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Départ Dr Conombo : Obsèques grandioses à Nazougma

Publié le mercredi 24 décembre 2008 à 01h47min

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Décédé le 20 décembre 2008 à l’âge de 91 ans, le Dr Issoufou Joseph Conombo a été conduit hier à sa dernière demeure à Nazougma, à une dizaine de km de Kombissiri. Le patriarche de Tampinko repose désormais dans un caveau familial. Retour sur les obsèques grandioses de l’illustre disparu.

Depuis l’annonce du décès du Dr Issoufou Joseph Conombo, parents, amis et connaissances affluaient à son domicile de Dapoya, à Ouagadougou, pour lui rendre un vibrant hommage. Pour avoir occupé de très hautes fonctions dans notre pays et ailleurs dont celles successivement de député au Palais Bourbon, secrétaire dans le gouvernement Mendes-France, maire de Ouagadougou, ministre des Affaires étrangères, et enfin Premier ministre, les autorités politiques, avec en tête le président du Faso, Blaise Compaoré, sont allées à la maison mortuaire pour s’incliner sur la dépouille.

72 heures passées, durant lesquelles le défunt, dignement vêtu, a été exposé au salon de sa résidence de la capitale superbement décoré pour la circonstance, c’est hier que la levée du corps, suivie d’une messe à l’église Sacré-Cœur de Dapoya, a eu lieu en présence du tout-Etat, à commencer par le Premier ministre, Tertius Zongo. Et à 10 h, c’était le départ pour Kombissiri, chef-lieu de la province du Bazèga, le fief du patriarche.

Auparavant, une équipe de l’Observateur Paalga a devancé le cortège funèbre. Sur la route de Pô qui mène à cette commune rurale, la circulation est comme à l’accoutumée. Des camions surchargés conduits par de jeunes chauffeurs excités roulent à tombeau ouvert et violent les règles de conduite en traversant les villages à une vitesse vertigineuse, percutant parfois au passage des animaux domestiques comme ce chien qui s’est fait écraser à Koubri.

Prudence oblige, notre conducteur allait à un rythme mesuré et nous a conduits à bon port. 10 h 30. Nous voici à Kombissiri. A l’entrée de la ville règne un calme plat. Les populations vaquent à leurs occupations quotidiennes. Les bars et maquis sont ouverts et ont même de la clientèle sauf qu’il n’y a pas de tapage musicale. Mais plus on avance dans la ville, plus l’ambiance change. Des éléments de police et de gendarmerie postés sur le bitume, donnent des directives aux usagers de la route.

A hauteur de son domicile de Kombissiri, un R+1 situé au bord de la voie, le monde ne cesse d’affluer. Le décor n’est pas de deuil, mais plutôt de fête, car on y va habillé de ses plus beaux atours. Telle est la tradition pour le départ d’un patriarche. Des vendeurs de poulets flairant de bonnes affaires en cette veille de fêtes de fin d’année et avec ces nombreux Ouagalais venus accompagner le « vieux » font la ronde.

La cour du défunt se remplit petit à petit. Sur la terrasse, d’anciens camarades, des compagnons de lutte et des collaborateurs de l’ancien Premier ministre, au nombre desquels Gérard Kango Ouédraogo, Brahima Nacoulma et Salif Ouédraogo. 11 h. Un mini-car franchit le portail avec à l’arrière le cercueil qui est vite transporté au salon.

Cours d’histoire avec le dircab

Les populations, qui avaient fait une haie d’honneur, sont invitées à venir s’incliner sur le corps. Un cafouillage s’ensuit. Une voix s’élève pour leur demander de faire la queue afin d’éviter le désordre. La consigne est respectée, ce qui a fait gagner beaucoup de temps.

Un cercle, composé de ses enfants, de ses petits-enfants et de ses proches parents, tout de blanc vêtus pour la plupart, se forme autour du cercueil pour une méditation suivie d’un hymne religieux. Pendant ce temps, la foule se dirige pour l’absoute à l’église Saint-Joseph de Kombissiri, dont il fut l’un des bâtisseurs.

Dans la « Maison » de Dieu, cette prière des morts dure une trentaine de minutes. En attendant la fin de cet office célébré pour le repos de l’âme du regretté, dehors des accompagnateurs devisaient sur ses œuvres. Parmi eux, son ancien directeur de cabinet sous la IIIe République, Salif Ouédraogo, professeur certifié de Lettres et fondateur du Collège privé de la Fraternité. Celui-ci donnait un cours d’histoire, notamment aux journalistes, sur la vie du Dr Issoufou Joseph Conombo.

Enfant, il a fréquenté d’abord l’école coranique avant d’être contraint d’aller faire des études chez les Blancs, ce qui l’amena à embrasser la religion catholique. Pour l’ancien dircab, celui qui fut, dans le gouvernement de Pierre Mendès-France, Secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé des départements d’Outre-Mer et des travailleurs nord-africains en France a, à son actif, plusieurs actions peu connues.

Et d’indiquer que c’est lui qui a amené le premier train à Ouagadougou et qui a baptisé la place Naba Koom qui jouxte la gare. Cette page biographique se ferme avec ses descendants que sont Béatrice, Alice Joséphine (OMS-Abidjan), Pierre (Capitaine de l’Armée décédé) et Alain (Mairie de Paris). Après l’église Saint-Joseph, le cortège funèbre s’ébranle de nouveau vers Tampinko son village natal, mais précisément à Nazougma où se trouve sa chapelle construite au milieu d’un vaste domaine.

Devant la statue de Saint-Joseph, qui embrasse chaleureusement dans ses bras un enfant, un hangar, hâtivement construit en bois et en paille, accueille le cercueil couvert du drapeau national sur lequel sont posés un bonnet noir rayé de traits dorés qu’affectionnait cet ancien maire de Ouagadougou, ses galons de médecin-colonel de l’armée et une gerbe de fleurs.

Le cérémonial est ponctué de quatre interventions, celles du bourgmestre de Kombissiri, Macaire W. Zabré, de George Sanogo (ancien ministre) de Joseph Conombo, de Gérard Kango Ouédraogo et d’un représentant de la famille. En pareille circonstance, les discours tournent autour d’un même champ lexical, des louanges pour respecter l’adage selon lequel « des morts on ne dit que du bien ».

Gérard Kango, le rescapé

Le premier à intervenir, l’édile de la ville, qui a salué la mémoire de « l’homme au cœur large » que la population de la commune pleure aujourd’hui. « Patriote, humain, réservé », les adjectifs n’ont pas manqué à George Sanogo pour qualifier le médecin-militaire.

Gérard Kango Ouédraogo, comme à son habitude, a, à la fois, en français et en mooré, émerveillé, ému et étonné le public par ses talents d’orateur restés intacts malgré ses 83 saisons, en rappelant le parcours de l’homme qui fut, avec d’autres compatriotes que sont Maurice Yaméogo, Nazi Boni, Henri Guissou, Philippe Zinda Kaboré, Joseph Ouédraogo, des Voltaïques qui ont siégé à l’Assemblée française. « De ces élus, il ne reste plus que moi sur cette terre », a-t-il ajouté. Le duc du Yatenga a fait un survol de l’histoire, citant des faits avec des dates précises, soulignant au passage les durs moments passés ensemble en compagnie du défunt et d’autres camarades dans les cellules du Conseil de l’Entente suite à leur arrestation le 9 novembre 1983 à 21 heures.

Après le mot de la famille, place à l’autorité religieuse pour l’office avant l’inhumation. Le caveau dans lequel dort à jamais le défunt est profond de trois mètres et fait de six compartiments. Il reste donc cinq places pour, sans doute, les autres membres de la famille. Pendant que le prêtre disait les ultimes prières pour le repos de l’âme du Dr Conombo, un groupe de femmes entonnaient une chanson en signe d’adieu pour l’homme, qui à l’instar des grands hommes a imprimé sa marque à la marche de la Nation.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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