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Présidentielle américaine : Bush prend le départ à Bagdad

Publié le lundi 5 juillet 2004 à 11h02min

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A quelque cinq mois de la présidentielle américaine, c’est en Irak que Georges W. Bush a choisi de lancer sa campagne. L’anticipation de la restitution du pouvoir au nouveau gouvernement irakien, la remise précipitée à celui-ci et l’inculpation de Saddam Hussein sont, en effet, exemptes de toute innocence.

Face à sa cote de popularité qui ne cessait de sombrer, le président américain avait tout intérêt à rebondir pour ne pas ouvrir un boulevard à son concurrent du parti démocrate, John Kerry. Quand on sait que c’est dans cette fameuse guerre contre Saddam Hussein que Bush fils a laissé des plumes, on se convainc que c’est à l’issue de celle-ci qu’il devrait se donner des ailes. Et l’occasion, il ne l’a pas point ratée.

Après la capture du raïs un certain 13 décembre, Bush et ses alliés avaient naturellement des motifs de satisfaction, en dépit du fait que les armes de destruction massive (ADM) contre lesquelles ils ont engagé cette deuxième guerre du Golfe restaient introuvables. Face à une opinion nationale et internationale de plus en plus remontée contre cette aventure sans l’onction des Nations unies, et aux attentats meurtriers dont sont quotidiennement victimes les GI’S en terre irakienne, Bush avait-il d’autre choix que de lâcher du lest ?

Ainsi, depuis le 28 juin 2004, le nouveau gouvernement irakien exerce la réalité du pouvoir ; depuis le 30 juin 2004, Saddam Hussein se trouve entre les mains des nouvelles autorités, et a été immédiatement inculpé, au lendemain du rétablissement de la peine de mort en Irak.

Sept chefs d’accusation ont été retenus contre l’ancien maître de Bagdad, à savoir :
- les opérations Anfal contre les Kurdes en 1988 ;
- le gazage des Kurdes à Halabja en 1988 ;
- l’écrasement de la rébellion chiite en 1991 ;
- l’invasion du Koweit en 1990 ;
- le massacre de membres de la tribu kurdes des Barizani en 1983 ;
- les meurtres avec préméditation de chefs de partis politiques ;
- les meurtres avec préméditation de dignitaires religieux. Il y a de quoi conclure que Saddam Hussein et ses onze lieutenants, qui ont comparu tour à tour devant le tribunal spécial irakien (TSI), n’auront aucune chance de se tirer d’affaire si toutefois le procès tant attendu aboutissait. Le premier nommé en est lui-même convaincu, qui a choisi délibérément de narguer le tribunal, tel un cabri mort qui n’a plus peur du couteau. "Le président américain George W. Bush est ignoble. La cour est illégitime et est par conséquent un théâtre pour la campagne électorale de Bush" ; a en effet déclaré Saddam, qui avait adopté pour une attitude de défi.

Ses avocats ne sont pas restés muets qui, par la voix de Me Rachdane, ont déclaré que "l’audience du tribunal était une farce et une comédie. Ce qui s’est passé jeudi était honteux et pire que les procès de Nuremberg". Comme on l’aura constaté, Saddam et les siens constituent un cadeau bien encombrant que les Américains ont refilé aux nouvelles autorités irakiennes, déjà confrontées à leurs compatriotes qui multiplient attentats et marches de protestation depuis le jeudi 30 juin dernier. Mais quoi qu’on dise, Saddam Hussein demeure aux yeux de ses victimes un parfait despote indéfendable qui ne peut que se répondre de ses propres turpitudes.

On peut seulement se féliciter que ce procès ait lieu en Irak, et souhaiter qu’il soit équitable comme le veut le droit. Ce qui ne serait pas forcément favorable aux Américains, dont l’histoire nous enseigne qu’ils sont le père spirituel du monstre Saddam, comme de bien d’autres dont leurs peuples réclament aujourd’hui la tête. Car ce serait une voie royale offerte aux raïs pour faire le grand déballage sur ses accointances d’hier avec et les Yankees et l’Occident tout entier lors de la guerre froide. A l’orée de la présidentielle américaine, c’est tout simplement une hypothèse à écarter.

Le locataire de la Maison Blanche entend par là combler son retard, et Dieu et lui seul savent ce que demain nous réserve. Et nous ne croyons pas si bien dire en apprenant que les armes de destruction massive, introuvables en Irak, depuis mars 2003, viennent d’être servies sur un plateau d’argent à l’ancien gouverneur du Texas.

Dix-sept (17) ogives d’obus de 122 mm (missile Grad de conception soviétique) et de 82 mm, contenant du gaz moutarde et du gaz Sarin viennent, en effet, d’être découvertes en Irak, a annoncé le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, citant le chef des renseignements militaires polonais (WSI), le général Marek Dukaezewski.

Une trouvaille qui vient à point nommé pour George W. Bush qui peinait à justifier l’invasion de l’Irak et à réunir le maximum de suffrages pour un second mandat, en attendant de nous exhiber demain peut-être la tête d’un certain Ben Laden. Rien n’est donc encore joué dans la course à la présidentielle américaine, et les cinq mois qui nous séparent de l’échéance peuvent faire mentir les sondages.

L’Observateur

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