LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

MUGABE-TSVANGIRAI : Briser la glace de la méfiance

Publié le vendredi 13 février 2009 à 02h09min

PARTAGER :                          

Le Zimbabwe a enfin son Premier ministre. Après avoir longtemps pratiqué la politique de la chaise vide, le leader de l’opposition, Morgan Tsvangirai, a enfin accepté la charge de Premier ministre du gouvernement d’union nationale. Si cet événement constitue une étape majeure du processus de réconciliation, il ne garantit cependant pas une sortie de crise définitive.

Si les pratiques d’opposition systématique du MDC (Mouvement pour le changement démocratique) sont transférées au sein du travail gouvernemental, il est à craindre que l’attelage Mugabe-Tsvangirai s’essouffle après une courte distance. Pour arriver à bon port, le mur de méfiance érigé entre le camp présidentiel et l’opposition, doit impérativement laisser la place à un espace de dialogue et de tolérance. Mais des problèmes ne manqueront pas de surgir sur le chemin du nouveau pouvoir zimbabwéen. Il s’ agira d’abord de s’entendre sur le cap à atteindre par l’équipe actuelle, de savoir quelle est la destination finale du train qui vient de s’ébranler : est-ce pour relancer le pays sur les plans économique et social, ou pour entamer de profondes réformes politiques et institutionnelles en vue de la prochaine élection présidentielle ? Il faudra donc aux deux dirigeants, bien poser les bases des missions à exécuter pour éviter que chacun tire à hue et à dia une fois l’équipe gouvernementale en marche.

Au demeurant, on n’ose pas imaginer que la médiation a négligé cet aspect essentiel, celui de la définition d’une feuille de route qui ne saurait souffrir de contestations dans sa mise en oeuvre. Si donc cette précaution a été prise, c’est la personnalité des deux hommes qui sera déterminante dans la conduite des affaires. Or, dès la prestation de serment, on a ressenti comme une ambiance glaciale entre le président et son Premier ministre. Bien évidemment, il n’ y a pas d’ambiguïté quant à la prééminence du président, devant qui le Premier ministre a prêté serment. Mais en sera-t-il toujours ainsi tout au long de la cohabitation ? Tsvangirai acceptera-t-il dans l’exercice de ses fonctions que Mugabe soit le chef ? C’est à voir. Car les premières déclarations des proches de l’opposant ont toujours ce ton guerrier, comme si le temps n’est pas à l’apaisement, à la résolution rapide des graves problèmes que connaît le pays. Quitter momentanément les habits d’opposants purs et durs pour revêtir ceux d’hommes de consensus, tel devrait être le credo des représentants du MDC au gouvernement.

Et en toute humilité, eux comme les partisans de la ZANU-PF, auraient dû avoir la présence d’esprit de présenter solennellement leurs excuses au peuple zimbabwéen. Il n’est point de doute que la descente aux enfers du pays est d’abord la faute aux politiciens qui se sont livrés depuis de nombreuses années à une guerre sans merci. Cet acte de contrition, s’il avait eu lieu, aurait pu être assorti de l’engagement à ne plus tomber dans les travers du passé, en sacrifiant le peuple sur l’autel de querelles partisanes. Mais ce mea-culpa n’a pas eu lieu. Faut-il comprendre que les couteaux ne sont pas rangés et qu’ils ressortiront à la moindre occasion ? Les Occidentaux, en tout cas, principaux soutiens de Tsvangirai, n’ont pas donné de signaux positifs. Ils continuent de maintenir les sanctions contre le pays, alors que l’accord survenu entre le pouvoir et l’opposition est le signe d’une décrispation nationale. La trêve politique au Zimbabwe doit être confortée et transformée en une paix définitive.

Or, sans le soutien massif de la communauté internationale, rien de durable ne peut se construire. C’est d’ailleurs l’heure de vérité pour les Occidentaux qui, en parrainant Morgan Tsvangirai, disent lutter pour l’avènement de la démocratie au Zimbabwe. A l’aune de leur comportement, on saura s’ils ont dépensé toute cette énergie juste pour évincer Mugabe au profit de Tsvangirai, ou pour véritablement aider le peuple zimbabwéen. On se demande à cet effet, pourquoi la communauté internationale réserve un traitement inégal entre le Zimbabwe et le Kenya, alors que le régime de Mugabe a nettement moins commis de fautes relevant des droits de l’homme, que celui de Mwai Kibaki, le président kényan, qui a sur sa conscience la mort par violence de plus de mille Kényans. C’est dire qu’on attend de l’Occident qu’il fasse la démonstration de sa bonne foi dans la crise zimbabwéenne. Pour le moment, ses sanctions continuent d’être comme un parti pris pour un camp contre un autre, à l’heure où tous doivent parler d’une même voix en taisant les rancoeurs du passé.

L’ingérence des pays développés est flagrante et partiale. Il leur appartient de rééquilibrer leurs rapports avec les acteurs zimbabwéens, pour amener à l’apaisement et à l’instauration d’une nouvelle forme de vie entre les populations. Les Zimbabwéens doivent arriver à se débarrasser des clivages politiques pour ne penser d’abord qu’en tant qu’éléments d’un même peuple et d’une même nation. Bref, les populations doivent réapprendre à s’aimer. Cette tâche de réapprentissage d’une coexistence pacifique, point de départ à toute réconciliation nationale, incombe tant aux partis politiques qu’aux acteurs internationaux qui ont souvent joué les boutefeux.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 15 février 2009 à 10:48 En réponse à : MUGABE-TSVANGIRAI : Briser la glace de la méfiance

    il appartient aux seuls zimbabweens de decider de leur avenir et non pas obeir aux diktats d’un pourri comme tsvagirai qui est clairement et directement dirigé par les occidentaux. Il n’y a meme pas a discuter ! tant que l’afrique comptera des gens egoistes et pourris du genre tsvangirai et sa clique,l’afrique ne pourra jamais rien faire
    et a vous les africains qui ne voulez pas reflechir ne vous plaignez pas mais acceptez de subir et taisez vous : obeissez a vos maitres. inutile de crier OBAMA ! OBAMA !... LES NOIRS AMERICAINS N’ONT PAS FAIT COMME VOUS ! Prnez vous en charge et soyez patriotes comme Mugabe

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique