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Jacob Zuma : L’insubmersible fait homme

Publié le mercredi 14 janvier 2009 à 02h36min

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Il est quand même bien chanceux, ce Zuma-là ! Quelles que soient les accusations portées contre lui, ses militants lui trouveront toujours des circonstances atténuantes.

Il a été accusé d’avoir, en 2005, violé une fille séropositive et ses sympathisants crièrent aussitôt à la cabale. Selon eux, c’est pour l’empêcher de briguer la présidence du parti au pouvoir (ANC) et éventuellement de succéder à Thabo Mbeki, dont le second et dernier mandat, écourté, devrait en principe prendre fin en 2009. En septembre 2008, alors qu’il est accusé de corruption, son inculpation est annulée en raison « d’interférences politiques » dans la procédure judiciaire.

Là aussi, ses inféodés poussèrent des cris d’orfraie en prononçant encore le mot cabale. Pendant son conflit politique ouvert avec l’ancien président sud-africain, ses supporters, à l’image de guerriers zoulous, se sont encore mis en rangs très serrés jusqu’à ce qu’il arrive à bout de son adversaire, qui était dans l’obligation de jeter les gants, en démissionnant de la présidence.

L’actuel président de l’ANC est donc un insubmersible, et ses nombreux affidés lui facilitent grandement la tâche. Ce qu’ils n’auraient jamais pardonné à quelqu’un d’autre, comme Thabo Mbeki, ils le font à Jacob Zuma. Avant qu’on ne le rappelle à l’ordre, le président de la Ligue de la jeunesse de l’ANC, Julius Malema, n’avait-t-il pas plusieurs fois déclaré d’un ton martial qu’il était prêt à tuer pour Zuma ? Si fait qu’on se demande bien quel pêché capital ce Zoulou autodidacte pourrait commettre pour être lâché par les siens. Un génocide peut-être ? Malheureusement, Zuma a beau se rapprocher du fauteuil présidentiel, il traînera toujours de vieilles casseroles.

La dernière en date est justement en rapport avec ce dossier pour corruption, qui avait été classé par la justice en septembre 2008. Lundi dernier, la Cour suprême de Bloemfontein a décidé de le remettre sur la table des juges. Rattrapé par son passé, Zuma est donc de nouveau inculpé de corruption, de fraude et d’évasion fiscale dans le cadre d’un contrat de ventes d’armes entre son pays et le groupe français Thalès. Une tuile de plus pour celui qui briguera bientôt le fauteuil présidentiel. Même si cette situation est dure à vivre, il est sûr et certain que la nouvelle accusation portée contre lui ne sera qu’une autre peccadille dans la course vers la présidence de la nation arc-en-ciel.

En effet, sauf tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, les bonzes du vieux parti le voulant, il sera bientôt porté sur les fonts baptismaux en remplacement, à l’issue des législatives d’avril, de l’actuel chef de l’Etat intérimaire, Kgalema Monthlante. Le sort en est déjà jeté, que ceux qui ne sont pas contents aillent se faire cuire un œuf. Une fois installé, il aura, pour lui, un parapluie des plus protecteurs : l’immunité présidentielle, qui lui permettra de se défaire de toutes les casseroles qui entravent ses pieds. La tâche lui sera d’autant plus facile que c’est lui qui choisira le procureur général.

C’est vrai que si l’on suit le parcours du président de l’ANC, surtout pendant la lutte contre l’apartheid, l’on se convainc que le natif de la province du Natal a tout de même du mérite quelque part. Né en 1942, il devient membre du Congrès national africain à 17 ans, et membre actif de sa branche armée quelques années plus tard, à la suite de l’interdiction du parti en 1960. Il était alors, certes, peu cultivé, mais intelligent et très courageux.

En 1963, chargé de monter un réseau d’activistes clandestins dans la province du Natal, il est arrêté avec vingt de ses recrues. Reconnu coupable de conspiration en vue de renverser le gouvernement, il est condamné à dix ans de prison et envoyé purger sa peine au pénitencier de Robben-Island aux côtés notamment de Nelson Mandela, condamné à perpétuité dans une autre affaire similaire. C’est durant son incarcération que, grâce aux cours dispensés par ses codétenus, Jacob Zuma apprend à lire, à écrire et se familiarise aux débats d’idées. Il est libéré en 1973 et tente immédiatement de réactiver l’ANC dans le Natal. Un parcours donc bien sympathique.

Cependant, le constat est que, rarement, un candidat à la présidence aura accumulé autant de tuiles avant son accession au pouvoir. Tant du côté de sa vie privée que de celui de son parcours politique. Maintenant, une fois son rêve réalisé, pourra-t-il être crédible quand il s’agira, par exemple, de lutter contre la corruption, un phénomène au centre du programme de l’ANC ? Rien n’est moins sûr. A moins que ceux qui entretiennent des relations quasi fusionnelles avec lui et sont prêts « à tuer » pour défendre sa cause n’entrent encore dans la danse.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2009 à 10:16, par Sanwé En réponse à : Jacob Zuma : L’insubmersible fait homme

    Felicitations pour votre nouvelle page. je la trouve tres bien. Concernant Zuma, nul doute que beaucoup de politiques envient cet homme dont la base electorale est tres solide. esperons que ce ne soit pas seulement un populiste. Sanwé.

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