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ALAIN JOYANDET CHEZ DADIS CAMARA : Un regain d’intérêt suspect pour la Guinée

Publié le mardi 6 janvier 2009 à 01h37min

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Le processus guinéen est décidément suivi de près. Du beau monde se bouscule ces derniers temps aux portes de Conakry et c’est tant mieux s’il ne peut en sortir que du bien. Au nombre des visiteurs, on notera sans doute la présence du secrétaire d’Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, premier haut responsable occidental à rencontrer la junte au pouvoir en Guinée depuis le 23 décembre 2008. Il y aura apporté beaucoup de choses.

Notons qu’il a, au cours d’une conférence de presse, révélé la primeur d’une nouvelle que beaucoup souhaitaient entendre, c’est-à-dire la tenue d’élections en Guinée avant fin 2009. Il aura donné l’assurance que la France sera beaucoup plus "présente" en Guinée, et promis que son pays procédera au dégel de certains fonds pour l’organisation des élections. Et de marteler pour finir : "Il est hors de question de remettre en cause la coopération bilatérale à cause du coup d’Etat du 23 décembre."

Comme c’est beau toute cette sollicitude bienveillante. Et les flatteurs d’applaudir. Mais on pourrait aussi se demander, bien légitimement, pourquoi elle n’intervient que maintenant. "Méfiez-vous des Grecs même lorsqu’ils font des offrandes", disait l’illustre troyen. La France se serait-elle brusquement souvenue de la Guinée ? Et pourquoi ? Et pourquoi maintenant, précisément ? Tant de largesses charitables devraient pousser à la réflexion, ne serait-ce que pour découvrir ce qui les suscite. Dadis et ses compagnons seraient bien inspirés de saisir bien vite qu’en politique, les cadeaux ne sont pas toujours gratuits. Plus, ils devraient se demander si la révision des accords miniers qu’ils ont annoncée dans leurs premières déclarations n’y est vraiment pour rien dans ce brusque volte-face de leur ancienne métropole qui, des années durant, les a ignorés et n’a pas du tout daigné lever le petit doigt pour aider la Guinée même aux heures les plus sombres de son histoire récente.

Elle s’est plus intéressée aux richesses minières du pays à travers ses multinationales, qu’à sauver un peuple entre les griffes de dictateurs. Preuve, une fois de plus, que la junte de Conakry devra ouvrir l’oeil et le bon. Car on l’attend de toutes parts. De vrais amis comme de faux. A elle de savoir opérer un véritable discernement. Certains, sincères, se présenteront pour l’aider à redresser, d’autres aussi, mais plus préoccupés par le souci de préserver d’égoïstes intérêts ainsi que par le désir d’en acquérir de plus grands. La démocratie en Guinée peut bien servir de paravent. Dadis et ses compagnons devront veiller au grain.

Mais au-delà de la junte, la société civile qui a fait preuve de fidélité envers le peuple, a un rôle éminent à jouer, en tant qu’arbitre le plus crédible du jeu en cours. Avec la nomination d’un Premier ministre qu’elle avait réclamé du temps de Conté, on peut dire qu’elle est comblée. Pour l’heure, il semble que la priorité des priorités qui incombe à la junte soit la préparation d’élections libres et crédibles, et cela, dans un délai qui reste dans les limites du raisonnable. La pire des tentations serait pour eux de vouloir tout faire durant le temps de cette période d’exception qui, en tout état de cause, ne devra rien être de plus qu’un moment de transition vers une ère de démocratie nouvelle pour le peuple de Guinée. Dadis et ses amis devraient savoir manoeuvrer. Un échec de leur part ferait à nouveau sombrer la Guinée dans l’incertitude.

Jean-Claude KONGO

Le Pays

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