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3e CANDIDATURE DE BOUTEFLIKA : Ça ne fait pas beau pour la démocratie

Publié le lundi 16 février 2009 à 00h49min

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La décision d’Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat à la tête de l’Algérie, a certainement déçu nombre de démocrates africains. Non seulement elle va à contre-courant de l’alternance démocratique, mais encore elle ne milite pas en faveur d’une gouvernance consensuelle, crédible et transparente.

Cette volonté de l’actuel chef de l’État algérien de se succéder à lui-même déçoit autant qu’elle suscite des interrogations. Pourquoi donc, à 71 ans, le chef de l’État algérien tient-il tant à demeurer au pouvoir ? Naguère, Bouteflika avait été dépeint sous les traits d’un homme en mauvais état de santé. Voudrait-il montrer qu’il est en mesure de relever le défi ? Son parti, le Front de libération nationale (FLN), manquerait-il de cadres compétents au point d’être incapables de lui trouver un successeur ?

A supposer que de nouvelles candidatures émergent, qu’en fera-t-on ? En raison de ses origines et de son parcours, le FLN demeure une forteresse incontournable dans le paysage politique algérien. Mais à l’interne, l’alternance démocratique y est-elle vraiment possible ? Est-elle même envisageable pour un membre quelconque de cette vieille organisation politico-militaire qu’on dit traversée par de multiples clans et courants ? La crainte de dissensions éventuelles serait-elle à l’origine de la décision du président Bouteflika ? Certes, les pays voisins de l’Algérie se caractérisent presque tous par le long règne des dirigeants. Mais ce ne sont pas des exemples de démocratie. En fin de compte, l’on peut avancer sans grand risque que l’’Afrique du Nord souffre d’un véritable problème de démocratie.

Les acquis sont peut-être incontestables dans ces pays dont la plupart connaissent une modernisation accélérée. Et c’est bien là le paradoxe ! Les efforts faits dans cet espace semble en effet contenir les peuples dans leur révolte, contrairement au reste du continent. L’ère Bouteflika, en dépit des difficultés connues avec les terroristes, a tout de même enregistré des succès au double plan économique et social. Mais Bouteflika candidat, son aura ne va-t-elle pas en prendre un coup ? Au stade actuel, la question de l’image importe peu au président-candidat et ce, tant qu’il aura la confiance du peuple. Il reste que pour quelqu’un de sa dimension, cela n’est point honorable.

Et cela est vraiment dommage pour un pays comme l’Algérie qui a toujours bénéficié d’une position confortable sur le continent. Sa réputation en prendra un coup. Surtout si l’on s’aventure à faire émerger des candidatures fantaisistes pour accompagner le président-candidat. Les prochaines présidentielles algériennes se présentent donc comme sans véritables enjeux. En effet, les opposants, pour la plupart, n’entendent point présenter de candidats. Quel sera alors le taux de participation ? Élevé ou faible ? Quelle sera la stratégie de l’opposition ? La nouvelle relative à un éventuel troisième mandat de Bouteflika n’est pas bonne pour l’Afrique. En effet, le vent du changement souffle d’un bout à l’autre du continent. Mais encore une fois, seuls les dirigeants semblent ne pas s’en apercevoir.

En fait, ce qui déçoit une certaine génération d’Africains, c’est qu’Abdelaziz Bouteflika appartient à cette race de dirigeants pionniers forgés dans la lutte de libération nationale. La plupart de ces combattants avaient soif de liberté, de justice et de démocratie. Ils agissaient comme s’ils s’étaient donné la consigne d’accompagner les autres pays du continent dans leur quête d’indépendance. Ce faisant, ils se sont érigé une carapace d’intégrité et une détermination qui en ajoutaient à leur foi inébranlable en la démocratie. Beaucoup de patriotes et de démocrates en lutte ont toujours vu dans l’exemple algérien un savant dosage d’idéaux révolutionnaires et de principes républicains. De sorte que le retour de Bouteflika aux affaires après des années de disette, avait redonné de l’espoir aux progressistes.

On sait l’après-règne difficile. Mais l’Afrique montre de plus en plus un visage hideux, avec des présidents malades ou vieillissants alors que la population, de plus en plus jeune, nombreuse et exigeante, se fait pressante, assoifée de démocratie et d’alternance. Parmi ces dirigeants, certains sont déconnectés de la réalité. Ils sont trop loin du terrain pour comprendre la colère de la rue, la révolte d’une jeunesse désabusée face à la vie chère, aggravée par le chômage d’aujourd’hui et les angoisses de demain.

Aujourd’hui, Bouteflika se range dans le mauvais camp, rejoignant ainsi tous ceux qui n’hésitent pas à modifier les règles du jeu, à tripatouiller la Constitution pour s’installer indéfiniment à la tête de l’Etat. Les pays du continent ont un vrai problème de démocratie. Il semble dans ce contexte, que l’alternance soit effectivement bloquée. Il devient même évident que les textes ne conviennent point aux Africains, du moins une partie des élites. Ces individus les ignorent quand ils ne font point leur affaire. Ils vont même jusqu’à les vider de leur contenu ou en modifier l’esprit.

Pourtant, les peuples aspirent à la démocratie. Les dirigeants eux, se refusent à leur offrir toute possibilité d’avancer dans cette direction. Rien d’étonnant que les candidats de l’opposition demeurent invisibles durant les campagnes électorales. Le plus souvent même, ils sont écrasés par les candidats des partis au pouvoir qui exploitent à fond l’appareil d’État. Des méthodes brutales aux plus subtiles, tout est bon pour écarter les autres et se maintenir au pouvoir. La culture de l’alternance devient dès lors une notion galvaudée, sans contenu et sans signification. Une pure abstraction qui ne trompe plus personne.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 16 février 2009 à 02:05, par un algerien a bobo En réponse à : 3e CANDIDATURE DE BOUTEFLIKA : Ça ne fait pas beau pour la démocratie

    vous ne voyer notre president et la votre alors il est democrate apres 21 ans au pouvoir ?

    • Le 16 février 2009 à 13:50, par Balla Moussa En réponse à : 3e CANDIDATURE DE BOUTEFLIKA : Ça ne fait pas beau pour la démocratie

      Commencons par ’’enlever la paille qui se trouve dans notre oeil afin de bien voir la poutre qui se trouve dans celui du voisin’’. Il n’y a aucune honte à cela. Ce n’est qu’une question de courage et d’honnété !D’ailleurs dites nous ce vous mettez dans votre terme ’’DEMOCRATIE’’ !

  • Le 16 février 2009 à 14:30, par doss En réponse à : 3e CANDIDATURE DE BOUTEFLIKA : Ça ne fait pas beau pour la démocratie

    c’est pas grave. Boutef est lhom kil fo pour l’algerie .entant que’ ancien etudiant a Alger, notre souhait etait de voir mille BOUTEFLIKA au pouvoir en Algérie,car c’est un homme aimant l’Afrique, et on avai l’habitude de l’apelé Boutef L’Africain.Ds chefs d’Etats qui veulent vraima le bonheur de leur peuple, kil reste au pouvoir vo mieu k des alternance bidon.

    • Le 17 février 2009 à 11:08, par Paris Rawa En réponse à : 3e CANDIDATURE DE BOUTEFLIKA : Ça ne fait pas beau pour la démocratie

      À tous ceux qui pense que l’alternance démocratie n’est pas une nécessité pour l’Afrique, je rappel ce vieux dicton de la sagesse des mossi du Burkina : "pogsad na n kiùda, bi a ges a bogdba" (= que la jeune fille encore radieuse ait la prudence d’observer ce qu’est devenue sa tante). Autrement dit il y a un temps pour briller, pour être l’homme de la situation comme Mugabé libérant son peuple les armes à la main. Puis il y a un temps pour partir la tête haute, comme Madela, Alpha oumar Konaré, John Kufuor... Enfin, il y a un temps pour trainer la patte, pour se ruiner et ruiner imperceptiblement son pays et ses propres acquis comme tous ces messieurs d’ici et d’ailleurs qui ne réalisent pas que les temps changent pour eux comme pour tous ; enfermés qu’ils sont dans leur logique égocentrique. Alors, tôt ou tard, ces derniers finissent comme Mugabé et comme Lansana Conté de la Guinée ; ils s’en vont à reculons, couverts de honte, comme un chien la queue entre les pattes, pour mourir humiliés et rejetés par leurs peuples dont ils ont été et fait le malheur. Quels gâchis pour eux et pour leurs peuples !

      C’est pendant qu’on est encore lucide qu’on peut prendre la sage décision de partir du pouvoir. Mais si l’on est convaincu qu’il faut rester utile à son peuple en attendant le moment des premiers signes évidents de perte de lucidité pour prendre une décision aussi lourde que difficile à mettre en œuvre, c’est qu’on est réellement prétentieux, imprudent et pas du tout prévoyant. Ce qui par nature est un handicap pour gouverner un pays.


      À chacun son orgueil, mais tout orgueil n’est pas une vertu à imposer à toute une nation.

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