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Rébellion touareg : ATT siffle la fin de la récréation

Publié le mardi 23 décembre 2008 à 02h04min

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"Je suis formé pour faire la guerre, mais je préfère la paix, j’invite mes frères qui sont dans les montagnes à venir faire la paix", avait lancé aux rebelles touareg le président Toumani Touré (ATT) il y a quelques jours.

Une invite qui s’inscrit dans sa stratégie, laquelle consiste à trouver une solution négociée à la crise, contrairement à celle de son homologue du Niger, Mamadou Tandja, qui n’entend pas discuter avec des "bandes armées".

Cette volonté de dialogue s’est traduite sur le terrain avec les accords d’Alger en 2006 et bien d’autres gestes d’apaisement de la part de Bamako.

Il ne pouvait pas en être autrement pour le président malien, qui a mis ses talents de négociateur au service de la communauté internationale avant de revenir à la tête du pays à l’issue d’élections démocratiques.

Malheureusement depuis août 2007, le groupe de rebelles touareg dirigé par Ibrahim Ag Bahanga met à mal les actions de paix, en multipliant les attaques contre l’armée malienne et en détenant des militaires comme moyen de pression sur le gouvernement.

Comme pour répondre à l’appel du premier des Maliens, Ag Bahanga est "descendu des montagnes" samedi dernier, mais pas pour la paix. Il a encore semé la mort dans les rangs de l’armée régulière, qui a perdu "vingt (20) militaires", en plus des "blessés et des otages", dans la localité de Nampala à 500 km au nord-est du Mali.

Il n’en fallait pas plus pour susciter la sainte colère de l’occupant du palais de Koulouba, qui a laissé penser à un changement de stratégie dans cette crise :

"Trop, c’est trop ! nous ne pouvons pas continuer à subir, nous ne pouvons pas continuer à chercher la paix", a martelé le président malien lors d’un déplacement dans la région de Kayes son couroue est d’autant plus compréhensible qu’il a consenti des sacrifices dans le cadre des accords de paix d’Alger, prévoyant notamment le développement du nord du pays, composé des départements administratifs de Tombouctou, de Gao et de Kidal.

ATT n’a pas manqué, du reste de le relever : "Aujourd’hui, on n’a même plus besoin d’argent pour développer la région de Kidal. L’argent est là : près de 12 milliards de F CFA. Mais qu’est-ce que nous attendons ?

Nous attendons une petite sécurité" ; sur les 18 tâches retenues dans l’accord, 15 ont été exécutées, selon le président, les trois (3) restantes ne peuvent l’être dans l’"insécurité savamment maintenue, entretenue". Comme on le voit, ce n’est pas la bonne volonté qui a manqué du côté de Bamako. Par contre, ceux qu’il a en face semblent avoir d’autres soucis que la paix et le développement.

Prendre des armes contre son propre peuple, "tirer sur tout ce qui bouge" pour réclamer l’autonomie de leur région à l’encontre des engagements d’Alger, c’est verser dans l’indignité. Vu que l’intégrité territoriale du Mali "est non négociable", comme le dit son président. L’affrontement semble être le choix qui s’impose, et le général ne voit plus ses vis-à-vis comme des gens avec qui il faut indéfiniment négocier.

C’est pourquoi il emprunte dorénavant la rhétorique du colonel Tandja, en qualifiant les rebelles de "bande de marginaux isolée au sein de la communauté touareg". Dans tous les cas, il fallait en arriver inéluctablement là si le général ne veut pas se mettre toute son armée à dos, en continuant à compter les morts en son sein et à faire preuve d’une crédulité infinie à l’égard de ces guerriers du désert.

Mais le tout n’est pas de siffler la fin de la récréation. Peut-il réellement venir à bout de ses ennemis dans une guerre non conventionnelle dans ce vaste désert, qui s’étend jusqu’en Algérie et qui ressemble aux zones tribales pakistanaises, où trinquent les armées les plus puissantes du monde ?

Rien n’est moins sûr, surtout que l’Algérie et son voisin marocain ne semblent pas être, sur cette question comme sur bien d’autres d’ailleurs, sur la même longueur d’ondes. Il faut donc l’engagement sincère de tous les pays de la région pour mettre fin à ce genre de conflits, inutiles, dont souffre notre continent et qui le maintiennent à la traîne sur le chemin du développement.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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