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Guinée : Jours de tourments pour des proches de Conté

Publié le jeudi 8 janvier 2009 à 23h55min

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Jours de tourments pour officiers supérieurs des Forces armées guinéennes réputés proches du défunt président Lanssana Conté. En effet, depuis le décès, par suite d’une longue maladie, du dictateur de Conakry le 23 décembre 2008, les généraux considérés comme les inconditionnels de son régime ont maille à partir avec la junte militaire qui a pris les rênes du pouvoir, le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD).

D’abord, par une ordonnance signée du chef de l’Etat autoproclamé, le capitaine Moussa Dadis Camara, une vingtaine d’étoilés ayant atteint l’âge de la retraite ont été renvoyés de la fonction publique. Parmi ces hauts gradés, tous considérés comme la vieille garde de la Grande Muette, figure l’ancien chef d’état-major des armées, le général Diarra Camara, le vice-amiral Ali Daffé et son adjoint, Fassiriman Traoré.

Il y a de cela quelques jours, seize militaires, parmi lesquels trois des généraux remerciés, deux colonels, trois commandants et trois capitaines ont été arrêtés et détenus au quartier général des putschistes, le camp Alpha-Yaya-Diallo. Qu’est-ce qui a bien pu justifier cette vague d’arrestations ? Du côté du CNDD, aucun communiqué officiel ne mentionne les vrais motifs de ces interpellations.

Toutefois, une rumeur insistante soutient que ces ex-officiers entretiennent des contacts avec des mercenaires libériens en vue de fomenter un coup de force. D’ailleurs, dès les premiers jours du coup d’Etat, celui qui était jusque-là le porte-parole des putschistes mettait en garde tous ceux qui veulent attaquer le nouveau régime de l’extérieur.

Cela dit, ces embastillements en série et cette furie contre les bérets rouges proches de Lanssana Conté traduisent les craintes de la junte d’une mutinerie au sein de l’armée dans le but de la fragiliser à défaut de la destituer.

Pour voiler cette méfiance, un officier du CNDD a soutenu que la junte ne craint pas un mouvement au sein des forces armées et que, de toutes façons, les éléments interpellés sont tous détestés de la troupe.

Cela dit, les nouveaux maîtres de Conakry, quand bien même ils se seraient déjà installés et renforceraient petit à petit leurs assises, ne semblent pas maîtriser totalement la situation. L’affaire est, certes, dans le sac, mais il reste, sans doute, des poches de résistance à étouffer.

Et le CNDD ne se prive pas de tous les moyens de déstabilisation psychologique pour briser les velléités intérieures. En privant de liberté ces gradés, le capitaine Moussa Dadis Camara donne un signal fort à tous ces opposants civils comme militaires tapis dans l’ombre pour tirer les ficelles à se tenir tranquilles, surtout qu’en la matière, les experts en manipulation sont légion dans ce pays habitué aux mutineries et aux grèves syndicales.

C’est de bonne guerre pour un capitaine dont la première préoccupation est de s’imposer comme maître à bord du paquebot. Mais encore faut-il que cela se fasse dans la légalité et qu’il y ait des preuves tangibles pour emprisonner des éléments supposés influencer les troupes et troubler un pays qui cherche ses marques.

A défaut, le chef de l’Etat, qui dit n’avoir pas l’âme d’un dictateur et être attaché au respect des droits de l’homme, sera en contradiction avec lui-même et pourrait jeter un discrédit sur son régime, accueilli dans la liesse comme ce fut le cas il y a 24 ans lorsque le défunt président arrivait aux affaires une semaine après la mort de Sékou Touré.

A quelque exception près, comme nous l’écrivions au lendemain de l’avènement du CNDD, le nouvel homme fort de Guinée s’est assis sur le fauteuil présidentiel comme son prédécesseur, qui avait aussi suscité l’espoir de tout un peuple.

Mais au fil des ans, le « libérateur » Conté s’est mué en véritable bourreau des Guinéens, qui a mis le pays à genoux. L’histoire va-t-elle se répéter avec le capitaine ? Wait and see, comme disent les Anglais.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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