LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

OFFENSIVE ISRAELIENNE SUR GAZA : Les petits calculs d’un jeu de massacre

Publié le jeudi 8 janvier 2009 à 02h22min

PARTAGER :                          

Plus d’un demi milliers de morts. Beaucoup de civils, des enfants, des femmes. On dit qu’ils représentent un quart des victimes. Un chiffre qui est certainement loin de la réalité. On n’ose pas le dire, mais pour les Israéliens, ce sont des dommages collatéraux.

Dans une ville comme Gaza, qui a l’une des plus fortes densités au monde, oser un tel assaut relève d’un calcul macabre qui consiste à faire le plus mal possible à la population et en faire endosser la responsabilité au groupe islamiste du Hamas.

Cette stratégie du pire n’a de sens que la volonté des dirigeants actuels de l’Etat hébreu de réduire à néant le Hamas qui, malgré les assassinats ciblés répétés de ses leaders, a toujours gardé intacte sa capacité de "nuisance", c’est-à-dire tirer quelques salves de roquettes artisanales sur le territoire israélien. Un affront pour ce pays qui ne badine pas avec sa sécurité. Ce nettoyage de Gaza avec les moyens disproportionnés utilisés par Tsahal est un message, on ne peut plus clair. Sera-t-il seulement entendu ? On peut en douter. Car l’histoire du Proche Orient qui se déroule depuis plus de 50 ans sous nos yeux montre bien que la force n’a jamais garanti totalement la paix ; elle a seulement permis des répits. Le pire, c’est que les plus forts du moment semblent s’en accommoder.

Et comme toujours, ils ne sortent de leur torpeur que lorsqu’on touche à leurs intérêts. La réaction onusienne est à mettre dans cette logique. Pendant une semaine, les Gazaouis ont subi l’assaut des bombardements aéronavals, sans que personne ne hausse vraiment le ton. Une école gérée par l’ONU détruite par une bombe israélienne et qui a fait des victimes parmi les élèves a fait sortir des ses gonds le secrétaire général des Nations unies. Celui-ci a même programmé une visite sur le terrain. Si le Conseil de sécurité lui-même n’a jamais vraiment pu dicter sa loi à Israël, que pourra le pauvre Ban ki-Moon ?

Pendant que l’on assiste à une gesticulation diplomatique à la recherche d’un hypothétique cessez-le-feu, Tsahal occupe le terrain. Le cessez-le-feu n’arrivera probablement que lorsque les objectifs militaires seront atteints sur le terrain, autant dire après le déluge. Cette agitation diplomatique vise à se donner bonne conscience. Sinon, comment expliquer que le président français puisse condamner d’avance le Hamas comme responsable du déclenchement des hostilités et ensuite chercher à négocier un cessez-le-feu. A-t-on déjà oublier que ce territoire vivait déjà un blocus militaire et que toutes ses frontières sont sous le contrôle des troupes israéliennes ?

La pression pour un arrêt des hostilités doit d’abord peser sur Israël qui a l’initiative des opérations, car c’est l’ampleur de sa réaction et les dégâts y afférents qui choquent le monde aujourd’hui. Mais le reste du monde n’est pas dupe. Derrière cette offensive militaire se cache un enjeu de politique interne israélienne : les prochaines élections sont pour bientôt et les faucons du régime tiennent là une occasion de faire monter leur cote de popularité tout en redorant le blason d’une armée qui n’a pas encore digéré l’affront subi au Sud Liban face au Hezbollah.

Il faut dire que l’Etat hébreu a bien choisi son moment pour porter l’estocade. Les Etats-Unis, son indécrottable allié vit une transition qui paralyse toute initiative diplomatique vigoureuse. Le silence et les propos très mesurés du président élu, Barack Obama, montrent bien qu’il est gêné aux entournures par le cours que prennent les événements. Son slogan "we can change" pourra-t-il s’appliquer à Israël ? Wait and see. En tout cas, le voudrait-il qu’il devrait d’abord convaincre le puissant lobby juif de ses options politiques au Proche-orient.

Les habitants de Gaza sont de véritables orphelins car même leurs frères et dirigeants arabes sont divisés sur l’attitude à adopter par rapport au règlement de la question palestinienne. Une chose est sûre, cette offensive, par sa barbarie, va renforcer les soutiens des populations arabes au Hamas, qui reste un mouvement de résistance pour la libération d’un peuple . L’on a tenté de lui affubler le titre de terroriste pour mieux l’abattre et le contourner dans les discussions de paix. Pour mémoire, Nelson Mandela était également sur la liste noire du terrorisme international dressée par les Etats-Unis jusqu’à l’année dernière... !

Le sentiment anti-israélien aussi va grandir. Et tout cela n’annonce rien de bon dans la zone, dans la mesure où la pression des peuples arabes sur leurs dirigeants deviendra intenable si l’offensive continue. Le prochain foyer de tension n’est pas loin. Il s’agit du Sud Liban. Déjà, Al Qaida à appelle à frapper les intérêts israéliens dans le monde. Autant de signes d’un sentiment d’injustice qui font le lit au terrorisme : la stratégie du désespoir contre celle de la force.

"Le Pays"

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique