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Transition à Conakry : Pas si concertée que ça !

Publié le vendredi 16 janvier 2009 à 13h43min

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Nommé une semaine après la prise du pouvoir en Guinée par la junte militaire, le Premier ministre, Kabiné Komara, a proposé le mercredi 14 janvier 2009 son gouvernement au président autoproclamé, le capitaine Moussa Dadis Camara, qui, par décret, l’a entériné.

L’équipe gouvernementale, ainsi constituée, compte 27 ministres, dont 3 femmes, et 2 secrétaires d’Etat. La part du lion revient tout naturellement aux militaires avec dix portefeuilles regroupant des postes stratégiques comme la Défense, occupé par le numéro deux du régime, le général Mamadouba Toto Camara ; la Sécurité, avec le général Sékouba Konaté ; les Finances et la Justice.

Le reste de la troupe aligne des cadres très peu connus de la plupart des Guinéens et deux rescapés du gouvernement défunt maintenus à leur poste : Papa Koly Kourouma à l’Environnement et au Développement durable, Ibrahim Naby Diakité à la Décentralisation et au Développement local.

Il s’agit de technocrates issus du secteur privé et du public. Les grands absents sont les représentants des partis politiques, royalement ignorés par le pouvoir de Conakry. Le programme de ce gouvernement de transition, dirigé par l’ex-fonctionnaire international de la Banque africaine d’import export (BAIE) en Egypte, est axé sur la lutte contre la corruption, le trafic de drogue, l’insécurité, les détournements des deniers publics.
Il aura aussi pour mission d’opérer la « Révolution du code minier guinéen, qui va nécessairement aboutir à la révision des conventions minières ». La situation économique en Guinée est des plus difficiles, avec des indicateurs macroéconomiques au rouge. Elle est caractérisée par un déficit budgétaire, une progression des dépenses publiques, l’inefficacité des entreprises parapubliques et des sociétés minières, aux résultats négatifs…

C’est ce tableau, somme toute sombre, que doit blanchir avec perspicacité le tout nouveau gouvernement. Celui-ci doit, en complicité avec les « démocrates-développeurs » du 23 décembre 2008, conduire à terme la transition, d’un an, devant aboutir à des élections libres et transparentes en vue d’un retour à une vie constitutionnelle normale.
Après la nomination du Premier ministre, l’opinion s’attendait à un gouvernement d’ouverture, de large rassemblement. Plutôt que cela, c’est un tandem militaires/technocrates qui est proposé aux Guinéens pour aider le pays à se réveiller de son profond et lourd sommeil, à se mettre résolument sur la voie du développement véritable.

En optant de tenir loin du présent gouvernement les différentes sensibilités politiques qui aspirent au pouvoir d’Etat, Conakry, selon certains observateurs, marque sa ferme volonté de moraliser la vie publique. Dadis Camara et ses hommes ont mis les responsables des partis hors jeu, sans doute pour éviter qu’ils en viennent à plomber la transition par des rivalités de clocher, dans lesquelles les politiciens sont passés maîtres sous nos tropiques.

L’occupation des départements ministériels par les grosses têtes de la junte devrait préoccuper peu. L’essentiel, et on les y attend, c’est qu’ils parviennent à rendre raisonnable les délais de la transition, bien que celle-ci ne soit pas aussi concertée qu’on l’aurait souhaitée. Qu’ils permettent seulement à la Guinée de renaître sur les plans politique, économique, social…

D. Evariste Ouédraogo

L’Oobservateur

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