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Madagascar : Que mijote-t-il, ce président ?

Publié le vendredi 27 février 2009 à 00h35min

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Avec le lapin posé par Marc Ravalomanana à l’opposant Andry Rajoelina mercredi dernier, les lendemains seront encore plus incertains sur la Grande Ile. Et pourtant, tout semblait être parti sur des chapeaux de roue pour une réconciliation entre ces deux personnalités, qui, depuis le mois de janvier, ne voulaient plus se voir, même en peinture.

Mais, Dieu faisant bien les choses, il y a déjà eu trois rencontres entre les deux hommes, et, comme pour prouver sa bonne volonté de dialoguer, le président malgache a accepté autour de la table de discussions d’anciens ministres sous le gouvernement de Didier Ratsiraka, dont un qui avait été nommé par Rajoelina ministre des Affaires étrangères dans son fameux gouvernement de transition autoproclamé.

La quatrième n’a pu se tenir par la faute du chef de l’Etat, qui a préféré prendre son bâton de pèlerin pour la province. Visiblement dépité, le maire destitué d’Antananarivo a, le 25 février 2009, annoncé la rupture du dialogue avec le chef de l’Etat. Andry « TGV », le train à grande vitesse, a décidé donc de claquemurer ses portes d’accès. Il est hors de question pour lui qu’il y ait un passager qui s’appelle Marc Ravalomanana à bord.

Le président malgache a-t-il eu raison de faire avorter cette quatrième rencontre ? Etant le premier à rompre le dialogue, il est évident que la première autorité de Madagascar ne rend pas service à ses compatriotes qui aspirent à la paix depuis que la crise a éclaté en décembre 2008.

Pour justifier son absence, le petit laitier devenu président accuse son vis-à-vis de n’avoir pas respecté les conditions préalables à une bonne négociation. Et de prendre l’exemple de la radio nationale, qui aurait cessé tout programme polémique, alors que celle de TGV poursuivrait de plus belle ses attaques contre lui. Estimons que cela soit vrai. Mais est-ce une raison bien valable pour arrêter des pourparlers qui pourraient amener la quiétude dans un pays qui en a vraiment besoin ?

S’il y avait d’ailleurs quelqu’un qui avait beaucoup à gagner dans le dénouement de la situation, c’est bien lui, l’actuel président, qui a beaucoup à perdre, à commencer par son fauteuil de chef suprême. Dans cette affaire qui l’oppose toujours au président malgache, l’ex-jeune maire d’Antananarivo avait été chargé de tous les péchés : trop jeune, trop pressé, partisan du raccourci, pas légaliste, anarchiste...

Toutes les circonstances atténuantes étaient, par contre, pour Marc Ravalomanana qui, malgré les dérapages qu’il commet, est tout de même dans son droit, parce qu’ayant tout de même été élu démocratiquement. Certes, l’on sait dans quelles conditions il a accédé au fauteuil présidentiel lors de sa première élection, mais n’empêche, c’était tout de même par la voie légale : les urnes.

Cependant, de par son attitude mercredi passé, n’est-il pas en train de retourner l’opinion contre lui ? Finalement, on se demande ce que veut bien le président malgache. Veut-il de la paix ou est-il très sûr de sa force de frappe pour se comporter ainsi ? Les prochains jours nous donneront la réponse à ces interrogations. D’ores et déjà, souhaitons vivement que la paix s’installe sur la plus grande île d’Afrique.

Par Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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