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Révolte à Lampedusa : « Je suis clandestin, mais j’ai aussi des droits »

Publié le vendredi 20 février 2009 à 02h21min

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Le Centre d’identification et d’expulsion de Lampedusa, en Italie, se remet doucement de ses dommages. Mercredi dernier, il a été le théâtre de violents affrontements entre pensionnaires et forces de l’ordre.

Bilan de cette journée chaude sur l’île : une vingtaine d’arrestations parmi les mutins, une cinquantaine de blessés légers et l’incendie d’un bâtiment. Il faut dire que depuis la transformation du centre d’accueil en structure d’identification et d’expulsion, la tension n’a cessé de monter sur l’île sicilienne.

Entre les protestations des habitants et la pression exponentielle des clandestins, la petite île, jadis paradis touristique, est en passe de devenir une véritable place forte. Certains parlent déjà du « Guantanamo italien », car rien qu’en 2008, des 31000 clandestins arrivés sur les côtes, la plus grande partie a échoué à Lampedusa, pour y être identifiées et systématiquement expulsée.

Dès lors, pour ces clandestins, aucune chance de se fondre dans la population, si ce n’est par la voie périlleuse de l’évasion, ratée pour cette fois. Pour plus d’un observateur, la révolte était inévitable, car enfermer 900 étrangers dans une structure prévue pour en héberger seulement la moitié transforme le tout en un véritable giron infernal.

Clandestins dans les mers de Lampedusa

Cet enfer, les révoltés de Lampedusa devront l’endurer encore quelques mois, le temps pour les autorités italiennes de les renvoyer manu militari vers l’outre Méditerranée. On comprend dès lors le ressentiment de ces naufragés de la vie, murés dans ce « Guantanamo italien », sans autre horizon que la cavale ou le retour forcé à leur point de départ.

Mais tout aussi désespérés qu’ils soient, les clandestins de Lampedusa peuvent encore se permettre le luxe de mener une révolte et de faire entendre leur voix, dans un pays où, malgré les restrictions, ils ont encore les coudées franches. En effet, de l’autre côté de la Méditerranée, l’actualité récente a prouvé que la gestion des flux migratoires restait un exercice hors norme. La Libye du roi des rois Kadhafi est désormais rodée dans l’art et la manière de jeter hors de ses frontières les « frères africains » qui auraient eu le malheur d’y séjourner.

Combien de fois des expulsés de la Jamahiriya se sont plaints des multiples exactions commises lors de leur interpellation, et même pour certains, alors qu’ils étaient parfaitement en règle ? La mutinerie de Lampedusa doit sonner comme une alarme aux oreilles de Rome qui, s’il s’obstine à durcir ainsi son système de gestion du flux d’immigrés, devra se préparer à faire face à de nouveaux accrochages, de plus en plus violents.

Par H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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