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Darfour : Khartoum botte-t-il l’accord en touche ?

Publié le vendredi 20 février 2009 à 02h21min

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La paix au Soudan, notamment dans la région du Darfour, est devenue un véritable serpent de mer. Depuis que les Four et les Zaghawa, deux tribus du Darfour, sont entrés en rébellion contre le pouvoir central de Khartoum en 2003, que d’accords ont été signés pour pacifier ce théâtre de guerre civile entre rebelles de l’Armée de libération du Soudan (S.L.A.) et du Mouvement pour la justice et l’égalité (M.J.E.) contre le régime islamiste de Khartoum et des milices progouvernementales.

Jusque-là, c’est le même scénario : un pas en avant, deux pas en arrière. La dernière en date, c’est l’accord d’ouverture de négociations entre le gouvernement du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité qui a été paraphé le mardi 17 février à Doha, au Qatar. A peine 24 h se sont écoulées que les armes ont repris leur concert favori. Une attaque aéroportée a pris pour cible les positions du MJE. Comme il fallait s’y attendre, c’est l’armée régulière qui est accusée d’avoir attaqué les rebelles. De leur côté, les loyalistes nient toute implication dans ce bombardement.

Si tant est que l’ouverture des pourparlers, en vue d’aboutir à une conférence de paix, ne prend pas en compte l’arrêt des hostilités entre les belligérants, cette frappe est pour le moins inopportune. Cela dénote, en effet, les intentions des uns et des autres de ne jamais lâcher du lest et de ne jamais aller à la paix.

Toute négociation est censée se reposer au minimum sur une trêve dans les combats, or ici, on semble trouver normal que la guerre puisse continuer pendant qu’on est toujours assis à la table du dialogue pacificateur. S’il se trouve que Khartoum est effectivement pour quelque chose dans cette insurrection, l’on ne pourrait que s’en prendre au président soudanais, Omar El Béchir.

Depuis qu’il était dans l’œil du cyclone de la Cour pénale internationale, plus d’un avait pris sa défense en fustigeant l’attitude de la CPI de vouloir s’en prendre à un chef d’Etat africain en activité. Mais là, il est moins défendable car comment comprendre qu’au moment où ses détracteurs de rebelles veulent adoucir leur position, il soit le premier à ouvrir le feu. L’on dira qu’en bon général, il devrait savoir qu’il est inconvenant d’ouvrir plusieurs fronts à la fois.

Ce qui fragilise davantage les accords signés, c’est que non seulement d’autres groupes rebelles refusent de négocier avec Khartoum, parce qu’ils n’ont jamais cru à la bonne foi du gouvernement soudanais, mais il y a aussi que le Tchad voisin n’a pas été joint aux négociations alors qu’il héberge des réfugiés chassés du Darfour. Or la coopération avec le régime du président Idriss Déby Itno est plus qu’indispensable car on l’accuse d’abriter également sur son sol des rebelles darfouri.

Le moins que l’on puisse espérer est que cette attaque n’entache pas la bonne volonté des protagonistes à aller à la paix, si bonne volonté il y a. Car signer des papiers et sortir se mater dans les montagnes, n’est qu’une parodie de paix. Et c’est malheureusement ce qui est donné à voir dans cette région où l’on dénombre plus de 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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