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Madagascar : Vivement, la paix des braves

Publié le mardi 10 février 2009 à 17h07min

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Après la sanglante répression samedi dernier de la manifestation de l’opposition malgache, conduite par le jeune maire d’Antananarivo, Andy Rajoelina, les habitants de la Grande Ile compte toujours leurs morts. Un décompte macabre dont les chiffres avancés varient d’une source à l’autre.

On parle d’une centaine de morts depuis le début du bras de fer entre le président au pouvoir, Marc Ravalomanana, et le maire de la capitale. Le samedi 7 février courant, 28 personnes au moins sont tombées sous les balles de la garde présidentielle, qui a ouvert le feu sans sommation sur la foule de manifestants.

On estime à 212 le nombre de blessés parmi ceux qui marchaient avec le maire de la capitale à l’appel de celui-ci, sur le palais, situé au centre de Tana, où est logé le bureau du président de la République.

Depuis le déclenchement du mouvement de contestation le 26 janvier 2009, les positions sont restées tendues entre les deux hommes forts de Madagascar, ce qui a abouti au bain de sang de samedi passé dans la capitale malgache. Un jour après le regrettable carnage, le calme semblait revenu à Antananarivo. Mais ce n’est peut-être qu’une apparence.

Sous la cendre pourrait encore couver le feu, puisque le bouillant maire, qui ne s’avoue nullement vaincu, martèle que pour leurs vies, leur sang qui a coulé, il ne peut pas laisser tomber les populations. La lutte continue, a-t-il souligné.

Face à cette situation, qui tarde à trouver un dénouement heureux, la ministre de la Défense, Cécile Manorohanta, face à la répression, qu’elle dénonce fermement, a rendu le tablier hier lundi 9 février 2009.

Dans un écrit dont elle est l’auteur, elle affirme qu’« en tant que mère, je n’accepte pas cette violence ». Elle a aussitôt été remplacée à son poste par le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, l’ancien directeur du cabinet militaire à la présidence.

Cette démission laisse entrevoir une fissure au sein de l’équipe dirigeante. Ravalomanana pourrait ne plus être l’unique capitaine à bord du bateau battant pavillon Madagascar, à tel point que les passagers craignant le pire commencent déjà à quitter le navire.

L’ONU a fini par sortir de sa réserve. Dans un communiqué, le porte-parole de son secrétaire général, Ban Ki-moon, a appelé les autorités malgaches à « mettre en œuvre d’urgence un processus pour que tous les responsables soient traduits en justice ».

En plus de l’appel au calme, un proche collaborateur du patron de l’organisation mondiale, en la personne de Haile Menkerios, a été dépêché sur la Grande Ile.

L’Union africaine en a fait autant en envoyant sur le terrain un émissaire, l’ex- ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire, Amara Essy. Celui-ci devrait s’employer à évaluer la situation avec tous les protagonistes et leur réitérer l’appel des autorités de l’Union à une plus grande retenue.

Du côté de Paris, on annonce le secrétaire d’Etat français Alain Joyandet demain mercredi sur la Grande Ile de l’océan Indien, et le pape Benoît XVI, pour sa part, appelle au retour à la concorde dans la patrie du souverain Radama Ier.

Ces différentes initiatives, qui sont à saluer, on ne peut que souhaiter, pour le peuple malgache, qu’elles portent leurs fruits. Chacun se doit d’accepter de bon cœur de mettre de l’eau dans son vin pour que la situation se normalise rapidement, afin que, par des accords conclus sur la base de concessions mutuelles, on s’engage à panser les plaies et à regarder ensemble résolument dans une même direction : l’avenir de Madagascar, dont il se réclament tous artisans du bonheur.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur

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