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Sidi Ould Cheikh Abdallahi : La liberté retrouvée

Publié le lundi 22 décembre 2008 à 00h51min

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Détenu depuis son renversement le 6 août 2008 par son propre chef d’état-major particulier, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, l’ex-président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi a été remis en liberté dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 décembre courant.

D’abord incarcéré à Nouakchott après sa chute, il a, par la suite, été mis en résidence surveillée à 200 km de la capitale. C’est de là qu’il a donc été ramené nuitamment à Nouakchott pour aussitôt repartir dans son patelin, libre de ses mouvements.

Liberté retrouvée donc pour le premier président démocratiquement élu de ce pays de 4 millions d’habitants, qui hume donc de nouveau, depuis hier, à plein poumon l’air frais de la liberté après 136 jours de captivité.

En fait, ce n’est pas par charité chrétienne ou, si vous préférez, islamique que les généraux revanchards qui l’ont déposé le jour même où il les a démis de leurs fonctions ont fini par élargir leur otage. C’est la même pression internationale qui les avait obligés à transformer la détention en résidence surveillée qui les a contraints à desserrer de nouveau l’étau.

Depuis en effet des mois, la communauté internationale ne cesse de réclamer la libération du chef de l’Etat légitime et son rétablissement dans ses fonctions présidentielles. En signe de représailles contre les auteurs de ce que nous avions appelé, en son temps, le pronunciamiento des sables, les USA et la France avaient annulé leurs aides, et l’Union européenne menaçait, à son tour, de prendre des sanctions à leur encontre, qui iraient de la suspension des relations diplomatiques au gel de l’aide non humanitaire au développement.

Ce sont ces menaces et ces pressions multiformes qui ont amené la junte à lâcher du lest, cette mise en liberté étant perçue comme un signe de bonne volonté, d’assouplissement à quelques jours des états généraux de la démocratie, qui devraient débuter le 27 décembre en cours. Sidi libre, reste maintenant à savoir de quoi sera fait son avenir dans la mesure où les putschistes ne semblent pas près de rendre gorge, pliant certes sous les coups de boutoir de la communauté internationale et africaine, mais refusant de rompre.

En attendant, le nouvel élargi compte bien user de sa liberté, puisque, dans une interview au Monde dans son édition du week-end, il disait vouloir « se comporter comme un président légitime (…) qui n’a pas les moyens d’exercer sa fonction. J’userai de ma liberté jusqu’aux limites qu’y mettront les putschistes ».

Quelles seront donc ces limites ? C’est la question qu’on peut se poser alors que tout semble indiquer que le général Abdel Aziz, qui n’avait réellement aucun argument sérieux pour perpétrer son coup d’Etat, veut en fait légaliser par les urnes ce qu’il a arraché de force. Autant dire que si le prisonnier de Lembden a désormais la possibilité d’aller et de venir à sa guise, de "pisser et de secouer", comme on dirait chez nous, l’équation mauritanienne reste à résoudre.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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