à foire ou une kermesse geante j’ai remarqué que la population s’eloigne,se desinteresse de plus en plus cette féte africaine du cinema. Il est temps de revenir sur la bonne vielle methode qui consistait à faire une vraie rue marchande et laisser libre à cette catégorie de la population d’aller et de revenir sans avoir à payer un ticket d’entrée.

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