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Pustch en Guinée : L’UNDD dénonce la politique du fait accompli de la communauté internationale

Publié le mardi 30 décembre 2008 à 02h33min

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Le président Lansana Conté venait juste d’expirer qu’un coup d’Etat militaire se perpétrait en Guinée. Une situation que l’UNDD, à travers cette déclaration, dit comprendre au regard de l’attitude de la communauté internationale, qui ne réagit que devant le fait accompli, sans jamais prendre des mesures préventives, parce que préférant la "stabilité" à la démocratie.

Le président Lansana Conté de Guinée décédé, et avant même d’être conduit à sa dernière demeure, des militaires ont pris le pouvoir.

L’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) condamne par principe, comme elle l’a fait plusieurs fois pour la Côte d’Ivoire, comme elle l’a fait pour la Centrafrique, pour la Mauritanie…, la rupture du lien constitutionnel qui vient d’avoir lieu à Conakry.

Cette dénonciation de principe du parti au coup de force n’est cependant pas sans nuances, eu égard aux spécificités du coup d’Etat, à l’accueil qui lui est fait en interne par l’opposition, la société civile, les représentants du régime défunt, la population.

Cette dénonciation se pondère également par les insuffisances de la communauté internationale à garantir des processus démocratiques véritablement libres en Afrique.

C’est ainsi que le parti, tout en déplorant l’interruption de la voie constitutionnelle de dévolution du pouvoir, apprécie favorablement que, contrairement à ce qu’on craignait, la Guinée n’ait pas été embarquée, jusque-là en tout cas, dans un dramatique tourbillon de luttes pour la succession et de règlements de comptes.

La junte au pouvoir n’est pas arrivée dans le sang ; elle n’a pas opéré d’arrestations, s’est même offerte pour être l’organisatrice du dernier hommage populaire et d’Etat à rendre au défunt président.

Enfin, elle s’est surtout engagée à être l’instrument d’une remise à plat de toutes les institutions, de toutes les pratiques négatives… comme préalable à un retour à une légitimité démocratique garantie par la transparence, l’équité, la justice.

Il est important de remarquer que, dans bon nombre de pays africains qui accusent un déficit de bonne pratique démocratique, de tels changements pourraient ne pas se passer dans des conditions aussi amènes.

On relèvera encore une fois que, dans le cas de la Guinée, non seulement le fait accompli est plutôt accepté - même avec des conditions - par le peuple et les démocrates guinéens qui ont « pris acte », autant dire validé le putsch, mais que les représentants de l’ancien pouvoir ont fait acte d’allégeance aux nouvelles autorités.

On peut, face à ce consensus, être d’autant moins royaliste que le roi, que la communauté internationale, qui a toujours condamné les putschs sans s’investir pour les empêcher, ne fait comme d’habitude que condamner par acquis de conscience, sans prendre les mesures vigoureuses qui s’imposent pour assurer le respect des lois fondamentales.

Enfin et surtout, le cas guinéen se distingue du cas mauritanien où un président élu démocratiquement a été débarqué un an et demi après son élection, et pour des raisons tout à fait condamnables.

L’UNDD, tout en espérant que comme avec ATT et Mohamed Vall, la démocratie en Guinée retrouvera tous ses droits et au plus vite, appelle, et les pouvoirs africains, et la communauté internationale, à mettre enfin l’accent sur toutes les causes de ces coups d’Etat qui reviennent en force sur le continent.

Tant qu’on n’en viendra pas à cette nécessité de la pause refondatrice de nos processus démocratiques, entrevue par la Commission de l’Union africaine du temps où Alpha Oumar Konaré la pilotait, tant que les partenaires préfèreront la « stabilité » à la démocratie, qu’ils se tairont devant le charcutage des constitutions pour créer des dynasties, le coup d’Etat finira par être consacré par les peuples d’Afrique, comme l’ultime recours, comme la suite d’un devoir légitime de résistance à l’oppression des peuples exercée par les militaires qui ont seuls le monopole de la force de contrainte.

Il reste aux nouveaux hommes forts de Conakry à ne pas donner raison à ceux qui demeurent convaincus que ce putsch n’est qu’un marché de dupes et qu’il n’améliorera d’un iota ni les conditions de vie des laborieuses populations de Guinée, ni la nature de la gouvernance.

Ouagadougou, le 28/12/2008

Pour le Bureau exécutif national de l’UNDD

Deval Millogo

Secrétaire national chargé des Relations Extérieures www.undd.org

L’Observateur Paalga

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