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Crise alimentaire : Les gabonais veulent apprendre à cultiver

Publié le vendredi 16 janvier 2009 à 11h35min

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Il était temps ! Le Gabon de Bongo prévoit de dépenser 90,5 milliards de francs CFA sur 5 ans dans un domaine qui, jusque-là, ne faisait pas partie de ses priorités : il s’agit de l’agriculture, pauvre parmi les parents pauvres de l’économie gabonaise, à la traine loin derrière l’industrie pétrolière et l’exploitation forestière.

En effet, si au Burkina, comme dans bien des pays africains, la majeure partie de la population cultive pour vivre, dans le bassin de l’Ogooué, l’essentiel de la consommation alimentaire courante vient de l’extérieur.

Il est vrai qu’à l’époque de la surabondance pétrolière, le pays avait largemen t les moyens de s’acquitter d’une facture alimentaire aussi élevée fût-elle. Dès lors, on s’est mis à importer bœuf d’Argentine, banane plantain, manioc, igname, riz et légumes…bref de quoi nourrir les quelque 1,5 millions de Gabonais.

Pourtant, outre la manne pétrolière, ce pays de cocagne bénéficie d’un climat équatorial et des abondantes réserves en eau qui vont avec. Ne manquait plus alors qu’un coup de pouce des autorités locales et un peu d’huile de coude pour faire fructifier tout cela.

Ce sera bientôt chose faite grâce au nouveau programme conçu pour soutenir « une agriculture entrepreneuriale de type privé » ; un bonne nouvelle pour la poignée d’agriculteurs encore accrochés à leur lopin de terre, malgré la forte pression de la concurrence étrangère.

A quelque chose malheur est bon, car, comme partout ailleurs, 2008 a été pour les consommateurs gabonais « l’annus horribilis », marquée au pays de Bongo, plus qu’ailleurs, par une flambée des prix des produits alimentaires. Dépendants à 85% de l’extérieur pour leur nourriture, ils ont senti passer la crise alimentaire.

Face à cette nouvelle donne, il devenait plus qu’urgent d’inverser la tendance pour permettre aux citoyens de cette quasi-monarchie pétrolière de goutter enfin à quelques produits locaux. En comparaison des 250 milliards que dévoraient jusque-là le ravitaillement, la toute nouvelle filière agricole démarre bien modestement, mais il faut bien un début à tout.

Ainsi, après avoir très largement profité du fruit du travail de leurs fournisseurs, les natifs du pays sont désormais bien décidés à produire ne serait- ce qu’une petite partie de ce qu’ils consomment, sans pour autant revenir à la chasse et à la cueillette que pratiquaient nos très lointains ancêtres. Mais quoi de plus normal que de cultiver son jardin, surtout lorsque la nature, comme dans le bassin de l’Ogooué, est si généreuse.

Après plus de 40 ans au pouvoir, Omar Bongo réalise, un peu tard, que malgré les pétrodollars, coucher sur la natte d’autrui, c’est coucher à terre. Une leçon qui vaut bien 90 milliards.

Par H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

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