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Convention collective de la presse : Plus dure sera l’application effective

Publié le mercredi 7 janvier 2009 à 01h12min

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Ça y est ! Ce fameux protocole dont la simple évocation faisait couler des tonnes d’encre et de salive dans le milieu de la presse a été finalement paraphé, le mardi 6 janvier 2009, dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération sous-régionale. C’était sous le regard du Premier ministre, Tertius Zongo, qui a assisté, stoïque mais visiblement attentif, à cet exercice important certes, mais qui, à écouter certains, apparait comme une toute petite première étape vers l’application effective de la convention.

Ils étaient tous là. Le ban et l’arrière-ban de la presse privée. En très grand nombre également, de dignes représentants des médias d’Etat, avec sous les sunlights, leur ministre de tutelle, Filippe Sawadogo. A la meilleure place, était assis le chef du gouvernement, dont la présence est une preuve de l’importance de la cérémonie.

A priori, il y a en effet de quoi être soulagé quand on se rappelle que le projet était en gestation depuis le début des années 90. Et les intervenants du jour n’ont manqué de souligner les péripéties jusqu’à sa concrétisation hier, grâce aux bons soins de l’actuelle présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC), Béatrice Damiba, et surtout de son prédécesseur, Luc Adolphe Tiao. A ce dernier un vibrant hommage a été rendu.

Chériff Sy, représentant du patronat et par ailleurs directeur de publication de l’hebdomadaire Bendré, n’a pas manqué de souligner le grand mérite de la première chargée de la déontologie et de l’éthique dans la presse qui, visiblement, a tenu vaille que vaille à la finalisation de ce protocole, devenu pendant longtemps un serpent de mer pour beaucoup ; elle qui était aux petits soins pour les participants aux différents travaux, en « mettant gracieusement à leur disposition les locaux du CSC sans oublier les autres commodités qui ont permis d’adoucir les longues journées de travail ».

Au cours de son intervention, le porte-parole des patrons de la presse privée s’est tout de même inquiété des incidences qui pourraient découler de l’application de la convention, notamment sur la masse salariale, qui va augmenter d’environ 40%.

Interpellant le Premier ministre, il s’est donc fait l’avocat des employeurs, en précisant que certaines mesures d’accompagnement devraient être prises de toute urgence : entre autres, la révision du taux d’imposition appliqué aux organes de presse privés et une meilleure répartition des annonces provenant des institutions de l’Etat.

Après les différents discours d’usage, qui sont des ingrédients nécessaires en de pareilles circonstances, les représentants des syndicats et du patronat ont procédé à la signature du document, d’une quarantaine de pages. Pour terminer cette cérémonie en beauté, Tertius Zongo a rassuré les uns et les autres avec cette formule bien connue de tous :

« Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour… ». Et Dieu faisant bien les choses, l’année 2009 sera, a révélé le célèbre locataire de la rue Ki-Zerbo, celle de la réforme de la fiscalité au Burkina Faso. Des salves d’applaudissements ont couronné ses propos.
« S’il y a accompagnement, on applique »

Certes, le scénario pour cette cérémonie de signature a été bien ficelé, et avec la solennité qui sied. Mais est-ce pour autant qu’il faut déborder d’optimisme ? Que nenni ! Surtout quand on observe les points de vue de certains acteurs de la presse privée sitôt à leur sortie de la salle de conférences.

Sans langue de bois aucune, Chériff Sy a, par exemple, prévenu que « cette convention restera lettre morte tant qu’il n’y aura pas un accompagnement déterminant de la part du gouvernement. Ou alors, à vouloir la respecter, on réduira la presse privée à deux ou trois journaux ou radios. Nous avons dit par exemple de démocratiser les annonces liées à la communication institutionnelle.

L’Etat en est le plus grand pourvoyeur, mais l’on se rend compte que toutes ses annonces sont dirigées vers quelques organes de presse, notamment du public. Cela signifie que les autres ne gagnent rien et pourtant ils sont des contribuables. C’est comme si, moi en tant que contribuable, on prenait mon argent pour payer mon concurrent ». Dans ses dispositions transitoires, le protocole qui vient d’être signé stipule qu’un délai transitoire de 12 mois est accordé afin de permettre aux signataires de s’y conformer.

Avec les conditionnalités fixées par le patronat, peut-on dire que ce deadline sera respecté ? Justin Coulibaly, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC), ne joue pas aux alarmistes à ce sujet : « Ça ne doit pas coincer parce que, depuis juillet 2007, nous avons commencé à engager les négociations avec le patronat, qui devrait sortir un livre blanc recensant toutes les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur activité.

Des mesures d’accompagnement devront suivre, mais ça ne devrait pas être un frein à l’application de la convention. D’ailleurs, je pense que c’est en se conformant au contenu de la convention que cela encouragera le gouvernement à prendre des mesures d’accompagnement ». Touchons donc du bois que, pour une des rares fois, syndicats, employeurs et gouvernement tombent d’accord.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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