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Elections burkinabè : Aux urnes donc "Pawoeto" !

Publié le lundi 23 février 2009 à 02h13min

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Combien sont-ils, les Burkinabè de l’étranger en âge de voter dont les voix pourraient peser lourd dans la balance aux échéances électorales des trois prochaines années ? Deux, trois ou quatre millions, comme le soutiennent des sources officieuses ?

Question sans objet jusque-là qui, désormais, va donner du grain à moudre à la faune politique nationale depuis que le gouvernement a consenti à soumettre la question du vote des Burkinabè de l’étranger à l’appréciation des honorables députés, dont une majorité relative se recrute dans son camp, la mouvance présidentielle.

Pourquoi maintenant alors que, de tout temps, elle a été la revendication majeure de l’opposition, dont une certaine aile en faisait la condition sine qua non pour participer aux différentes consultations depuis que le "Pays des hommes intègres" a renoué avec la tradition démocratique ? Pour l’observateur de la scène politique, il ne serait pas interdit de penser que les tenants du pouvoir, donne géopolitique oblige, se sont donné le temps de s’assurer de l’adhésion des "Pawoeto" à leur cause avant de tenter l’aventure.

D’ailleurs, pourquoi les Burkinabè de l’étranger, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, dont le plus fort contingent occupe les bords de la lagune Ebrié depuis l’époque coloniale, hésiteront-ils en effet à leur donner le bon Dieu sans confession, si tant il est vrai que les chaînes de l’esclavage commencent à se briser dans les plantations et sur les multiples chantiers du développement au Pays d’Houphouët par exemple ?

Nous n’y sommes pas encore, mais l’électorat saura apprécier à sa juste valeur la volonté gouvernementale (cf. Compte rendu du Conseil des ministres du mercredi 11 février 2009) de soumettre au Parlement, courant 2009, quatre propositions de loi visant notamment la modification du Code électoral, dont les principales innovations se résument à :
- l’intégration du vote des Burkinabè de l’étranger, la sécurisation de la carte électorale, le parrainage du candidat à la magistrature suprême par 200 élus répartis entre les treize régions ;
- la contribution au financement des partis, des formations politiques et des campagnes électorales, à travers l’institution d’une ligne budgétaire consacrée à ces financements et à la définition d’une nomenclature des dépenses éligibles, desdits financements et à la réduction du délai des dépôts des rapports financiers auprès de la Cour des Comptes ;
- la fixation des quota pour les élections législatives et locales afin de consolider la représentation des femmes dans les instances de décisions en annihilant les barrières structurelles qui empêchent une compétition équitable en politique, ce qui instaure une meilleure animation de la vie politique.

Des propositions de loi qui, si elles venaient à avoir le quitus de l’auguste Assemblée, élargiraient le champ politique et condamneraient les différents leaders et tous ceux qui se seraient découvert un destin national à se mouvoir, car sera alors passé le temps où l’on battait campagne à partir de son salon. Il faudra mouiller le maillot sur le terrain ainsi que les élites sportives nous en dispensent quotidiennement la leçon à mille lieues du Faso. Ainsi, la marge de manœuvre des plaisantins politiques, qui n’ont jamais eu d’autres ambitions aux joutes électorales que de se remplir les poches à moindre frais, s’en trouverait réduite. Alors il s’agira avant tout d’être crédible, d’aller au charbon en prêchant son évangile aux quatre coins de la planète où se trouverait le moindre Burkinabè en âge de vous accorder sa voix.

Combien sont-ils seulement les éléphants du landernau politique national à pouvoir se payer un tel luxe ? Pour sûr, des grincements de dents et des cris d’orfraie, on en entendra dans certaines formations politiques après l’adoption de ces lois, dans la perspective de la présidentielle de 2010, des municipales de 2011 et des législatives de 2012, mais tant mieux si elles peuvent contribuer à assainir, apurer la scène burkinabè, boueuse et encombrée par une centaine de partis ou d’ONG politiques.

Peut-être que, par le truchement des fusions et des absorptions qu’imposerait la conjoncture, le niveau des débats s’en trouverait relevé et aiguiserait davantage l’intérêt de l’électorat pour la chose politique, en fouettant les taux de participation, restés, jusque-là, dérisoires à nos yeux. En attendant, nos "Pawoeto" peuvent enfin ressentir une légitime fierté, eux dont, à tort ou à raison, l’épargne, péniblement réalisée dans les bananeraies ivoiriennes ou dans les champs de tomate en Italie, sert au financement des chantiers du développement national, mais à qui le droit de vote avait toujours été contesté au pays des ex-trois Volta.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 23 février 2009 à 17:44 En réponse à : Elections burkinabè : Aux urnes donc "Pawoeto" !

    De grâce je n’aime pas qu’on nous appel ’’PAWOETO’’ trouver une autre appelation ça somme mal dans mes oreilles.

    Votre frère des USA.

  • Le 23 février 2009 à 20:50, par dj En réponse à : Elections burkinabè : Aux urnes donc "Pawoeto" !

    je trouve que le burkina n’a pas les moyens qu’il faudrait pour compter les voix des burkinabè de l’extérieur.il faudrait des moyens plus sophistiqués comme une informatisation rigoureuse ! je crois que c’est encore un plan du gouvernement pour s’octroyer des milliers de voix sqns que quiconque puisse contredire quoi que ce soit. ils seront les seuls à pouvoir dire combien de burkinabè il y a à l’extérieur, combien auraient voté et surtout combien de voix ils auraient eu (CDP) ; C-est juste un moyen de plus pour s’assurer les reines du pouvoir ! tout simplement parce que c-est eux qui détiennent tout ! malheureusement ces lois vont passer !

  • Le 24 février 2009 à 07:28, par Wiima En réponse à : Elections burkinabè : Aux urnes donc "Pawoeto" !

    Bienvenue a la fraude !!!!
    Je pense que dans un premier temps l’idee d’associer les Burkinabe de l’exterieur aux suffrages est bonne mais combien est la mascarade qui se cache derriere.
    Je pense qu’au stade actuelle ou nous sommes, la CENI n’est pas a mesure de nous donner des resultats fiables.
    Le parti majoritaire se fera des beignets dans un plateau car tous savons comment les choses se passe en Afrique.
    restons vigilants !!!!!!!

    • Le 24 février 2009 à 09:40, par un d’entre eux En réponse à : Elections burkinabè : Aux urnes donc "Pawoeto" !

      Bonne nouvelle ! mais seulement en apparence ! car il y a de nombreux probleme techniques qui se posent. d’abord le recensement. combien sont t’ils ? pour ceux qui connaisent la CI, ils sont memes dans les hameaux de culture (les campements comme ils les appellent la bas) les plus recules et qui ne sont pas toujours bien informes, memes pas les delegués consulaires, c’est vous dire. et quid du ghana ! attendons donc de voir.
      Pour finir, le terme "Pawego" est très pejoratif, il denote egalement d’une idees de perte pour la communauté (il signifie celui qui est resté en brousse donc perdu pour le mogho), donc ce ne sont plus des burkinabè, donc songez a trouver une expression plus appropriée.

  • Le 24 février 2009 à 10:50, par Paris Rawa En réponse à : Elections burkinabè : Aux urnes donc "Pawoeto" !

    1- Ne serait-il pas incohérent d’imposer la règle du parrainage des candidats à la magistrature suprême par des élus tel qu’on l’envisage, étant donné que dans notre pays on a exclut la possibilité de candidatures indépendantes tout en encourageant la liberté de création des partis politiques, sans limitation de leur nombre. Je m’explique : il est certaine souhaitable d’écarter les candidats peu sérieux de l’élection présidentielle. Et puisque les candidats dans notre pays ne peuvent pas être indépendants, leur manque de sérieux traduirait nécessairement le manque de sérieux de leur parti politique dont ils sont censés porter le projet politique. Il serait donc normal de soumettre d’abord les partis la règle de parrainage envisagée. Si ladite règle vient à s’appliquer aux candidats comme gage de sérieux, on ne pourrait plus raisonnablement exclure la possibilité de candidatures indépendantes, puisque cela reviendrait à limiter arbitrairement le choix souverain des citoyens électeurs.
    Ma compréhension des choses est simple : soit les candidats ne sont pas indépendants et donc ce sont les partis qui doivent être soumis à la règle de parrainage, soit les candidats peuvent être indépendants et ce sont eux qu’on doit soumettre à la règle de parrainage.

    2- Pour ce qui est du vote des Burkinabè de l’étranger, il faut être prudent. Il n’existe qu’un seul fauteuil de Président du Faso. Il me semble donc que l’élection présidentielle est très sensible et trop importante pour que ce soit par elle qu’on l’on se permette de commencer une expérimentation plus ou moins risquée. Je pense donc préférable que le vote des Burkinabè de l’étranger soit expérimentée à l’occasion des législatives.

    Tout ce qui peut ressembler à des manœuvres partiales en vue de favoriser un camp où l’autre doit être écarté pour que nous ayons enfin une démocratie crédible au Burkina Faso.

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