LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Rapport de la Cour des comptes 2008 : A qui le tour de lever le petit doigt ?

Publié le mercredi 14 janvier 2009 à 02h23min

PARTAGER :                          

Le président de la Cour des Comptes, M Boureima Pierre Nebié

Le 29 décembre dernier a vu le président de la Cour des comptes, Boureima Pierre Nébié, remettre, officiellement au président du Faso, Blaise Compaoré, ses rapports 2006 et 2007. On se souvient que celui de 2005, remis au premier magistrat du pays, avait provoqué des réactions peu amènes de la part du truculent maire de la commune de Ouagadougou, Simon Compaoré ; lesquelles avaient, du reste, conféré un supplément de crédibilité à cette institution, qui faisait ses premiers pas.

En fin 2008, elle a rebeloté, et le moins que l’on puisse dire, c’est que, sur un plan psychologique au moins, son travail a un impact positif sur la plupart des Burkinabè même s’ils disent attendre la suite que donnera le gouvernement à ces rapports pour se faire une idée définitive.

En rappel, il importe de dire que la Cour des comptes est une juridiction administrative chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics, de l’État, des établissements entièrement ou partiellement à capitaux publics. Elle rend compte au président du Faso, fait ampliation de ses rapports au Premier ministre et au président de l’Assemblée nationale, et informe l’opinion publique de la régularité des comptes.

Les rapports de la Cour des comptes n’ont pas de caractère contraignant, et il revient au destinataire de prendre les dispositions qui s’imposent s’il l’estime nécessaire. Une évolution positive est le suivi des actions entreprises de façon glissante d’un rapport au suivant.

Selon le compte rendu fait par les médias, des personnes individuelles (président d’institution, ministres, députés…) et des administrations telles la Société nationale d’aménagement des terrains urbains (SONATUR), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Société nationale des postes (SONAPOST) ont été indexées dans les irrégularités relevées par la Cour. Du côté des citoyens, on attend la réaction du président ou de son Premier ministre pour mettre les choses dans l’ordre. Cette attente légitime s’explique par trop de frustrations dues à l’utilisation que certains Burkinabé font de la chose publique.

Nul doute que l’un ou l’autre ou les deux à la fois réagiront, car : • ce sont des humains qui font, bien des fois, face à leur conscience ; • ils ne sont pas insensibles aux complaintes de leurs concitoyens et aux remarques, souvent discourtoises, des partenaires au développement même s’ils n’en donnent pas toujours l’air. Ces réactions seront à coup sûr diversement appréciées par l’opinion publique, mais c’est ça aussi, la démocratie.

Cependant, ce sentiment, justifié, ne doit toutefois pas amener les uns et les autres à souhaiter que les deux têtes de l’exécutif frappent sans discernement, car les personnes et les administrations mises en cause ont reçu au moins un passage des rapports concernés et ont dû y donner suite. Peut-être que, dans leurs réponses, certaines zones d’ombre ont été levées et que, pour ce faire, ce n’est plus la peine de leur chercher noise. Et même si cela ne permet pas de les disculper, les choses peuvent être davantage comprises, et les jugements à la va-vite évités.

Maintenant, ce qu’il faut suggérer, c’est que les dirigeants se doivent de trouver les moyens de communiquer aux citoyens le contenu de ces réactions, de sorte que tout le monde sache que s’ils sévissent aveuglément, du tort gratuit pourrait être causé à certains Burkinabè ; le proverbe ne dit-il pas qu’ »il vaut mieux relâcher un coupable que de condamner un innocent » ? Dans la logique de ce principe de précaution, il est souhaitable qu’à un moment donné, le point de la mise en œuvre des recommandations formulées par la Cour des comptes par les personnes et les administrations concernées soit fait et communiqué à l’opinion.

Cela dit, si les coupables doivent payer, il faut savoir que personne n’est à l’abri des tentations pour peu qu’elle soit en contact avec des biens financiers et matériels qu’elle ne peut avoir du seul fait de la sueur de son front. Ceux qui vont vite en besogne doivent se livrer à un examen de conscience avant de monter sur leurs grands chevaux.

L’action de la Cour est d’abord et avant tout pédagogique, ou, pour considérer les gens comme il faut, andragogique. Il n’y a donc pas de quoi se confondre en explications dans les médias. Dans tous les cas, ce n’est pas l’opinion qui a nommé les responsables concernés, même si on ne peut pas gouverner ou accomplir les missions de directeur général sans tenir compte de l’opinion publique. Simon Compaoré l’a fait une fois dans le contexte que l’on sait, et un autre responsable serait mal inspiré de suivre sa voie. C’est pourquoi, ironiquement, nous nous sommes posé la question de savoir qui va lever son petit doigt.

Le meilleur comportement consiste, de notre point de vue, à travailler avec discrétion à corriger les erreurs et les irrégularités décellées çà et là. Cela, parce qu’il est certain que B. Pierre Nébié et les siens ne veulent causer du tort à personne, et ils seront sûrement contents le jour où tous les comptes seront si clean que leur passage serait une simple formalité.

En attendant, nous n’en sommes pas là, et le boulot que Blaise Compaoré leur a confié n’est pas de tout repos. Aussi, ce sont des hommages mérités qu’il faut leur adresser, même s’il faut se souvenir que celui-là qui en est la base est quand même l’homme de Kosyam.

Z. K.

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 janvier 2009 à 13:24, par KEKE En réponse à : Rapport de la Cour des comptes 2008 : A qui le tour de lever le petit doigt ?

    je voudrais tout d’abord louer le travail abattu par la cour des comptes avec à sa tête son premier président,cependant à la lecture de l’article je pense que le document produit doit être analyser dans le fond avec toute la sérenité qui y sied avant d’entammer une quelconque action à la zorro,je sais compter sur les plus hautes autorités pour que ceux qui ont péchés soit sanctionnés de façon exemplaire de façon à bannir ses pratiques très peu recommandables,je suis particulièrement choqué que la cnss serve de banque à certains dignitaires et leurs amis alors que les assurés en ont plus besoins.

  • Le 20 janvier 2009 à 21:22, par Yam nê yam En réponse à : Rapport de la Cour des comptes 2008 : A qui le tour de lever le petit doigt ?

    Pour quelle raison l’auteur de cet article prône-t-il une telle prudence quand il s’agit de sanctionner d’éventuels coupables ? Personne ne demande d’agir aveuglément. Il y a une justice dans ce pays non ? Faire justice au contribuable serait-il une sanction aveugle ? Qu’aurait-on dit si sans raison on privait les personnes concernées de leur salaire ? L’injustice est inacceptable n’est-ce pas ? Pourtant, il y des enfants Burkinabè qui sont pas scolarisés parce que l’État n’en pas les moyens. Pourquoi donc encourager cette espèce d’hésitation quand il s’agit d’être très rigoureux pour ce qui est de la gestion des biens publics dont la vie et l’avenir de beaucoup dépendent ! Pourquoi prendre des gants pour demander simplement justice ? Sommes-nous des sous-hommes à ce point ?

    De deux choses l’une : ou bien la cours des comptes a bien fait son travail d’investigation avec le sérieux nécessaire qui lui mérite de franches félicitations, et dans ce cas il faut donc que la justice prenne le relai avec le même sérieux et la même efficacité ; ou bien le rapport de la cours des comptes manque du sérieux et du professionnalisme qui permettraient à la justice d’entrer efficacement en action, et alors il faut lui demander de revoir sa copie. On ne peut pas tout le temps vouloir quelque chose et son contraire !

  • Le 21 janvier 2009 à 16:56, par Salfo OUEDRAOGO En réponse à : Rapport de la Cour des comptes 2008 : A qui le tour de lever le petit doigt ?

    S’il vous plait Mr le premier Magistrat du Burkina Faso les personnes citées dans le rapport de la cour des compte doivent des explications aux burkinabé.L’argent des pauvres gents ne doit pas être gérer de la sorte.Prouver nous que vous aimez votre peuple et vous et que vous êtes lâ pour les burkinabé.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?