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Grève des greffiers : Constat d’une première journée de protestation

Publié le jeudi 19 février 2009 à 03h07min

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Le Syndicat national des agents de la justice (SYNAJ) et le Syndicat des greffiers du Burkina (SGB) observent, depuis hier mercredi 18 février 2009, un arrêt de travail de 72 heures pour exiger du gouvernement la satisfaction de leurs revendications. Au premier jour de cette grève, nous avons fait un tour au palais de Justice de Ouagadougou pour constater l’effectivité du mot d’ordre, en grande partie respecté.

Palais de Justice de Ouagadougou. Il est 9 h 30. Nous tapons à la porte du bureau du juge du Tribunal du travail. Pas de réponse. Nous insistons. Toujours rien. Nous essayons alors d’ouvrir la porte, mais elle est fermée. Au moment où nous descendons l’escalier, une dame sortant d’un autre bureau du fond du couloir s’adresse à nous : "Oui, je peux vous aider ?".

Lorsque nous nous sommes présentée comme journaliste, venue aux informations sur la grève des greffiers, elle s’est écriée : "Tous les agents du tribunal de travail sont en grève". Voilà qui est bien dit, et c’est le constat que nous avons pu faire en parcourant le reste du bâtiment. Toutes les portes, avec une inscription contenant les mots "greffe, ou greffiers", étaient closes.

Dans les différents couloirs, les usagers se croisent et se dépassent. On entend certains murmurer : "Cette grève- là...". Paul Bayala est de ceux-là. Après des va-et-vient, il nous a confié : "Je suis ici pour retirer un dossier de jugement pour des recherches en qualité. Tous les bureaux sont fermés.

Je vais essayer d’obtenir le numéro de l’intéressé pour l’appeler parce que je suis vraiment dans l’urgence. Dans le cas contraire, je dois me résoudre à attendre la fin de la grève", s’est-il empressé de nous lancer. C’est pratiquement la même situation pour Souleymane Yanogo qui, suite à une plainte, avait obtenu un rendez-vous pour le mercredi 18 février. "Je prie Dieu qu’il y ait une bonne entente entre eux", a-t-il souhaité avant de rebrousser chemin.

Sur place, nous n’avons rencontré aucun responsable des deux syndicats : ceux des agents de la justice (SYNAJ) et des Greffiers du Burkina (SGB). Mais, selon leur préavis de grève, d’ailleurs publié dans notre édition d’hier, l’arrêt de travail concerne l’ensemble des travailleurs des services judiciaires et juridictionnels, à savoir greffiers en chef, greffiers, secrétaires des greffes et parquets, secrétaires dactylographes, interprètes et assimilés.

Leur plate-forme revendicative, s’articule autour de 5 grands points. Il s’agit, en rappel, de :

- la reconnaissance et l’adoption du statut particulier du greffier burkinabè ;

- la régularisation et la valorisation du statut indemnitaire des personnels judiciaires ;

- l’érection des greffes en régies de recettes et de dépenses ;

- la création d’une direction des greffes au ministère de la Justice ;

- et le respect de la régularité du lancement des concours professionnels. Le moins que l’on puisse dire est que l’absence de ce personnel de bureaux en cette première journée de grève a porté un grand coup à l’exercice des activités. "Ces agents constituent le personnel d’appui. S’ils ne sont pas là, ça se sent", nous a confié le procureur du Faso, Issa Kindo que nous avons rencontré aux environs de 11 heures dans son bureau.

Même son de cloche de la part du premier président de la Cour de cassation, Cheick Ouédraogo, même s’il nous a fait savoir que, dans son service, le greffier en chef était à son poste pour assurer la permanence : "l’impact est important. Sans le greffier, le juge ne peut rien faire. Cette situation paralyse les juridictions".

Autour du palais, cette grève est aussi ressentie. Ainsi, Augustin Ouédraogo, employé au parking Pingdwendé, tout triste, nous a confié : "Si à pareille heure, vous voyez notre parking aussi vide, c’est qu’il y a vraiment quelque chose. Les quelques engins qui sont parqués là appartiennent à des gens qui sont entrés au commissariat".

Puis il a souligné que c’est la première fois qu’il voyait une telle situation au palais. Pour leur part, le procureur du Faso et le président de la Cour de cassation ont tous souhaité qu’un terrain d’entente soit trouvé entre les grévistes et le gouvernement et que le dialogue prévale. Vivement donc qu’une solution soit trouvée dans les plus brefs délais, et cela, dans l’intérêt de tous les protagonistes et les usagers de la justice.

Alima Koanda (stagiaire)

L’Observateur Paalga

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