LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Karim Meissa Wade : On le voit venir

Publié le vendredi 23 janvier 2009 à 14h19min

PARTAGER :                          

Les Sénégalais sont maintenant fixés sur les incessants va-et-vient de Karim Wade, le 20 janvier dernier, à la mairie de Dakar (en une heure, il est venu trois fois en ce lieu). En fait, il échangeait avec Pape Diop, le maître des lieux, et d’autres ténors du PDS sur son dossier de candidature aux élections locales, dossier qu’il a d’ailleurs déposé le même jour.

Il aura donc attendu jusqu’à la dernière minute (la clôture était pour le 20 janvier à 0 heure) pour faire cesser le faux suspense qu’il entretenait car pour cette fois-ci, nombreux étaient ceux qui subodoraient que le fils du chef de l’Etat allait se chercher un mandat électif même s’il est local, question de faire mentir ceux qui pensent qu’il n’a qu’un mérite : être le fils de son père.

Cet acte de candidature intervient seulement une semaine après le retour du fils spirituel, Idrissa Seck, dans le giron libéral, ce qui est loin d’être un acte gratuit. En effet, suite aux retrouvailles, sur demande d’Idy, entre le PDS et Rewmi le 12 janvier dernier, la génération du concret que dirige Karim et une bonne partie de la formation présidentielle ont clairement signifié qu’ils n’étaient pas preneurs de ce nouveau deal que seuls Abdoulaye Wade et son ancien dauphin connaissent les tenants et les aboutissants.

Voici donc Karim à la porte de l’arène même s’il n’en était pas loin, n’oublions pas qu’il est officiellement conseiller du président de la République. Une officialisation qui va encore susciter la polémique. Depuis qu’il a quitté Londres où il officiait comme associate director à la Corporate finance à la banque, la UBS Warburg, pour appuyer son père, il a été l’objet de toutes les supputations. A titre d’exemple, pas moins de 1000 articles lui ont été consacrés durant l’année 2008.

En réalité, ses compatriotes sont divisés en deux camps :
- ses contempteurs, qui semblent les plus nombreux, qui estiment que le président Wade manœuvre pour que son fils lui succède. Leur approche argumentative est basée sur le fait qu’on semble voir Rimka partout.

Les travaux d’infrastructures pour le sommet de l’OCI qui s’est déroulé du 8 au 14 mars 2008 c’était lui, d’ailleurs le sobriquet de « Monsieur Grands chantiers » lui colle à la peau ; certaines missions dans les pays arabes du Golf, c’est lui, les grâces ou disgrâces on y voit son ombre au point que des Sénégalais l’on surnommé le PDG du Sénégal. Pour eux, en lui confiant toutes ces tâches, son papa de président lui crée un électorat et balise ainsi le terrain pour qu’à l’heure venue, la route de l’Avenue Léopold Sédar Senghor (siège de la présidence) ne soit pas trop semée d’embûches.

Ces adversaires du fils de Wade s’appuient de ce fait sur les déboires politiques d’Idrissa Seck et tout récemment de Macky Sall, tous deux présentés comme des dauphins du président qui ont connu des défénestrations retentissantes. Selon eux, il n’y a pas de doute, soit Wade, qui est très malin (Senghor l’avait surnommé Djombor, le lièvre) est en train de brandir son fils pour amuser la galerie afin de pouvoir gouverner tranquillement, soit il cherche vraiment un meilleur scénario pour le mettre en orbite.

L’autre camp est bien sûr ceux qui estiment que Karim est un citoyen comme tous les autres Sénégalais qui est donc électeur et éligible. Ce sont ses partisans qui sont regroupés au sein du mouvement la « Génération du Concret » (invention de son conseiller en com. Cheick Diallo). Pour eux, si Karim veut se présenter à une élection, il a tous les droits de le faire, car rien ne l’empêche de le faire.

Leur slogan que l’on retrouve en graffiti sur les murs de Dakar est « Pourquoi pas Karim ? (PPK) », autre trouvaille du cru du même Cheick Diallo. Selon eux, l’heure est à la génération des jeunes quadra car tous ceux qui s’agitent dans le marigot sénégalais sont désormais périmés politiquement. Ils sont de la génération de Wade, alors que les citoyens aspirent à un changement profond.

A vrai dire, et en toute objectivité, la « Génération du Concret » a parfaitement raison. Rien ne s’oppose à ce qu’un fils de président se présente à une élection fût-elle relative à la présidentielle. Est-ce parce qu’il est l’enfant d’un chef d’Etat qu’il a moins de droits civiques que tout autre citoyen ? Non ! Karim peut donc chercher l’onction populaire.

En outre, nulle part la Constitution sénégalaise ne mentionne une dévolution du pouvoir suprême par le sang, il faut l’acquérir par le suffrage universel. Les gens le voient venir en franchissant déjà le pas avec les votes locaux du 22 mars 2009.

Et diantre ceux qui s’agitent savent bien aussi que le Sénégal n’est ni l’Egypte, ni le Togo ou la RD Congo où l’on a transmis le pouvoir, où l’on tente de le faire par le sang ou l’épanchement de sang. Au sein du PDS, tout fils de président qu’il est, il aura d’abord à faire à fort pari avec certains qui ont crapahuté dur avec son père depuis un quart de siècle, qui avaleront difficilement la pilule même enrobée. Ensuite, il y a l’opposition qui, quoi qu’on dise, est électoralement présente et peut réduire à néant une ambition nationale. Abdoulaye Wade n’aurait pas été élu en 2000 sans les ténors de cette opposition.

Au demeurant donc, il faut plaindre Karim Wade si un jour il se décide à vouloir briguer la magistrature suprême, car il y a deux possibilités : soit il gagne et il aura prouvé qu’il s’est fait un prénom et qu’il a biffé la mention utile (son nom), soit il échoue et ce sera la preuve que les Sénégalais n’en veulent pas. Un exercice risqué que les compatriotes du Kennedy sénégalais doivent le laisser tenter. C’est son droit.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 janvier 2009 à 12:35 En réponse à : Karim Meissa Wade : On le voit venir

    Je pense que la première chose est Karim wade compte de l’argent de l’anoci avec un audit indépendant avant de solliciter nos suffrages. C’est tout

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique