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Madagascar : Samedi rouge à Tana

Publié le lundi 9 février 2009 à 03h17min

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Marc Ravalomana

Les choses vont de mal en pis du côté de Tana, la capitale malgache. Pourtant, bien d’observateurs de la scène politique avaient pensé benoîtement qu’après les 70 morts et les dizaines de blessés des semaines écoulées, la raison prévaudrait en lieu et place de ce bras de fer absurde qu’entretiennent présentement, et ce, depuis déjà un mois, les deux hommes qui se disputent le pouvoir d’Etat sur la Grande Ile. Hier dimanche encore, les Malgaches se sont réveillés de nouveau sous le choc, après la mort d’une quarantaine de personnes la veille, samedi donc, au cours d’une manifestation de l’opposition qui a dégénéré dans la capitale.

On s’en souvient, ils étaient environ 2000 manifestants, arborant des tee-shirts et casquettes oranges du mouvement du jeune opposant, à converger vers la place du 13-Mai à Tana, avec à leur tête justement leur mentor, le bouillant Andy Rajoelina qui, entre-temps, s’était autoproclamé président d’une haute autorité de transition.

Intervenant au cours de ce meeting en malgache, en français et en anglais, l’ancien disque joker, qui s’est révélé aux yeux du monde comme un redoutable opposant aux hommes au pouvoir à Tana, a fortement insisté sur la légalité de son mouvement et souligné que, pour lui, le peuple souverain détenait le pouvoir, que son pays méritait mieux que la faim et la pauvreté.

Et c’est après cela que le n°1 de l’opposition malgache a demandé à la foule compacte, formée comme nous l’avons dit de 2000 sympathisants, s’il fallait aller au palais présidentiel ; une question à laquelle l’assistance a répondu en chœur par oui. Et c’est aux abords du palais que des tirs sans sommation se sont faits entendre, laissant une quarantaine de morts et de nombreux blessés sur le macadam.

Si dans l’après-midi du samedi, le président Ravalomana a présenté ses condoléances aux familles éplorées lors d’une allocution radiotélévisée, estimant que le camp d’en face avait dépassé les bornes, pour Andy TGV, comme le surnomment ses supporters en raison de son caractère trempé de fonceur, « la lutte continue jusqu’à la victoire finale ».

Il est donc à penser que l’apaisement sur le front social n’est pas pour demain et que, à la victoire finale, les Malgaches risquent de payer un lourd tribut vu que, depuis le 26 janvier, date du déclenchement des troubles sociopolitiques sur la Grande Ile, ce sont pas moins de 100 morts et au minimum un demi-millier de blessés qui ont été enregistrés.
Et la grande question que l’on est en droit de se poser, c’est de savoir comment le président Ravolomana, qui est à la tête de son parti, le TIM, et qui a obtenu 106 députés sur 127 au total lors des législatives de septembre 2007 seulement, en est venu à battre un si grand record d’impopularité en moins de deux ans.

Même si ses opposants ont évoqué l’idée de fraudes, à l’évidence, cela n’explique pas totalement cette descente aux enfers de l’opposition traditionnelle, au secours de laquelle vole le très médiatique Andy.

Créé seulement en 2001, le TIM a réussi le coup de force de balayer, six ans après, la quasi-totalité de l’opposition malgache, se taillant une majorité confortable à l’Assemblée. Malheureusement, il a également réussi le tour de force de se rendre très impopulaire.

Cette impopularité du président Ravalomana et de son TIM semble si manifeste que la gendarmerie et l’armée, garantes de la légalité constitutionnelle, sont restées de marbre et ne sont intervenues face à cette situation insurrectionnelle sur la Grande Ile.

Ce qui expliquerait en partie qu’une bonne proportion des forces de l’ordre observe une parfaite neutralité dans ce combat sans merci que se livrent les deux gladiateurs de la scène politique malgache, c’est les grands retards observés dans le paiement de leurs salaires. Or, c’est bien connu, ventre affamé n’a point de force pour mater des insurgés.

Mais quoique puissent être les contradictions entre les deux hommes, il faut bien se résoudre à aller à la table des négociations, car le peuple observe et s’impatiente. Il ne souhaite aucunement rester trop longtemps l’otage d’une guéguerre qui risque de mettre le pays complètement à genoux, lui qui est déjà à sang.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 9 février 2009 à 18:06, par damis En réponse à : Madagascar : Samedi rouge à Tana

    Il me semble qu’en lieu et place de 2.000 manifestants, il s’agit plutôt de 20.000 manifestants. En écoutant plusieurs radios et en lisant quelques journaux sur le net c’est ce chiffre qui a été communiqué. Merci de vérifier et de corriger s’il y a lieu.
    Cordialement !

    • Le 26 février 2009 à 09:24, par EMMANUEL En réponse à : Madagascar : Samedi rouge à Tana

      Effectivement il s’agit de 20.000 manifestants d’après les médias malgaches.

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