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Union africaine : Autopsie d’un continent, leçons de démocratie

Publié le jeudi 8 juillet 2004 à 07h57min

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Du 6 au 8 juillet 2004 se tient à Addis Abeba en Ethiopie la IIIe session ordinaire de la conférence de l’Union africaine. Une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement prennent part à cette rencontre qui verra la prise d’importantes décisions tant au niveau institutionnel que politique.

Addis Abeba, capitale de la République Démocratique Fédérale d’Ethiopie, pays de Haïlé Selassié qui a vu naître l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1963. Il est 9 h 30 mn temps local (6 h 30 heure de Ouagadougou, en ce mardi 06 juillet 2004. Une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement venus des quatre coins de l’Afrique accèdent au son d’une fanfare à la salle de conférences de l’immeuble des Nations unies sous une pluie battante. La troisième session ordinaire de la conférence de l’Union africaine (UA) s’ouvre dans une fraîcheur extrême. De quoi donner du tonus aux dirigeants africains pour examiner les dix-huit (18) points inscrits au projet de l’ordre du jour de la rencontre.

Après l’exécution de l’hymne de l’Union africaine et l’observation d’une minute de silence, la cérémonie d’ouverture de la conférence présidée pour le chef de l’Etat mozambicain, Joachim Chissano connaîtra d’entrée une intervention du président de la Commission de l’UA, le Pr Alpha Oumar Konaré.

L’Afrique s’amende pour un nouvel élan

Dans un ton et un franc parler dont beaucoup lui connaissent, Konaré a loué le leadership dont font preuve les dirigeants africains depuis le Sommet d’Alger en 1999 pour doter l’Institution panafricaine de structures nécessaires à son fonctionnement et à la visibilité de son action sur le continent. Le président Konaré citera entre autres le Conseil de sécurité et de la paix (CSP), le Parlement africain et d’autres chantiers portant sur l’établissement d’un système monétaire et financier africain. Il a également vanté l’esprit du NEPAD qui se fonde sur la bonne gouvernance.

Selon lui, ce nouveau partenariat amènera l’Afrique à compter sur elle-même. En dépit de toutes ces avancées structurelle, institutionnelle et économique enregistrées, l’ex-président malien confiera sans ambages, aux chefs d’Etat et de gouvernement que la "situation actuelle de l’Afrique est alarmante". Il dressera un "tableau sombre" du continent qui ramène au point zéro les efforts consentis. Au chapitre des malheurs de l’Afrique : les questions sanitaires (Sida, paludisme et poliomyélite) qui entravent le développement du continent et surtout la recrudescence des conflits armés dans toutes les régions. Si les choses restent inchangées, l’Afrique ne pourra pas accomplir sa part de réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement," a prévenu le Pr Alpha Oumar Konaré.

Car, a-t-il indiqué à, ce rythme, il faudrait tendre en 2 159 pour assurer l’éducation à tous les Africains, en 2147 pour réduire la pauvreté de moitié et en 2165 pour voir la mortalité infantile reculer de 2/3. "Que l’Afrique ne devienne pas comme un risque pour la planète", a lancé Konaré à l’endroit des dirigeants. Aussi, leur a-t-il demandé de rendre aux populations africaines leur dignité et les moyens de s’affirmer dans le concert des nations. Le président de la Commission de l’UA a également plaidé pour une aide conséquente à l’Afrique comme celle dont l’Europe a bénéficié de l’Amérique.

La boutade de Kofi Anann

Tout en félicitant les chefs d’Etat et de gouvernement africain pour "la volonté nouvelle de démocratisation en Afrique", Kofi Anann, le SG de l’ONU n’a pas manqué de rappeler leurs responsabilités dans "les malheurs" de l’Afrique. "Il n’est pas de plus grande sagesse, de marque plus évidente du sens de l’Etat que de savoir, le moment venu, passer le flambeau à la génération suivante. Et les gouvernements ne devraient pas manipuler ou modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir au-delà des mandats prescrits qu’ils ont acceptés lorsqu’ils ont leurs fonctions," a-t-il déclaré.

Le patron des Nations unies venait de toucher là où beaucoup de dirigeants africains ne l’attendaient pas. C’en était trop pour jeter un froid dans la salle, surtout que des débats sont en cours dans de nombreux pays pour "tripatouiller" la Constitution. Pourtant les mines froissées des uns et les regards fuyants des autres n’ont pas empêché Anann de donner une leçon de démocratie à ses frères africains. "Les Constitutions existent pour servir les intérêts à long terme des dirigeants. Engageons-nous à faire en sorte que l’époque de l’autocratie ou du monopartisme soit bel et bien révolue", a-t-il poursuivi.

Toutefois, le SG de l’ONU expliquera la bien-fondé de ses propos pour le bon développement du continent : "Plus les gouvernements seront tenus de rendre compte, plus ils seront enclins à répondre aux besoins des populations qu’il s’agisse de prévenir la famine, de combattre la pauvreté ou d’enrayer la propagation du VIH/Sida". Constatant la morosité subite de l’atmosphère, le président en exercice sortant de l’UA, Joachim Chissano dût expliquer à ses pairs que Kofi Anann parle ainsi parce qu’il aime l’Afrique et tient ces mêmes propos dans d’autres continents pour le bien-être du monde. "Il s’adresse à certains parmi nous qui refusent de partir" a-il-précisé.

Le président mozambicain informera l’assistance que cette session de l’UA constitue la dernière à laquelle il parle en tant que chef d’Etat. "Car, dira-t-il, en décembre 2004, je passerai le flambeau à quelqu’un d’autre suite à des élections présidentielles auxquelles ils ne prendrait pas part". Le renouvellement du bureau de la conférence de l’Union africaine a vu l’élection à l’unanimité du Nigeria de Olesegun Obassanguo à la présidence et l’entrée de la République Sarahouie Démocratique (RASD) parmi les 14 vice-présidents.

Jolivet Emmaüs Sidibé PAG BELEGUEM,
Envoyé spécial à Addis Abéba


Mini sommet sur la Côte d’Ivoire à Addis Abeba : Deux heures pour un rendez-vous à Accra

Le 3e sommet de l’Union africaine (UA) a encore donné l’occasion d’un mini sommet sur la crise ivoirienne. Une initiative de l’ONU et de la CEDEAO pour renouer le dialogue entre Laurent Gbagbo et ses voisins.

Kofi Anann de l’ONU, Mohamed Ibn Chambas de la CEDEAO, Albert Tevodjoéré du Comité de suivi des accords de Linas Marcoussis, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Olesegun Obasandjo du Nigeria, Amadou Toumani Touré du Mali, John Kuffuor du Ghana, Oumar Bongo Odimba du Gabon et Laurent Gbagbo de la Côte d’Ivoire se sont retrouvés à huis clos à la faveur du 3e sommet de l’Union africaine du 6 juillet 2004 pour mieux aplanir les divergences et veiller à l’application des accords de Marcoussis, ont confié à la presse les présidents burkinabè, malien et ghanéen après deux (2) heures d’entretien. Les médias n’ont pu arracher le moindre mot au chef de l’Etat ivoirien.

Selon le secrétaire général de l’ONU, les débats ont été francs et les échanges cordiaux. Chaque partie a fait part de ses préoccupations en vue d’un règlement qui perdure en Côte d’Ivoire, a déclaré Kofi Anann tout en cultivant le système sur l’ordre du jour exact de ce mini sommet "improvisé" dont il est l’initiateur. C’est dans la nuit du 05 juillet que Blaise Compaoré recevait à sa résidence à l’hôtel Sheraton Addis, deux émissaires (Albert Tevodjoéré et Mohamed Chambas) venus de la part du SG de l’ONU l’inviter pour une rencontre sur la Côte d’Ivoire le lendemain. "La réunion d’Accra ne remettra nullement en cause les accords de Marcoussis. Il s’agira de trouver les voies et moyens de leur application pour que la paix revienne en Côte d’Ivoire" a précisé l’un des participants.

Une source bien introduite révèle que Laurent Gbagbo a été prié de prendre les dispositions nécessaires à l’adoption des accords de Marcoussis par le parlement de son pays. La même source apprend qu’une rencontre tripartite dont la date et le lieu restent à déterminer réunira Blaise Compaoré, Toumani Touré et Laurent Gbagbo. En marge du mini sommet sur la Côte d’Ivoire, le dossier congolais était aussi sur la table. Selon Jean Marie Guehenno, SG adjoint des Nations unies pour les opérations de paix, il a été question de "désarmement, d’organisation d’élections en RDC et du rapprochement entre Kigali et Kinshasa".

Jolivet Emmaüs Sidibé PAG BELEGUEM,
Envoyé spécial à Addis Abéba,
Sidwaya

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