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TRANSPORT EN COTE D’IVOIRE : Un enjeu électoral

Publié le mercredi 28 janvier 2009 à 00h27min

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La première expression de la vie chère a été généralement ressentie dans les capitales africaines à travers la hausse du prix du carburant à la pompe. Comme une réaction à la chaîne, cette hausse a été systématiquement appliquée dans tous les secteurs de la vie économique. La Côte d’ivoire dont l’économie est déjà malmenée par les années de guerre et qui retient son souffle en cette période de sortie de crise, en souffre doublement.

Ces millions d’Ivoiriens qui souffrent le martyr de la guerre auraient bien pu se passer de cette crise de la vie chère tant la guerre était déjà difficile. Après les hausses successives de depuis juillet 2008, le prix du baril dégringole de 145 dollars à 50 dollars. Et le gouvernement de Gbagbo n’a pas attendu qu’on le lui rappelle pour répercuter cette baisse du prix du baril à la pompe. Plus que le niveau de la baisse, c’est la réactivité du gouvernement qu’il faut, une fois n’est pas coutume, saluer. Dans la foulée, il a même, en concertation avec les transporteurs, annoncé la baisse du prix des transports.

Devinez qui applaudit cette mesure gouvernementale ? Bien évidemment les plus de quatre millions d’habitants de la capitale d’Eburnie. Dans ce pays où le transport en commun, urbain et interurbain est très développé, toute mesure qui touche ce secteur est d’une sensibilité qui exige de la part des décideurs autant de tact que de persuasion. La preuve, les patrons transporteurs, généralement dits proches du RDR (le parti de l’opposant ADO) ont accepté cette baisse. Personne ne veut s’attirer les foudres de l’électorat en cette veille d’élections où chaque point compte. On a encore en mémoire la révolte des conducteurs de "gbaka", mini-cars de transport, face au racket des forces de sécurité, obligeant le gouvernement à prendre des mesures drastiques contre les agents véreux Ce faisant, le pouvoir d’Abidjan tient parole.

Car au plus fort de la crise, Gbagbo n’avait –il pas déclaré que dès que la tendance des prix s’inverserait, il appliquera les baisses induies ? De ce fait, il montre à quel point il est réceptif aux préoccupations de ces concitoyens. A défaut de leur apporter la paix qui tarde à se concrétiser, il n’hésite pas à leur adoucir le quotidien. On sait sa marge de manœuvre réduite dans une économie marquée par la guerre et dans un contexte de pré-campagne où chaque décision politique est sujette à interprétation par les adversaires politiques. Au Burkina et dans certaines autres capitales, les baisses se sont succédé à la pompe, mais les transporteurs plus prompts à suivre la hausse, se font toujours attendre. Personne ne les y oblige. C’est la logique du marché qui devrait les y pousser. Mais c’est sans compter avec le goût du gain facile, trop facile de certains d’entre eux.

Dans le cas de la Côte d’ivoire, le gouvernement a associé les organisations de transporteurs pour décider de la baisse du coût dans le secteur. Tel n’est pas le cas de leurs employés, les conducteurs et autres chauffeurs qui, à la surprise générale, n’ont pas encore répercuté la mesure. Mais là, c’est plus une question de modalités pratiques que tout autre chose puisqu’ils demandent à leurs employeurs de revoir également à la baisse le niveau des recettes journalières. En tout cas, le gouvernement de Gbagbo lui a déjà donné le ton : le prix des transports doit baisser dans le district d’Abidjan. Plusieurs millions d’Abidjanais attendent impatiemment l’effectivité de cette mesure.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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