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Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

Publié le vendredi 23 janvier 2009 à 15h59min

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« Bientôt il y aura une circulaire pour réglementer la photographie dans les cérémonies. Désormais, il n’y aura plus un photographe entre les officiels et l’assistance. Ce sont les dernières photos que vous faites aujourd’hui ».

Voici les mots très aimables que Filippe Sawadogo, Commandeur de l’Ordre National, patron de la Culture, Communicateur en chef, grand maître de cérémonie devant l’éternel et premier guide du tourisme burkinabè, a trouvés pour présenter ses vœux aux photojournalistes en primeur, à l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux de son département, avant son discours officiel. C’était le 16 janvier dernier dans les locaux de la Télévision nationale du Burkina (TNB).

En réalité, ce n’est pas surprenant pour nous qui sommes sur le terrain, car il n’est pas à son premier haut fait d’arme. En effet, le signal avait été déjà donné. Nous en voulons pour preuve, le signe qu’il avait fait au photographe de Sidwaya (en train de faire son travail aux côtés d’un cameraman) de quitter les lieux, pour être mieux vu par la télé lors d’une conférence de presse animée le 18 décembre 2007, par son collègue Assane Sawadogo, ex-ministre de la Sécurité.

On ne peut non plus oublier la confiscation de l’appareil d’un photographe de l’Observateur paalga, par monsieur le ministre en personne le 19 mai 2008, sous prétexte qu’il n’a pas demandé la permission avant de photographier des soldats du feu qui luttaient contre un incendie provoqué, semble-t-il, par un court-circuit dans son ministère.

Le Burkina étant ce qu’il est, et ses responsables ce qu’ils sont, nous ne sommes pas vraiment étonnés de ces « mesures disciplinaires » contre les chasseurs d’images, mais c’est la décision du censeur de service qui nous étonne. Premièrement, c’est celui-là même qui a présidé aux destinées du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). On suppose donc qu’il connaît l’importance de l’image. Ensuite, il fut le doyen des ambassadeurs burkinabè en zone Europe.

A notre connaissance, les photographes ne sont pas des indésirables là-bas. Enfin, c’est le premier responsable du département de la Culture, du Tourisme et de la Communication. Si on considère que la photo accompagne la culture et le tourisme, et que nous travaillons pour des organes de presses qui sont sous sa tutelle, on peut dire qu’il est notre premier patron.

A ce titre, il pouvait nous rencontrer lui-même ou par délégation, par ses services techniques (pour des raisons de respect mutuel), pour échanger sur le sujet comme il l’a fait avec les MC. Mais rien de tout cela. La mise en garde, faite devant nos patrons, nos femmes et nos enfants lors de la présentation de vœux des travailleurs de l’information à leur ministre de tutelle, laisse croire que les photographes sont des « persona non grata », et qu’il faut régler le compte à ces « trouble-fêtes ».

En attendant donc la fameuse circulaire, l’Union des photojournalistes de l’Afrique de l’Ouest (UPHAO), section du Burkina, prend acte et invite ses membres au respect de la volonté ministérielle, tout en se réservant le droit de prendre la décision qui s’impose face à toutes actions tendant à empêcher ses membres de travailler dans la quiétude.

Il convient de rappeler que notre travail de reporter photo ne date pas d’aujourd’hui. Et nous avons suivi le même Filippe dans ses différentes fonctions avant qu’il ne vienne à la tête de notre ministère, sans qu’il ait trouvé à redire sur notre profession.

Mais ce changement brusque de comportement envers ses « amis d’hier » a commencé à être visible et frontal depuis la prise de contact du premier gouvernement de Tertius Zongo, le 12 juin 2007, à la présidence du Faso où il lança ces mots aux preneurs d’images : « Pas de gros plan SVP, ne me faites pas de gros plan...

Non, reculez, pas de gros plan ». A la question de savoir pourquoi, il répondit du tac au tac que « Parce que c’est mon métier et en général, les gros plans grossissent mes défauts ». Mais que voulez-vous ? Les hommes changent avec le temps et les événements.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus de photos rapprochées, mais d’une interdiction pure et simple des photojournalistes devant les officiels (sauf devant Blaise Compaoré, Tertius Zongo, ainsi que certains ministres et présidents d’institutions qui, eux, aiment notre présence et nous facilitent toujours la tâche pendant nos reportages), que le « seigneur » des médias veut décider.

Aux ordres donc, votre Excellence. Plein succès à la circulaire, bonne et heureuse année 2009. On n’en sait jamais, cette décision pourrait être pour notre bien aussi. Au fait, les cameramen sont aussi concernés par cet oukase ?

Pour le bureau, le président,
Emmanuel Ilboudo

L’observateur

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2009 à 18:38, par Fidèle lectrice En réponse à : Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

    Bonjour cher Monsieur Ilboudo,
    Moi j’estime que cet article est trop osé. Desolé de vous decevoir, mais je pense que beaucoupd de photographes burkinabés surtout ceux de la presse ne sont pas professionnels. Monsieur le Ministre a bien raison de règlementer ce secteur. Il y a trop d’amateurisme. On ne doit jamais se mettre entre les officiel et l’assistance, et surtout être nez à nez avec la personne qui lit son discours ou fait une présentation. La présence du photographe en face de quelqu’un qui fait une présentation est très génante et empêche la personne de focaliser. Beaucoup de photographes burkinabés sont égoistes et ne pensent qu’à prendre des photos. Où ont -ils appris à faire des photos ? Ne savent-ils pas que leurs appareils sont dotés du système de Zoom pour leur permettre de rapprocher ou d’éloigner leur sujet ? Sont-ils allés à l’école professionnel ? Je doute vraiment. Il y a oute une gamme d’appareils qu’ils peuvent utiliser sans avoir besoin de monter sur le pied de quelqu’un pour lui prendre une photo. Excusez-moi, mais je pense que dans ce pays il faut qu’on dise la vérité aux gens qui pensent qu’ils ont toujours raison.
    Merci de votre ouverture d’esprit. Soyez progressiste.
    Respectieusement, une fidèle lectrice !
    Courage et félicitations au Ministre Sawadogo. Bravo !

    • Le 24 janvier 2009 à 10:01, par polar123 En réponse à : Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

      Merci Mr Ilboudo pour votre noble esprit de critique. Cela dit, je trouve que notre chère lectrice va aussi trop loin en pensant que votre "article est trop osé". Comment peut-on dans un pays comme le nôtre vouloir que ce soit des personnes qui sont allées dans une école professionnelle qui doivent être autoriser à exerce ce métier de photographe ? Et où se trouvent ses écoles et à combien cela revient ? Dans cette immence difficulté de vie au jour le jour ce n’est pas une bonne recommandation Mme. Je ne suis ni photographe, ni homme de média mais il importe de savoir que ceux qui nous dirige doivent être à mesure de faire leur intervention en dépassant leur trac. S’ils se sentent mal à l’aise, ils peuvent tout simplement ne pas forcer pour rester dans leur fonction. Nous voulons des compétents pas des gens qui essayent de mettre des batons dans les roues des autres. Mr le Ministre Sawadogo l’a si bien dit qu’il faisait ce "même boulot" avant d’être ce qu’il est à ce jour. S’est-il qu’il faisait du mal en son temps si on en croit à sa requête actuelle ? A-t’il peur de quelque chose que lui seul peut définir ? C’est de trop sa demande. Sans vouloir vous vexer Mme, sachez que cet article est à juste titre. Merci

      • Le 24 janvier 2009 à 20:24, par Fidèle lectrice En réponse à : Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

        Vous voyez, c’est ainsi que nous n’allons jamais évoluer. Si nous devrions persister dans la médiocrité sans chercher à changer, ni à améliorer notre façon de travailler nous resterons toujours dernier dans le monde.
        Il y a une déontologie dans tout metier. Des règles du metier. Vous pensez qu’il est honorable d’apprendre que dans ce métier de photojournaliste, qu’on dise que ce ne sont que des amateurs et qu’ils apprennet leur profession sur le tas. Je suis sûre que si vous vous renseignez bien à Ouaga on vous dira qu’il y a des écoles pour ça ici à Ouaga. Je pense plutôt qu’il est temps d’assainir ce milieu. C’est une profession qu’ils excercent alors ils doivent être professionnels. J’ai honte de savoir qu’au Burkina il y a des gens qui encouragent la médiocrité. Bref, n’attendez pas à ce qu’on vous apporte le savoir, vous pouvez aller le chercher. Nous vivons dans un pays sous-developpé alors nous devrions nous battre tous pour exceller dans tous les domaines. N’attendons pas toujours qu’on nous donnent tout sur un plateau d’argent. Celui qui veut exceller dans son domaine peut le faire, il suffit de le vouloir . Donc, Il est temps pour nous d’arrêter de nous plaindre surtout quand nous n’avons pas raison. Trouvons tous ensemble une solution pour y rémedier la situation. Par exemple, je vous propose une solution. Les journaux se font de l’argent en faisant des ventes. Alors ils doivent investir dans le matériel de travail et pouvoir former leurs employés. Selon vous qui doit payer pour ces appareils ? Cher lecteur, soyons plus sage et acceptons que cette fois-ci, les "journaliste-photographes" comme ils se font appelé, ont tord. Ils pensent que cette arme qu’ils possèdent, les médias, qu’ils peuvent l’utiliser à tord et à travers. C’est vraiment écoeurant cette situation. Bonne chance à nous tous. A vous lire et à lire Monsieur Ilboudo il me semble que vous ayez quelquechose de personnel contre Monsieur le Ministre. Que vous a-t-il fait ? Ou bien est-ce que c’est parce qu’il est devenu ministre que cela vous fait mal ou c’est parce qu’il a fait son boulot que vous croyez que vous avez le droit de lui rappeler qui il était ? Nous tous nous n’étions rien hier et si nous sommes quelqu’un aujourd’hui c’est grâce à notre perséverance et à notre ambition. Ce qui est bien normal et logique pour quelqu’un qui progresse. Celui qui n’avance pas ou refuse d’avancer récule. Que le Bon Dieu nous éloigne de ceux là qui refusent le progrès.
        Ciao

        • Le 24 janvier 2009 à 21:10 En réponse à : Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

          N’importe quoi tout ça.Il ne s’agit pas de professionnalisme chère madame "fidèle lectrice" et tous ces zozos qui ne comprennent rien pourquoi autoriser pour certaine autorités et laisser d’autres ? Parce que le "belle" Filippe est anti gros plan. S’il est vraiment cinéaste, il connait la valeur d’un gros plan. C’est vraiment dommage de prendre un décrêt concernant la nation pour sa seule bobine. Les narcissiques de cette trempe on s’en bal les couilles. Non il faut reconnaitre que nous sommes à l’heure des dérives. Filippe qui trimballe sa fille dans les cortège officiels a vu sa fille bousculée par des photographes à Ziga. Il a même subi les remontrances du Premier ministre ce jour là. IL fait cette bétise et des gens trouvent moyen de le défendre quelle honte !! Trouvez moi un seul appareil au monde qui vous permet de rester de profil et de faire un gros plan de face. C’est trop con vos réaction ! Filippe déconne te c’est d’ailleurs la seule chose qu’il sache faire. De toute façon c’est unincompétent notoire !!

        • Le 24 janvier 2009 à 21:25 En réponse à : Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

          On peut être la maitresse du ministre ça, personne ne s’en ofusque dans ce pays où tout fout le camp. Mais raconter n’importe quoi ^pour soutenir qelqu’un qui affabule c’est de trop. Filippe a fait combien d’images dans ce pays je défis quiconque de me sortir les images de qualité que ce monsieur aurait produites. Non ce n’est pas parce qu’on est ministre qu’on se permet de raconter des histopire à dormir debout. Que ceux qui veulent avancer en faisant l’apologie de la censure partent sans nous. Filippe affabule. Il n’a jamais été bon journaliste comme il essaie de nous faire avaler. Petit pigiste de l’obs dans le temps où le pays manquait de journaliste. Madame défendez le diable mais ne faites pas de lui un ange.

  • Le 26 janvier 2009 à 16:50 En réponse à : Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

    le ministre n’a qu’a quitter dans cette affaire de photographes la, c’est pas du tout bien pour lui qui se prétend spécialiste. aucune circulaire ne pourra réglementer ce domaine où chacun cherche son manger. il n’a qu’a nous laisser en paix chacun fait son travail.

    • Le 27 janvier 2009 à 15:02, par Fidèle lectrice En réponse à : Cérémonie officielles : En attendant l’interdiction des photographes

      Très bien, ceci montre à quel point ceux qui se disent intellectuels dans ce pays sont limités. On a plus le droit de dire ce qu’on pensent sans être traité de maîtresse de quelqu’un. Parceque le ministre est un homme et moi qui donne mon opinion par rapport à la situation et étant une femme alors je suis forcement la maitresse du ministre. Mes chères amis, nous sommes entrain de parler d’un problème sérieux qui agassent beaucoup de gens. Si vous êtes honnête, demandez à ces photographes si d’autres personnes ne se plaingnent pas de la manière dont ils font leur travail. Je vous en pris ! Soyons sérieux et objective. Et discutons des choses sérieuses et construtives. Aucun pays ne peut se construire dans l’arnachie. N’exagerons rien.

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