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Michel Ouédraogo, délégué général du Fespaco : “Mon véritable traumatisme, c’est le manque de moyens financiers”

Publié le vendredi 27 février 2009 à 00h34min

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Le Délégué général du Fespaco, Michel Ouédraogo est certainement le Burkinabè le plus angoissé en cette veille de l’ouverture de la XXIe édition de la biennale du cinéma africain et de la fête des 40 ans du Fespaco. Comment réussir l’organisation et la fête avec très peu de moyens, voilà ce qu’il est amené à résoudre comme équation. Mais l’homme tel qu’on le connaît a des idées et de l’abnégation. Il rassure, la fête sera belle. Entretien !

Sidwaya (S) : En tant que Délégué général du Fespaco, comment vivez-vous les angoisses des préparatifs de la XXIe édition ?

Michel Ouédraogo : Vous le dites si bien, les angoisses ne manquent pas. Nous essayons simplement de les simplifier, les diminuer au maximum, en faisant nous-mêmes chaque jour une autocritique des préparatifs.

Nous (je parle du comité d’organisation) faisons tout pour ne pas émousser la confiance placée en nous.
Le Délégué Général du Fespaco : “Nous travaillons avec les moyens dont nous disposons. Je vous assure que c’est très difficile, eu égard aux ambitions que nous avons pour notre Fespaco”.

Sidwaya (S) : L’une de vos angoisses est certainement le budget. Le budget prévisionnel est-il bouclé ? sinon comment comptez-vous remédier à la situation ?

M. O. : Mobiliser des fonds pour une manifestation aussi importante que le Fespaco est véritablement angoissant. Au fur et à mesure de l’évolution des préparatifs, vous vous rendez compte que le budget à vous alloué n’est pas en mesure de vous satisfaire. C’est vous dire qu’au jour le jour, nous ne faisons que des réajustements. Il faut opérer une réadaption des projets et programmation qui correspondent au budget qu’on vous a alloué. En réalité, nous travaillons à avoir un budget réel pour le Fespaco. L’édition 2009 est une où il y a la qualité dans la programmation des films en compétition, une édition où apparaissent de nouvelles catégories en compétition. Les textes du Fespaco sont clairs à ce niveau. Lorsqu’un cinéaste est retenu pour la compétition officielle, il est pris en charge entièrement avec deux de ses accompagnants. Nous avons cette année 128 films en compétition pour le palmarès officiel. Compte tenu de tous ces aspects, nous sommes en train de travailler pour faire des réajustements. Mon véritable empêcheur de dormir, ce sont les moyens financiers.

Sidwaya (S) : Justement, comment tentez-vous de résoudre cette équation ?

M.O. : Dans ce cas de figure, nous opérons des choix. Ce que notre budget ne permet pas de faire, nous ne le ferons pas. Je vous avoue que ce n’est pas du tout aisé. Aujourd’hui, on nous a demandé d’opérer des innovations, de relancer le Fespaco. Mais ce sont des propositions qui arrivent à une période où la santé financière de l’Etat n’est pas la meilleure et pendant laquelle de fidèles partenaires ne sont pas au rendez-vous. Alors, nous travaillons avec les moyens dont nous disposons. Je vous assure que c’est très difficile, eu égard aux ambitions que nous avons pour notre Fespaco. Néanmoins, nous allons apporter quelques chose de nouveau en restant toujours dans la limite de nos moyens financiers.

Sidwaya (S) : Combien de francs CFA en réalité ont été mobilisés pour soutenir l’organisation du Fespaco 2009 ?

M.O : Le budget prévisionnel est d’un montant de un million et demi d’euros (environ 975 millions de francs CFA). Mais lorsque je considère le cumul de toutes les factures que nous allons recevoir, nous sommes à plus de deux millions et demi d’euros. Alors, nous devons travailler à rester dans la fourchette du budget prévisionnel. Vous-mêmes imaginez un peu la gymnastique que nous devons faire. Il y a des choix à opérer ; mais quels choix ? Est-ce des choix dans l’intérêt de la manifestation ? Ou des choix pour faire des économies ? Voilà l’équation ! Si nous optons pour faire des économies, nous allons ternir l’image de la manifestation. Mais si nous optons de faire une manifestation grandiose parce que le Fespcao a 40 ans, nous sommes obligés de mobiliser les moyens conséquemment. Nous allons travailler pour rester dans le juste milieu ; faire en sorte que le Fespaco ait une très bonne image mais en même temps, que l’Etat ne dépense pas trop pour une manifestation.

Sidwaya (S) : L’Etat de son côté a-t-il mis les moyens à votre disposition pour ce 40e anniversaire ?

M.O : L’Etat burkinabè a répondu présent, a fait ce qu’il doit faire. L’Etat burkinabè a même pallier les charges de certains partenaires qui n’ont pas pu répondre cette année.

Sidwaya (S) : L’Union européenne et le Danemark par exemple ?

M.O : Non, je ne voudrais pas citer de noms ici. Quel que soit le soutien que chaque pays apporte, c’est toujours appréciable et de bon cœur. Le Danemark et l’Union européenne soutiennent le Fespaco depuis plus de dix (10) ans. Nous avons engagé avec l’Union européennes des réflexions pour les éditions à venir. Effectivement, dans le cas du 9e FED, la culture n’est pas retenue comme un secteur prioritaire. Cela n’a pas empêché que nous ayons eu le soutien de cette institution.

Sidwaya (S) : Pour un quarantième anniversaire, à quel scénario peut-on s’attendre pour la cérémonie d’ouverture ?

M.O : Nous ne proposons pas seulement un plateau artistique mais bien plus, un spectacle événementiel. Il va se scinder en deux grandes phases, un spectacle chorégraphique et un plateau artistique. C’est un ensemble cohérent qui nous offrira une belle fête. En ce qui concerne la chorégraphie, nous avons une création de Irène Tassembédo. C’est un spectacle de 40 mn. En plus d’elle, nous avons pour le plateau artistique une initiative nouvelle à savoir, une création musicale réalisée par Yeleen, Afif Naaba, Floby, Sissao. Nous avons eu l’idée de réunir cet ensemble d’artistes burkinabè pour voir ce qu’ils peuvent nous présenter comme spectacle. Pour nous, il faut dépasser cette phase de l’artiste étranger qui vient pour des play-back et aller vers des créations. Nous sommes dans le domaine du cinéma et il faut créer, proposer un spectacle. Mais comme le festival est panafricain, nous avons ouvert le spectacle musical à une vedette africaine, le Ghanéen Kodjo Antui. Au stade du 4-Août à l’ouverture, nous allons créer l’événement. Il faudrait que tous les festivaliers vivent un événement fort qui va donner une bonne image du Burkina Faso, de l’Afrique et du cinéma africain.

Sidwaya (S) : Il y a eu beaucoup d’innovations annoncées. Etes-vous certain de les tenir toutes ?

M.O : Nous sommes arrivés à une phase où il faut faire des choix. Nous avons opéré des choix. Les choix que nous avons faits vont porter sur l’instauration du pass. Au Stade du 4-Août, nous allons faire une innovation majeure en introduisant un escalier central qui va permettre de donner une belle perpective à notre manifestation. En ce qui concerne la compétition, il y a l’introduction de la compétition pour l’affiche et le film documentaire. Nous avons aussi travaillé dans le sens de professionnaliser l’environnement du Fespaco, en faisant en sorte que tous les badges accèdent aux espaces professionnels mais que seuls les pass donnent accès aux salles de projection. L’instauration du pass est une mesure d’assainissement.

Sidwaya (S) : Sur le plan sécurité, quels sont les dispositions prises ?

M.O : La meilleure sécurité est celle qui reste muette mais efficace. Donc, permettez que je ne m’étale pas sur nos mesures sécuritaires. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’Etat burkinabè garantira un festival tranquille à tous ceux qui feront le déplacement de Ouagadougou.

Sidwaya (S) : Monsieur le Délégué général, vous êtes à la tête d’une institution qui fête 40 ans d’anniversaire. Quel est votre vœux pour cet anniversaire ?

M.O : Le plus grand vœux pour cet anniversaire, c’est que ces 40 ans offrent au cinéma africain une nouvelle aventure, que les 40 ans soient véritablement l’âge de la maturité. S’il y avait un véritable cadeau à faire aujourd’hui au Fespaco, c’est de lui assurer une autonomie globale. S’il y avait un véritable cadeau à faire au cinéma africain, c’est de faire en sorte que le Fespaco passe d’un festival d’une semaine à un festival de dix (10) jours.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr) et Daouda Emile OUEDRAOGO

Sidwaya

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