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Présidentielle algérienne : Boutef et les 9 comparses

Publié le mercredi 25 février 2009 à 00h30min

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Quand on a procédé, il y a quelques mois, à la révision de la constitution en Algérie, tout le monde avait compris que c’était une voie ouverte pour permettre à Abdelaziz Bouteflika, le président de la République, de briguer un troisième mandat. Comme certains de ses pairs, il n’est donc pas fatigué d’exercer le pouvoir et il est encore prêt à servir le pays pour ouvrir d’autres chantiers qui mènent au développement.

Le lundi 23 février 2009, c’était le dernier jour du dépôt des candidatures à la prochaine présidentielle. Une date que Boutef a choisie pour confirmer qu’il est bel et bien candidat. Mais il n’est pas le seul à prendre la route du Conseil constitutionnel, puisque 9 autres personnes, dont une femme, ont fait de même que lui. Ils sont donc 10 sur la ligne de départ, qui aspirent à la magistrature suprême. Comme il y a 5 ans, Louis Hanoun du Parti des travailleurs et Moussa Touati du Front National Algérien ainsi qu’un indépendant, Rachid Bouaziz, sont dans la course.

Dans 10 jours, le Conseil constitutionnel aura fini de valider les dossiers, et la campagne électorale débutera, elle, le 19 mars prochain. Bouteflika (il se présente en tant qu’indépendant), dont on dit qu’il a des projets faramineux à achever, sera-t-il inquiété par ses concurrents ? En tout cas, ce n’est pas sûr, surtout que parmi les ambitieux, ils sont 7 chefs de petites formations politiques qui ne pèsent pas lourd sur le terrain.

A la vérité, Boutef peut dormir sur ses deux oreilles, puisque les trois partis de la mouvance présidentielle qui le soutiennent annoncent en effet avoir notamment recueilli plus de trois millions de signatures. Selon la loi, 75 000 signatures de citoyens ou 600 d’élus sont nécessaires pour aller à la conquête du pouvoir. Comme on peut le constater, le président sortant a fait le plein de signatures et on voit mal ses adversaires l’envoyer à la retraite. C’est donc une présidentielle sans enjeu qui va se dérouler dans deux mois dans ce pays.

Les observateurs des élections seront donc là-bas pour les formalités et prendre quelques jours de vacances. Ce sont des comparses qui accompagnent Boutef vers un troisième mandat de cinq ans. Il n’y a rien en face, car les vrais candidats ont décidé de ne pas compétir, pour protester contre l’amendement de la constitution.

Et là, ils n’ont pas tort, vu que, lors de son investiture, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Boumediene avait juré de respecter la constitution. Mais voilà qu’aujourd’hui, il fait fi de cela sous prétexte que dans ses tiroirs, il y a des dossiers à sortir pour faire avancer son pays. Bouteflika poursuit donc son petit bonhomme de chemin sans le moindre souci. Mais cette élection qui se profile à l’horizon n’est pas un bon signe, puisque la veille de la clôture des dépôts des candidatures, neuf agents de sécurité ont été tués et trois autres blessés dans une attaque menée par des islamistes armés près de la ville de Gigel à 360 kilomètres à l’est d’Alger.

On dit que c’est la plus violente attaque depuis 6 mois dans le pays. La semaine dernière, ce sont 7 militaires algériens qui sont morts dans un attentat près de Tébessa. Décidément, ces islamistes ne sont pas prêts à déposer les armes et signifient par là qu’ils peuvent frapper fort en avril prochain. Leur chef historique, Abassi Madani, qui est basé au Qatar, a appelé ses compatriotes à boycotter l’élection présidentielle, la qualifiant de « moyen de consacrer une réalité pourrie » dans le pays. Les jours qui viennent et ceux qui vont suivre ne sont pas bons quand on sait que le pays peut être secoué à tout moment. Pauvre Algérie !

Par Justin Daboné

L’Observateur Paalga

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